Les acteurs de la controverse

Mathias Currat est bio-informaticien, spécialisé dans la génétique des populations, et enseigne l’histoire de l’évolution de l’homme à l’Université de Genève. Son point de vue est que l’absence de preuves génétiques corroborant la thèse du métissage n’infirme pas pour autant cette possibilité.

Pierre Darlu, Directeur de recherche au CNRS et à l’Inserm, est généticien et a publié en collaboration avec C. Hänni. Son point de vue était qu’il n’existait aucune preuve génétique d’un métissage entre l’Homme de Néanderthal et Homo Sapiens. Mais l’étude réalisée par l’Institut Max Planck dont les résultats, publiés en avril 2010, affirment que 1 à 4% de notre génome serait dû à Néanderthal, constitue selon lui « un tournant dans l’exploration des origines de l’humanité par les moyens de la génétique moléculaire » Bien qu’il conteste toujours la possibilité d’un mélange en Europe à l’arrivée d’Homo Sapiens il y a 40 000 ans, ses récents travaux visent à montrer que celui-ci aurait eu lieu au Moyen-Orient il y a 80 000 ans.

Francesco d’Errico, préhistorien, directeur de recherche au CNRS et professeur honoraire à l'Institute for Human Evolution de l'université de Witwatersrand en Afrique du Sud, a étudié la question de la disparition de l’Homme de Néanderthal et est à l’origine de la découverte en Afrique et au Proche-Orient des plus anciennes traces de comportements symboliques, datés entre 70 000 et 100 000 ans, soit avant l’arrivée de l’homme moderne en Europe il y a 40 000 ans.

Richard Edward Green, Professeur en Ingénierie Biomoléclaire, a comparé des échantillons d'ADN Néanderthaliens de différentes époques, d'Homo Sapiens ayant vécu pendant la cohabitation supposée avec Néanderthal et de l'homme moderne afin d'estimer la date de divergence entre les deux espèces. Green conclut qu'il n'y a pas pu avoir une séparation unique entre les deux espèces mais qu'un certain niveau de flux de gènes devait exister. Malheureusement, J.Wall et S.Kim analysèrent de nouveau les données et montrèrent que les échantillons avaient certainement été contaminés par de l'ADN de ceux qui les avaient manipulés.

Catherine Hänni, Directrice du laboratoire paléogénétique et évolution moléculaire de l'ENS Lyon, a déchiffré avec son équipe une séquence d'ADN d'enfant Néanderthalien datant d'environ 100 000 ans afin de le comparer à celui de Néanderthaliens ayant cohabité avec l'homme moderne et évaluer l'impact de cette cohabitation sur le génome. L'étude aboutit à la conclusion que les séquences étaient très similaires suggérant qu'il n'y a pas eu de métissage, et que les Néanderthaliens étaient donc nos lointains cousins et non pas nos aïeux directs.

Evelyne Heyer, est professeur en anthropologie génétique au Muséum national d'histoire naturelle dans un laboratoire associé au CNRS.

Professeur Docteur Svante Pääbo, Directeur du Département de Génétique à Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology, a publié avec son équipe en Mai 2010 les résultats du séquençage de 5,3 milliards de lettres de l'ADN de Néanderthal, soit environ deux tiers du génome, un prouesse pour des échantillons vieux de 38 000 ans . Il a déclaré dans New Scientist que l'Homme de Néanderthal et l'homme moderne pourrait presque être regroupés au sein de la même espèce.

Le Docteur Erik Trinkaus, paléoanthropologiste à l'Université de Washington, a apporté des preuves paléontologiques du métissage entre l'Homme de Néanderthal et Homo Sapiens. Il déclare en avril 1999 : "Le squelette d'enfant découvert au Portugal ce moi-ci présente des caractéristiques des Hommes de Néanderthal, comme les proportions du tibia par exemple, et de l'homme moderne. Ceci démontre que les premiers hommes modernes se sont mélangés aux Hommes de Néanderthal et ont engendré ensemble une descendance."

João Zilhão, professeur d'Archéologie Paléolithique à l'université de Bristol défend la thèse du métissage. Homo Sapiens et Néandertal seraient selon lui aussi proches que l’étaient les européens et les indigenes d’Amérique avant que ces derniers soient assimilés.