Controverse - Refroidir la Terre ?
Refroidir la Terre ? Les controverses de la géo-ingénierie
Présentation : Le réchauffement climatique

Le réchauffement climatique est un phénomène mondial d'augmentation de la température moyenne des océans et de l'atmosphère. Dans son acception commune, ce terme désigne le changement climatique observé depuis environ vingt-cinq ans. Une écrasante majorité de scientifiques attribue à ce réchauffement global une origine principalement humaine. Cependant une minorité de chercheurs dont l'éminent scientifique et ex-ministre de l'Education Nationale Claude Allègre continue de penser que le réchauffement climatique est lié à des causes naturelles. Afin de mettre un terme à cette controverse, le Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC) est chargé d'établir un consensus scientifique sur cette question. Son dernier et quatrième rapport, auquel ont participé plus de 2 500 scientifiques de 130 pays différents conclut que la probabilité que le réchauffement climatique soit d'origine humaine est de plus de 90%.

La Terre a déjà connu dans son histoire des variations importantes de climat, provoquées par des causes naturelles. Aujourd'hui, l’hypothèse selon laquelle l'Homme est le principal responsable du réchauffement actuel de la planète, par ses activités et ses rejets de gaz à effet de serre est la plus acceptée. Les scientifiques tirent la sonnette d'alarme depuis plus de 20 ans et affinent leurs recherches. Ils expliquent que la rapidité de ce changement climatique de grande ampleur est inédite et fait peser des menaces lourdes sur tout ce qui dépend des conditions climatiques : la qualité de vie de nombreuses populations, la diversité biologique, les récoltes, les glaciers et banquises, le niveau des mers, la fréquence et l'intensité des catastrophes météorologiques (tempêtes, inondations, etc.)

Depuis l'ère industrielle, l'humanité brûle de plus en plus de pétrole, de charbon et de gaz naturel, elle étend ses pratiques agricoles intensives et multiplie ses procédés industriels. Tout cela conduit au rejet massif de CO2 (dioxyde de carbone), de CH4 (méthane), de N2O (protoxyde d'azote) et de gaz fluorés. Ces gaz appelés gaz à effet de serre s'accumulent dans l'atmosphère et y piègent la chaleur. De ce fait, la température moyenne de notre planète s'élève progressivement. D'ici la fin du XXIème siècle, les climatologues estiment que la température pourrait monter de 2 à 6 degrés ; c'est un bouleversement considérable dont les conséquences ne sont pas toutes connues mais qui se feront sentir partout sur la planète et affecteront énormément notre environnement ! Tout ceci semble confirmé par de récents signes annonciateurs de bouleversements à venir :

  • l'été 2006, des images satellitaires ont révélé qu'entre 5 et 10% de la glace pérenne de l'Arctique s'est fracturée lors des tempêtes de fin d'été, traduisant une banquise plus fragile et moins épaisse
  • une étude de la Nasa publiée à l’automne 2006 a montré que le volume maximal de glace dans l'Arctique en hiver a diminué de 6% au cours de chacune des deux dernières années contre 1,5% par décennie depuis 1978.
  • récemment un article de Nature affirmait que les lacs et les marais sibériens libèrent beaucoup plus de méthane, gaz à haut effet de serre, qu'on ne le pensait.
  • On observe également depuis 1988 une diminution notable de la couverture neigeuse printanière aux latitudes moyennes de l'hémisphère nord. Cette diminution est préoccupante car cette couverture neigeuse contribue à l'humidité des sols et aux ressources en eau
  • Le Groenland a vu ses glaciers se réduire de 230 à 80 milliards de tonnes par an de 2003 à 2005, ce qui contribuerait à 10% de l'élévation du niveau des mers. La réduction de l'étendue moyenne de la banquise arctique depuis 1978 est de l'ordre de 2,7% par décennie (plus ou moins 0,6%), son étendue minimale en fin d'été diminuant de 7,4 % par décennie (plus ou moins 2,4%).
  • Les glaciers de l'Himalaya reculent rapidement et pourraient disparaître dans les cinquante prochaines années, selon des experts réunis à Katmandou
  • pour une conférence sur le réchauffement climatique le 4 juin 2007. Les températures dans cette région ont crû de 0,15 °C à 0,6 °C tous les 10 ans au cours des 30 dernières années.

  Courbes de la concentration de dioxyde de carbone dans l'atmosphère terrestre (en bleu) et de la température moyenne globale (en rouge) sur les 1 000 dernières années.

Face à ce phénomène inquiétant qui entraîne ou entraînerait bientôt d’après les conclusions du GIEC entre autres conséquences celles qui suivent : la montée du niveau des océans, une augmentation des précipitations aux latitudes élevées couplée d'une diminution des précipitations dans les régions subtropicales (poursuivant une tendance déjà constatée), une perturbation de la circulation thermohaline, une diminution de la couverture neigeuse et un retrait des banquises, l'effort international a d’abord visé et vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. A travers conventions et protocoles, les Etats de la planète ont défini des priorités et plans d'action pour lutter contre le réchauffement climatique.


Changement de l'accumulation des neiges au sommet du Kilimandjaro, première photo prise le 17 février 1993, la seconde le 21 février 2000. Le Kilimandjaro a perdu 82% de son glacier durant le XXe siècle et celui-ci devrait disparaître en 2020. Le recul des glaciers de montagne, notamment à l'Ouest de l'Amérique du Nord, en Asie, dans les Alpes, en Indonésie, en Afrique (dont le Kilimanjaro), et dans des régions tropicales et subtropicales d'Amérique du Sud, a été utilisé comme preuve qualitative de l'élévation des températures globales depuis la fin du XIXe siècle par le GIEC dans son rapport de 2001. Le cas particulier des glaces du Kilimandjaro, qui a été controversé, a été remis en question dans le rapport du GIEC de 2007 et est un bon exemple de la complexité du réchauffement climatique et de la circonspection nécessaire dans l'analyse des données.

Ainsi, La Convention Cadre des Nations unies sur les changements climatiques a été signée en 1992 lors du sommet de la terre à Rio de Janeiro. Elle est entrée en vigueur le 21 mars 1994. Elle a été ratifiée à ce jour par 189 États, parmi lesquels figurent toutes les nations industrialisées à l'exception des États-Unis et de l'Australie. Les parties à la convention cadre sur les changements climatiques se sont fixées comme objectif de stabiliser la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère à « un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du climat ». Les pays développés ont comme objectif de ramener leurs émissions de gaz à effet de serre en 2010 au niveau de 1990.

En 1997, les parties à la Convention cadre sur les changements climatiques des Nations unies (UNFCCC) ont adopté le protocole de Kyoto, dont la nouveauté consiste à établir des engagements de réduction contraignants pour les pays dits de l'annexe B (pays industrialisés et en transition) et à mettre en place des mécanismes dits « de flexibilité » (marché de permis, mise en œuvre conjointe et mécanisme de développement propre) afin de respecter cet engagement. Le protocole de Kyoto est entré en vigueur le 16 février 2005 suite à sa ratification par la Fédération de Russie. À la date de juillet 2006, le protocole de Kyōto a été ratifié par 156 États. Les États-Unis et l'Australie ne sont pas signataires. Les États-Unis, sont pourtant le premier émetteur mondial (20% des émissions de gaz à effet de serre). Les pays de l'annexe B se sont engagés à réduire leurs émissions de six gaz à effet de serre (CO2, CH4, N2O, SF6, HFC, PFC) de 5,2% en 2008-2012 par rapport au niveau de 1990. Cet objectif représente en réalité une diminution d'environ 20% par rapport au niveau d'émissions anticipé pour 2010 si aucune mesure de contrôle n'avait été adoptée. Les objectifs de réduction par pays vont d'une réduction de 8% pour l'Union européenne à une possibilité d'augmentation de 10% pour l'Islande. Après la victoire des travaillistes aux élections législatives australiennes du 24 novembre 2007, le nouveau premier ministre Kevin Rudd a annoncé avoir ratifié le protocole de Kyoto. Des pays en voie de développement fortement contributeurs aux émissions comme l'Inde, 5e émetteur mondial, et la Chine, 2e émetteur mondial, n'ont pas d'objectif de réduction car ils étaient considérés comme insuffisamment industrialisés et parce que leurs niveaux d'émissions ramenés au nombre d'habitants sont extrêmement faibles. Dans de nombreux domaines, les voies pour parvenir à cette réduction d'émissions sont connues et ne signifient pas un retour en arrière ou une perte de confort :

  • mieux utiliser l'énergie en évitant les gaspillages,
  • développer les meilleures énergies sans gaz à effet de serre (énergies solaire, géothermique, éolienne...),
  • réduire la prédominance des transports routiers et aériens,
  • construire des bâtiments et rénover de manière plus écologique,
  • modifier les pratiques agricoles, etc.

'Les objectifs sont connus, ils sont précis. Il s'agit de diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre avant 2050 à l'échelle de la planète. Pour nous, pays industrialisés, cela signifie une division par quatre ou par cinq. Même si le défi, aujourd'hui, ici et maintenant, peut nous paraître gigantesque, nous pouvons y arriver en nous mobilisant et en fixant des obligations de résultats'

(discours du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin en 2003).