Controverse - Refroidir la Terre ?
Refroidir la Terre ?

Acteurs "pour"  
  Acteurs "pour" Acteurs "contre"

Pour contrer une catastrophe imminente, des équipes de scientifiques renommés, appuyés par des politiciens notamment Colin Powell qui a défendu le rejet d'aérosols dans l'air lors du sommet du développement en 2002, ont conçu des projets de refroidissement artificiel de la Terre parfois dignes de la science-fiction. Toutes les études publiées récemment prévoient que le changement climatique, annoncé voici plus de trente ans par plusieurs rapports officiels, est inéluctable et qu'il sera beaucoup plus rapide que prévu précédemment.

Ainsi, sur cette page vous trouverez les différents acteurs ayant proposé une idée de refroidissement de la Terre. Les acteurs sont classés en deux catégories : les acteurs qui défendent une méthode, et ceux qui émettent des doutes à l'égard de leur application, en opposant un argument. Vous retrouvez bien sûr les trois principales méthodes proposées par les scientifiques pour refroidir la terre, à savoir le rejet de fer dans les océans, l'injection de particules de soufre dans l'atmosphère mais aussi l'augmentation de l'albedo des nuages. Mais nous avons ici voulu prendre en compte d'autres méthodes, pour replacer celles que nous avons plus précisément étudiées dans le paysage général des méthodes de géoingéniérie. Nous voulons montrer que le domaine de la géoingénierie est extrêmement dynamique, que des méthodes apparaissent, que d'autres sont abandonnées, et que rien ne dit que celles sur lesquelles l'attention se porte aujourd'hui soient celles qui seront appliquées demain.

Voyons d'abord les acteurs qui défendent une idée dans le but de refroidir la planète.

Injecter des particules de Soufre dans l'atmosphère

Acteur : Paul Crutzen
Le prix Nobel de chimie 1995, Paul Crutzen, avance l’idée de larguer des particules de soufre ou de sulfure d’hydrogène dans la stratosphère. Une fois brûlées, elles seraient transformées en particules de sulfate, lesquelles réfléchissent les rayons du soleil. C’est le phénomène qu’on observe lors des éruptions volcaniques. « En 1991, après l’éruption du volcan Pinatubo aux Philippines, l’atmosphère s’est refroidie pendant quatre ans, raconte Michel Bourqui. Le problème, c’est que ça prendrait une quantité gigantesque d’aérosol pour reproduire cet effet. Et après trois ou quatre ans, les particules redescendraient dans l’atmosphère et l’effet serait annulé. Il faudrait donc en injecter de manière continue. »
Ken Caldeira reconnaît l’existence de ces dangers, mais pour lui, « la question est de savoir si ce sera pire ou mieux que l’augmentation du CO2, sans la géoingénierie. La réduction des émissions de CO2 est la clé, mais nous devons penser à ce que nous ferons si les réductions d’émissions ne viennent pas assez vite ou ne sont pas assez considérables. » Encore faut-il que le réchauffement climatique soit causé par la hausse des gaz à effet de serre, remarque H. Douglas Lightfoot.

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Rejet de fer dans les océans

Acteur 1 : L'océanographe John Martin pense que plus il y a de fer pour le plancton, plus la ségrégation et la fixation du CO2 atmosphérique est forte. Il se base sur une observation, il compare les concentrations en fer et en CO2 prisonnières des glaces antarctiques, ainsi il remarque que ces valeurs étaient anti-corrélées sur les 180000 ans d'archives glacières consultées par carottage.
Acteur 2 : Les scientifiques du SOFeX ( Southern Ocean Iron Enrichment Experiments ) qui s'appuient sur les résultats de leurs expériences
Acteur 3 :la société américaine Planktos qui continue ses expériences s'appuie aussi sur les résultats d'expériences
Des expériences ponctuelles ont été menées ces dernières années dans l'Océan austral, le Pacifique équatorial et le Pacifique nord. Les images obtenues par les satellites montrent que l'injection de fer augmente bien la production chlorophyllienne. Mais là encore, rien n'est simple. Pour que cela soit efficace, il ne suffit pas que le phytoplancton absorbe beaucoup de carbone, il faut aussi que celui-ci tombe au fond des océans pour y être durablement stocké... On ne sait pas si c'est réellement le cas ou si, au contraire, par d'autres mécanismes, il retourne rapidement dans l'atmosphère.

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Lampadaires-absorbeurs de CO2

Acteur 1 : Vanves, au Sud de Paris, a acheté 300 mètres de chaussée en béton dépolluant, un matériau capable d'absorber les gaz néfastes grâce à l'effet photovoltaïque
Les rayons du soleil en frappant la chaussée activent des particules de dioxyde de titane incluses dans le ciment, lesquelles neutralisent grâce à des réactions chimiques une partie du CO2 et autres gaz rejetés par les véhicules.
Acteur 2 : la société Tyca propose d'utiliser le pouvoir d'absorption du CO2 par les algues en construisant des lampadaires qui auraient le double avantage d'activer les qualités du végétal marin et d'éclairer la ville de Libourne

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Projet Manhattan pour la planète

Acteur 1 : Edward Teller, chercheur américain
Il a proposé dans un article du Wall Street Journal de créer autour de la terre un énorme bouclier chargé de détourner les rayons du soleil pour stabiliser le climat. Cet écran solaire géant coûterait moins d'un milliard de dollars par an, moins que les mesures imposées par le protocole de Kyoto. Selon les calculs de Teller, un million de tonnes de particules d'aluminium et de soufre feraient chuter l'insolation terrestre de 1%, contrebalançant ainsi l'effet de serre
L’envoi d’un gigantesque miroir entre le soleil et la terre qui masquerait une partie du rayonnement solaire reste un projet plus futuriste. Ed Teller, un des plus brillants scientifiques américains mort en 2003, préconisait déjà d’envoyer sur orbite 50 000 miroirs réfléchissants. Une idée reprise par le physicien Lowell Wood qui prévoit de déployer un miroir géant de 2000 km de diamètre. Coût de l’opération : au minimum 100 milliards de dollars et au mieux 2% du rayonnement solaire serait dévié. En conclusion, le meilleur moyen qui reste le moins coûteux afin de préserver notre planète et par conséquent notre climat est de ralentir sérieusement notre consommation d’énergies fossiles.
Acteur 2 : Les climatologues russes de l'Institut du climat mondial et de l'Ecologie préconisent des mesures similaires

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Rejet d'aérosols dans l'air

Acteur 1 : Le Centre national américain des recherches atmosphériques
Les chercheurs de ce centre pensent que le moyen le plus efficace de réduction du réchauffement global est l'épandage par des avions de composés d'aérosols (particules en suspension dans l'air) réfléchissant une partie des rayons solaires dans l'atmosphère.
Acteur 2 : Colin Powell, Secrétaire d'Etat en 2002
Lors du Sommet du développement de 2002, il a révélé que les Etats-Unis étaient engagés « dans des actions pour satisfaire les défis environnementaux, y compris le changement climatique global, et pas seulement dans des rhétoriques", précisant qu'ils avaient déjà « des milliards de dollars dans des technologies de pointe » beaucoup plus efficaces que les mesures préconisées par le protocole de Kyoto.

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S'inspirer des volcans

Acteur : Tom Wigley, climatologue américain
Il propose aujourd'hui dans la revue Science (1) une «géo-ingénierie» s'inspirant des volcans. L'éruption du Pinatubo aux Philippines, en 1991, a provoqué une petite diminution des températures moyennes durant deux ans, en raison de l'injection d'aérosols sulfatés dans la stratosphère

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Lancer un disque dans l'espace

Acteur : Lowell Wood et Ken Caldeira, du Lawrence Laboratory, San Francisco
Ils envisagent la possibilité de refroidir l'atmosphère terrestre en lançant dans l'espace, et en stabilisant au point de Lagrange, un disque qui ferait de l'ombre sur la planète.
Le disque devrait faire 7 miles de diamètre (environ 11.2 kilomètres) et peser 110 tonnes.
Le point de Lagrange entre la Terre et le Soleil est le point d'équilibre des champs de gravité. Un corps placé à cet endroit ne devrait donc pas nécessiter d'effort pour maintenir sa position)
Ils ont aussi proposé la mise en place de ballons réflecteurs stratosphériques.

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Production artificielle de nuages sur de vastes océans

Acteur : John Latham du Centre National pour la Recherche Atmosphérique du Colorado
Son idée consiste à produire de façon artificielle de larges nuages stratus sur de vastes étendues d'océans. Ce sont des brumes qui se créent juste au dessus de l'océan.
Il a décrit des petits éléments qui transformeraient l'eau de mer en aérosol de minuscules particules et permettraient d'augmenter la densité de ces nuages.

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Mise en orbite de petites lentilles

Acteur : Roger P. Angel, astronome à l'université d'Arizona
Il propose un système de mise en orbite de petites lentilles chargées de dévier les rayons du soleil. Cependant, il en faudrait des trillions, chacune étant extraordinairement fine et pesant un peu moins qu'un papillon.

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Déployer de gigantesques parasols dans l'espace

Acteur : Roger Angel de l'Université d'Arizona
Il suggère de déployer de gigantesques parasols dans l'espace. Son « bouclier solaire », une toile d'araignée de 2.000 km de large, habillée de panneaux comprenant six miroirs inclinables, permettrait de renvoyer de la terre vers l'espace une partie du rayonnement solaire et de réduire son impact de 2%, compensant en partie les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement du globe. Pas si fou, a estimé l'Institute for Advanced Concepts (Niac) de la Nasa, qui a demandé le mois dernier au Pr Angel de redéfinir son projet en détails. Avec le rapport Stern, publié le 30 octobre dernier, qui estime que le produit intérieur brut mondial (PIB), pourrait subir, d'ici à la fin du siècle, une baisse, "très grave", comprise entre 5 % et 20 % soit 5 500 milliards d'euros, certaines idées deviennent subitement plus abordables aux yeux des financeurs.

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Recongélation de l'Arctique

Acteur : Peter Flynn, chercheur en génie mécanique à l'université de l'Alberta au Canada
Il envisage de mettre à flot des barges automatisées qui pulvériseraient de l'eau douce dans l'air pour accélérer la formation de la calotte glaciaire, pomperaient de l'eau de mer et la déverseraient sur la banquise pour qu'elle l'épaississe en gelant. Coût estimé : "seulement" 50 milliards de dollars.

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Installer des pompes géantes dans l'océan

Acteur : chercheurs britanniques dont le nom n'est pas mentionné
Ils proposent d’installer des millions de tubes dans l’océan afin d’alimenter les algues en nutriments. Le but ? Favoriser le stockage du carbone.

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Et si on attendait ?

Acteur : Khabiboullo Abdoussamatov, chef du laboratoire des recherches spatiales à l'Observatoire astronomique de Poulkovo (Académie russe des sciences)
Il a prédit que la Terre connaîtrait un refroidissement climatique global dû à une baisse de la luminosité du Soleil à l'horizon 2055-2060. "Les prémisses du refroidissement climatique à venir sur la Terre pourront d'abord être observées sur Mars" a-t-il dit. Selon le chercheur, l'intensité de la luminosité solaire atteindra son minimum en 2041, ce qui provoquera un profond refroidissement de la planète en 2055-2060. La baisse de luminosité du Soleil se ressentira avant tout sur Mars. A l'instar de la Terre, la planète rouge a subi un réchauffement climatique global conditionné par l'accroissement significatif et durable de la luminosité solaire au cours du XXe siècle. "Sur Mars, il n'y a pas d'océans, d'où la faible inertie thermique de cette planète. Mars commencera à se refroidir beaucoup plus tôt que la Terre", a estimé M. Abdoussamatov.
"Les chercheurs de la NASA, après avoir observé les changements sur la surface de Mars entre 1999 et 2005, ont constaté une fonte des glaces au pôle Sud de la planète rouge sur une durée de trois années martiennes ainsi qu'un réchauffement parallèle du climat, et ce, sans que l'activité des Martiens ne crée d'effet de serre", a-t-il constaté.
"Il n'existe aucune preuve scientifique attestant que la concentration croissante de gaz carbonique due aux activités humaines soit à l'origine du réchauffement de la planète et qu'elle puisse provoquer des changements climatiques catastrophiques sur la Terre", a résumé M. Abdoussamatov.

Ces différentes méthodes proposées aparaissent pour certains scientifiques comme futuristiques voir même insensés, la géoingénierie elle même est remise en cause. Mais pourquoi?

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