Le marché de la


Compensation Carbone

Lexique

Bilan

Si le marché de la compensation carbone volontaire est relativement jeune, nous avons pu voir le nombre élevé de points controversés qu’il contient. En tant qu’héritier de Kyoto, il conserve les interrogations déjà existantes au sujet de la validité scientifique de certains projets. Mais sa spécificité, qui est de proposer aux particuliers d’agir sans contrainte aucune, a ouvert de nouveaux débats.

S’il faut se méfier de l’absence de régulation et de connaissances due à la nouveauté de ce marché, il faut prendre garde de ne pas le rejeter brutalement sous prétexte que tout n’est qu’apparence et sans valeur scientifique. Il serait trop facile de le reléguer au rang du commerce des indulgences. En effet, les particuliers qui compensent désirent véritablement agir pour l’environnement. Ce marché correspond donc à un besoin et permet par la même occasion de sensibiliser la population et de lui faire prendre conscience de la nécessité de prendre d’autres mesures pour réduire leur impact sur le réchauffement climatique. En ce qui concerne les entreprises, si leurs motifs peuvent sembler purement mercantiles, elles ne peuvent pas pour autant financer des projets sans fondement, car elles risqueraient alors d’être tôt ou tard discréditées à cause de cela. Elles doivent donc veiller à la qualité des projets qu’elles financent. Pour les institutions publiques, le marché volontaire est un moyen de sensibiliser la population, de forcer les élus des différentes collectivité à se renseigner eux-aussi sur le sujet.

Il est vrai qu’en ce qui concerne les sites de compensation (car nous avons vu que la compensation volontaire est fille d’internet), tous ne se valent pas. Mais il en est de même dans tous les marchés. De plus, nous avons déjà constaté que les choses s’amélioraient progressivement et pouvons espérer qu’à l’avenir le marché sera plus lisible pour les clients.

L’aspect scientifique de la compensation semble avoir été négligé par les différents acteurs : nous n’avons pas réussi à entrer en contact avec la moindre personne qui défende la compensation d’un point de vue scientifique. Si certains tendent à mettre en cause l’existence même de toute validité scientifique, nous ne pouvons nous en tenir là. L’étude des calculateurs montre en effet combien les disparités sont grandes, ce qui peut en première lecture faire penser qu’il y a des erreurs graves. Mais si l’on considère la difficulté qu’il y a à estimer précisément certains types d’émissions, et le fait qu’aucun calculateur ne calcule la même chose, les différences s’expliquent. Calculer les émissions d’un vol en avion semble simple en apparence, mais comment savoir où il faut s’arrêter dans les émissions comptabilisés ? Faut-il prendre en compte l’entretien de l’avions ? De l’éventualité de manœuvres au sol ? Lorsque l’on est prestataire, comment faire alors que chaque flotte consomme des quantités différentes ? Derrière ce que l’on croit être une imprécision scientifique se cachent souvent des questions d’un autre ordre et sans réponse évidente ni unique.

Il faut néanmoins rester attentif : tout n’est pas blanc. Des projets tels que ceux de reforestation, qui nous apparaissent de prime abord être des exemples idéaux de compensation sont en réalité plus que controversés. Et qu’en est-il de l’argument avancé par certains prestataires, selon lesquels leurs projets ont une valeur humaine non quantifiable car ils améliorent le quotidien de certaines populations ? Il a tout pour brouiller les pistes et nous écarter de l’objectif de base : réduire les émissions de gaz à effet de serre. Car si les projets humanitaires sont louables, il y a un risque que cela nuise à la transparence des prestataires, ces critères étant par nature non quantifiables.

Devant ce flou définitionnel dont profitent certains, nous aurions tendance à souhaiter la mise en place d’un cadre plus strict. Une véritable législation serait trop compliquée à mettre en œuvre et condamnerait, semble-t-il, la compensation volontaire. Les critères d’évaluation et autres labels se mettent petit à petit en place, qu’ils soient créés par des organismes non gouvernementaux ou par des institutions étatiques. Ils permettront probablement dans un futur proche au particulier d’avoir une meilleure compréhension du marché. Mais les propositions fusent et quoique rien n’en soit officiellement dit, un véritable débat normatif a actuellement lieu. Nous pouvons noter à ce sujet les divergences importantes entre la France et le Royaume-Uni.

Les questions posées par la mise en place du marché de la compensation carbone volontaire sont donc nombreuses et variées. Certaines n’appellent pas de réponse immédiate mais mettent en évidence la complexité des mécanismes, d’autres sont ardemment discutées. Notre objectif n’était en aucun cas de faire une liste exhaustive des points controversés, et encore moins d’y répondre. Nous avons simplement essayé de mettre en évidence la complexité sous-jacente des quelques sujets que nous avons abordés.

Parmi les acteurs que nous avons interrogés, aucun n’a voulu explicitement prendre la défense de la compensation volontaire : « si elle n’avait pas existé, nous nous serions bien gardés de l’inventer », nous a-t-on répondu. La compensation n’est certes pas parfaite. On peut craindre qu’elle nous éloigne de la seule solution actuellement indéniable pour stopper le réchauffement climatique : réduire quantitativement nos émissions. Néanmoins, elle nous est apparue comme un milieu intéressant, en pleine effervescence car en pleine formation, et promis sans doute à se développer fortement. Enfin et surtout, elle constitue un phénomène face auquel on ne peut prendre position sans y avoir longuement réfléchi.

Qui sommes nous ? - nous contacter - Note sur les navigateurs