Situation internationale

Les perspectives de l'EPR dans le monde dans les années à venir

Si à l'heure actuelle chaque pays est libre de sa politique énergétique et que ni l'Europe, ni des accords internationaux n'imposent de choix, la situation internationale n'en est pas moins importante. En effet, elle joue un rôle primordial de deux façons.

Tout d'abord du point de vue économique, la rentabilité de la filière nucléaire et surtout des investissements de l'état et d'entreprises telles Areva dépend grandement de l'exportation de la technologie à l'étranger. Or cette exportation est tributaire des choix publics (et désormais également privés) faits dans d'autres états. De l'exportation possible de l'EPR dépend une partie de sa viabilité économique.

Ensuite d'un point de vue plus symbolique, le choix des autres pays revêt une importance non négligeable en ce qui concerne l'orientation des décisions. En effet, si quelques paramètres varient d'un pays à l'autre, les conditions dans lesquelles les choix sont faits sont assez équivalentes et si une décision est prise dans un grand nombre de pays, c'est certainement qu'il y a de bonnes raisons pour ça. En clair, dans un sujet aussi polémique, il n'est pas bon être seul dans son camp.

On pourrait croire que l'étude du contexte international se limite à un simple constat. Il n'en est rien et le sujet est grandement sujet à controverse selon la position que l'on adopte. Selon les opposants à l'EPR, la France est isolée dans sa voie nucléaire et selon ses défenseurs il s'agit d'un projet d'avenir qui intéresse de nombreux pays.

Du côté des pro-EPR, le potentiel international est très vaste. Selon eux, la transition entre la deuxième et la troisième génération a déjà débuté depuis quelques années avec les 5 derniers réacteurs N4 construit en France ainsi que les dernières unités mises en service au Japon en 97. Le CEA prévoit le déploiement des réacteurs de troisième génération de 2000 à 2040 avec des perspectives mondiales très larges. Selon Didier Beulier, directeur des études économiques et prospectives chez Areva : « A l'horizon 2040-2050, nous pensons que l'énergie nucléaire pourrait représenter 20 à 30% de l'énergie primaire ». Cette prévision surprenante (elle correspond à 10 fois le parc actuel situation actuelle du nucléaire dans le monde) et tranche avec celle de l'Agence Internationale de l'Energie selon qui la puissance nucléaire mondiale installée devrait passer de 360GW aujourd'hui à 320GW en 2020.

Au niveau mondial, l'Australie et l'Amérique du Sud penchent vers un non-renouvellement du parc nucléaire. La situation des Etats-Unis est plus controversée puisque si le pays tend vers un maintien de sa capacité plus que pour une augmentation, il semblerait que la reprise de la construction de centrales s'amorce après des années d'atonie. La Chine, l'Inde et la Russie veulent développer le nucléaire mais actuellement seule la Chine semble en avoir les moyens.

En Europe, la situation semble être en défaveur du nucléaire. Selon Loyola de Palacio, présidente de la commission européenne et ouvertement pro-nucléaire, l'Europe ne pourra pas se passer du nucléaire pour son approvisionnement en énergie, mais actuellement l'Union Européenne n'a pas le pouvoir d'influer fortement sur les décisions énergétiques des états membres (même si à terme son rôle est voué à augmenter dans ce domaine).

D'après Sylvain David, chargé de recherche au CNRS, « pour nos collègues européens, imaginer que l'on assiste à une relance du nucléaire dans leur pays parait quelque chose de complètement improbable, en raison du très faible niveau d'acceptabilité sociale de cette filière. » En effet, la majeure partie des états européens semble être décidée à sortir à terme du nucléaire, ce qui pourrait isoler la France en cas de reprise de la construction des centrales. Cependant, ces projets sont bien souvent reportés et la fin du nucléaire européen n'est pas encore pour aujourd'hui (cf. la part future du nucléaire en Europe). De plus, le groupe privé finlandais TVO vient de signer un accord avec Areva et Siemens pour « commander » une centrale EPR (le projet EPR finlandais), argument utilisé par les partisans de l'EPR pour montrer que la France n'est pas forcément isolée si elle décide de se lancer dans la troisième génération de centrales.

Ainsi, les opposants aux projets citent principalement l'exemple de nos voisins directs qui cherchent majoritairement à sortir du nucléaire, tandis que ses défenseurs s'appuient sur le retard que prend cette sortie, sur l'exemple finlandais, ainsi que sur les perspectives de développement à long terme en Asie ou dans les pays du Tiers-Monde. La situation sur ce point est donc contrastée et la polémique dure.

 

< Retour au graphique

Les centrales nucléaires dans le Monde. Source : Agence internationale de l'énergie.

< Retour au graphique