Chronologie de la partie :

 

La décroissance, un horizon inéluctable ?


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Claude ALLEGRE : « je crois qu’on va vers une période de forte croissance »

Claude ALLEGRE « C’est un défi formidable qui s’annonce » il faut arrêter de dire que « le ciel va nous tomber sur la tête »


Le développement durable est une nouvelle direction de l’économie, qui, sans remettre en cause la nécessité d’une croissance économique mondiale, cherche à intégrer les aspects environnementaux dans les objectifs de la gouvernance mondiale. Apparu pour la première fois dans le Rapport Brundtland, chargé par les Nations Unies de définir les politiques nécessaires pour parvenir à un «développement durable» à l’occasion de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de 1987, ce terme désigne «un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs besoins.»




La croissance verte : vers une dématérialisation de l’économie ?


Pour atteindre cet objectif de «développement durable», il fallait à l’époque prendre conscience des dégâts environnementaux causés par un certain type de croissance, alors peu inquiet des enjeux environnementaux . Sans remettre en cause la nécessité d’une croissance économique, pour répondre «aux besoins des générations du présent», il fallait imaginer un nouveau type de croissance plus respectueux de l’environnement: une croissance verte reposant sur des technologies propres, sur une agriculture qui n’épuiserait pas les terres, sur une industrie moins polluantes. La croissance verte serait donc une solution aux problèmes environnementaux qui ne remettrait pas en cause les fondements de l’économie actuelle: elle permettrait en fait l’émergence d’une économie «dématérialisée», c’est-à-dire qui ne reposerait pas sur la consommation des ressources naturelles.


Peut-on croître en diminuant l’empreinte écologique de l’économie ?




INSEE




Tel est bien l’objectif affiché par les tenants du développement durable et de la croissance verte, comme formulé lors du sommet mondial pour le développement durable, de 2002 en Afrique du Sud. Les Etats s’engagent à «  des réformes structurelles de [leurs] économies […] parmi lesquelles la dématérialisation de l’économie, qui consiste en la diminution absolue ou relative de l’utilisation de ressources naturelles par unité de fonction ou de service. » Tous les tenants du développement durable espèrent réduire l’impact écologique du développement économique, et les gouvernements européens, en s’engageant à réduire les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020, continuent à promettre une augmentation du PIB (Produit Intérieur Brut). C’est qu’ils promettent une dématérialisation de l’économie, c’est-à-dire une « évolution vers des économies moins intensives dans leur utilisation de matériaux et d’énergie » et assurent que « toute la production n’est pas forcément polluante ou dégradante. Le PIB, évalué monétairement, enregistre la croissance des activités de services, dont la pression sur les écosystèmes n’est pas comparable à celle de l’industrie ou de l’agriculture. 


Pour Ayres, une économie faite de service, de hautes technologies, et de recyclage, permettrait une croissance qui n’épuiserait pas les ressources de la Terre, ni ses capacités d’assimilation des déchets.


La croissance verte repose en fait sur les nouvelles technologies, conçues pour être plus efficaces, moins coûteuse en énergie et moins polluantes, comme c’est le cas des énergies renouvelables, par exemple.


Qui défend aujourd’hui la croissance verte?


Aujourd’hui, la plupart des gouvernements se réfugient derrière des slogans proches du développement durable. L’engouement général pour cette nouvelle cause tient en fait à la croyance dans la capacité de la croissance verte à relancer l’économie mondiale.


L’optimisme des entreprises concernant la croissance verte n’est pas en reste, comme en témoignent les résultats d’un sondage réalisé par l’institut IFOP en mars 2009, auprès de chefs d’entreprise, qui pensent à 69% d’entre eux que la crise financière va les conduire à renforcer leurs actions de développement durable (88% des chefs d’entreprises de plus de 5000 salariés)


Pourtant, les décroissants s’opposent, parfois violemment, aux tenants de la croissance verte, en arguant qu’ils se reposent sur un optimisme béat, et sombrent dans une confiance aveugle dans les nouvelles technologies.


C’est le point de vue de Serge Latouche, qui dénonce les dérives de la confiance dans la technologie de ses contemporains, qui les pousse à miser sur l’avenir pour réparer les dommages causés par la croissance actuelle. Il appelle à une « décolonisation des esprits », systématiquement séduits par la croissance, et cherche, avec ses collègues décroissants, à montrer les limites du progrès technique. Il ne faut, pour eux, pas tout attendre des découvertes technologiques.



     Faut-il dénoncer « La colonisation de l’imaginaire par le progrès, la science et la technique » ? Et pour quelles raisons?


Sources :


Rapport mondial sur le développement humain 2002, De Boeck, 2002, Bruxelles, p. 28.


LATOUCHE S., Pour une société de décroissance, Le Monde Diplomatique, novembre 2003,

http://www.monde-diplomatique.fr/2001/05/LATOUCHE/15204


 

Peut-on parier sur les percées technologiques ?

La croissance verte soutenue par les percées technologiques

LA CONTROVERSE


  1. Une autre approche économique


  1. Une croissance limitée ?

  2. Le point de vue des classiques

  3. Les cycles économiques

  4. De l’entropie en économie : la décroissance comme seul horizon ?


  1. Peut-on parier sur les percées technologiques ?

  2. La croissance verte

  3. Le point de vue des décroissants


  1. Des théories de la croissance à la politique

  2. Libérer ou réguler l’économie pour sauver l’environnement ?

  3. Pour des meilleurs instruments de mesure de la croissance

  4. La critique du capitalisme par les décroissants


  1. La croissance au secours des pauvres

  2. La croissance économique au secours de la croissance démographique

  3. Les décroissants pour une réduction de la natalité ?

  4. Qui de la croissance ou de la décroissance est au service de l’éthnocentrisme européen


  1. L’enjeu environnemental


  1. Comment quantifier l’influence de l’homme ?

  2. Les prélèvements

  3. Les rejets

  4. Une mesure globale, l’empreinte écologique


  1. Le lien empreinte/croissance

  2. Conditions de production

  3. Courbe de Kuznets environnementale

  4. Que vaut cette courbe de Kuznets environnementale ?


  1. Les prédictions des décroissants

  2. La catastrophe malthusienne

  3. Epuisement des ressources

  4. Empreinte écologique excessive


  1. Un autre mode de vie ?


  1. L’augmentation des besoins


  1. La santé : une croissance pathogène ?


  1. Le rapport au travail

  2. Chômage et conditions de travail

  3. Progrès technique et emploi

  4. Le plein emploi sans croissance


  1. Inégalités sociales

  2. Croissance et recul des inégalités

  3. Critique de la courbe de Kuznets


  1. Projet social des décroissants

  2. La convivialité selon Illich

  3. Pour une décroissance conviviale, aujourd’hui