Afin de juger de l’impact
de l’allumage systématique des feux en plein jour, le gouvernement
a lancé en juin 1999 une expérimentation dans le département
des Landes. Cette opération, intitulée « En plein jour,
roulez éclairés », a duré un an. Elle a commencé
par la diffusion de 100 000 dépliants et l’installation de 40
panneaux. Cette expérimentation s’est de plus déroulée
en 3 phases : une première enquête par questionnaire postal en
décembre 1999, deux enquêtes sur route en mars et juin 2000 puis
une évaluation de l’efficacité de la mesure sur le nombre
d’accidents.
Résultats (conclusions du rapport d’évaluation
de l’INRETS publié en septembre 2001) :
- Les automobilistes landais ont participé à une consultation
générale par l’intermédiaire de questionnaires
à l’issue de cette expérimentation. D’après
leurs réponses, seuls 12 % d’entre eux ont allumé leurs
feux le jour de manière systématique. 46 % l’ont fait
souvent et 31 % parfois.
- Plus de 50 % des répondants déclarent que l’allumage
des feux rend les véhicules plus visibles. Globalement, la mesure est
bien perçue et comprise parmi les conducteurs landais avec des taux
d'adhésion de 89 % et de compréhension de 66 %.
- D’après les répondants, la mesure est globalement favorable
pour la sécurité. Néanmoins, certains pointent des effets
négatifs : un risque pour les usagers non éclairés selon
30 % d’entre eux, un risque pour les motards pour 25 % d’entre
eux et une incitation à la vitesse pour 10 % d’entre eux. En
revanche, peu de répondants se plaignent d’un effet sur la consommation.
- D’après les enquêtes réalisées sur les
routes landaises, 88 % des véhicules en campagne et 80 % en ville sont
éclairés lors des périodes de crépuscule. Par
temps de pluie, ces pourcentages descendent à 70 % en campagne et 20
% en ville. En revanche, par beau temps, les automobilistes ne sont plus que
20 % en campagne et 5 % en ville à rouler feux allumés.
- En conclusion, la mesure semble relativement efficace puisqu’une diminution
de 13 % du nombre d’accidents (à deux véhicules ou plus,
de jour) a été enregistrée sur le réseau des routes
à grande circulation et de 3 % sur le réseau hors agglomération.
Ces pourcentages augmentent si on ne s’intéresse qu’aux
accidents mortels (- 60 % d’accidents mortels impliquant au moins deux
véhicules sur les routes à grande circulation).
Le rapport est ci-lié.
Critiques concernant les résultats de l’expérimentation
:
- Sur la période de l’étude, il y a eu 17 morts de moins
que l’année précédente. Or cette baisse du nombre
de tués a été enregistrée dans 56 autres départements
où l’expérimentation n’était pas menée.
Ainsi, dans le Puy-de-Dôme, une baisse de 37 morts a été
observée sans la moindre expérimentation concernant les feux
de jour. On peut donc douter du réel impact de la mesure dans les Landes.
- Il est difficile d’attribuer la diminution du nombre de morts aux
conséquences de l’expérimentation puisque, dans le même
temps, les points noirs du réseau routier des Landes (N10, N117, N124,
N134, D28) ont été réaménagés.
- Le département des Landes semble d’emblée particulièrement
adapté à une expérimentation de ce genre puisque son
réseau routier présente de longues lignes droites, que les reliefs
sont rares et que la luminosité est affectée par la présence
de nombreuses forêts.
- Dans son rapport sur les résultats de l‘expérimentation,
l’INRETS écrit notamment :
"La validité des résultats sera questionnable (sic) à
cause de la petite taille des échantillons" (page 7)
"Le nombre d’accidents mortels et graves constitue des critères
dont on espère tirer une estimation valide, malgré des petits
nombres" (p.20)
"L’adhésion à l’opération […]
est importante parmi les conducteurs landais avec […] 12%" déclarant
allumer toujours leurs feux de croisement (p.4)
- L’expérience dans les Landes n’avait jusqu’ici
pas été jugée satisfaisante par le ministère des
transports (Question au gouvernement n°49675 du 31 juillet 2000, et lettre
du ministre (ref. CP/02002851 du 03/05/02) au Député Alain Vidalies)
: "la disposition ... n’a pas été retenue par le
Conseil, l’efficacité n’ayant pas été établie
tant du point de vue de la sécurité routière que de la
consommation d’énergie".