Un problème de financement de l’expertise?

ingestion de Nosema par une abeille. © INRA / Claudia Dussaubat

Pour répondre aux interrogations du public et des apiculteurs les pouvoirs publics, desquels émanent les décisions, se basent sur des consultations d’experts qui déterminent les responsabilités des acteurs susceptibles d’être à l’origine du phénomène de disparition des abeilles.

Par le passé, en France les entreprises phytosanitaires sont souvent accusées d’être à l’origine des phénomènes de disparition. Les recours des apiculteurs sont assez minces face à la mise sur le marché d’un produit mais les associations d’apiculteurs comme l’UNAF pèsent plus lourd dans la balance.

La question est de savoir si les interrogations des apiculteurs sont fondées sur des bases solides, et si on peut prouver un défaut du produit que les tests d’homologation n’auraient pas mis en évidence. Dans ce cas soit la requête est directement prise en compte par l’entreprise qui décide d’apporter des réponses en effectuant les tests supplémentaires requis, soit c’est le ministère de l’agriculture qui peut menacer de retirer le produit du marché si ces nouvelles études ne sont pas menées.

C’est l’entreprise qui prend a sa charge les expériences de mise sur le marché. Les premières critiques sont donc centrées sur cet état de fait qui peut remettre en question la validité de l’expertise. A cela les entreprises phytosanitaires répondent en rappelant qu’elles font appel à des entreprises certifiées qui garantissent l’impartialité des résultats. Ce sont des entreprises contractuelles qui effectuent les tests, et leur rôle est de rester neutre en fournissant les résultats les plus révélateurs de la réalité du problème. Les intérêts de ces entreprises ne sont donc pas directement liés à ceux des entreprises phytosanitaires. Une des solutions spontanément envisagée par le public est de faire faire les tests par l’état pour assurer des résultats objectifs. Mais comme dans la plupart des cas d’homologation de produits touchant la santé publique et à l’environnement les procédures sont longues et très couteuses. Il est impossible pour l’état de prendre à sa charge des dépenses d’une telle importance. Néanmoins les laboratoires de recherche comme l’INRA ou le CNRS sont régulièrement amenés à fournir une deuxième analyse qui vient souvent appuyer la première.

Une situation singulière s’est répétée durant ces dernières années avec la multiplication des enquêtes et recherches menées sur le sujet. Les différents résultats en arrivent en effet parfois à se contredire radicalement. Tandis que les études menées par l’AFSSA et les entreprises phytosanitaires ont souvent jugé inoffensifs les produits comme le Gaucho et leurs interactions avec d’autres agents, on retrouve souvent des résidus importants de produits dans les ruches touchées par le phénomène.  Il est difficile de mettre en évidence des conclusions probantes alors même que la plupart des études réalisées ne sont compatibles entre elles.

Ces différences de résultats sont surtout liées aux différences de modes opératoires et à l’incertitude des résultats. Il s’agit avant tout d’une histoire de techniques et méthodes scientifiques.