Faut-il fermer les bibliothèques ?

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De nouvelles menaces ?

Avec le développement de l’internet et des moteurs de recherche, les quantités d’informations disponibles en un clic n’ont cessé de croitre. Dès lors, pourquoi se déplacer à la bibliothèque lorsque les informations que l’on cherche sont à portée de main sur son ordinateur ? Cet accès à l’information à distance est devenu encore plus menaçant pour la bibliothèque « traditionnelle », c’est à dire le lieu regroupant une collection indexée de livres, lorsqu’ont été annoncés en 2004 les grands projets de numérisation d’ouvrages, notamment Google Books, projet lancé par la firme californienne visant à numériser des millions de livres dans les bibliothèques du monde entier.

« La notion de stockage avec des étagères, ou des fiches papiers non informatisées, et donc pas accessible à tous, n’a (plus) aucun intérêt »

Clothilde Zur Nedden, Directrice de la bibliothèque de Mines ParisTech

De plus, ces grands projets de numérisation et les manières cavalières de Google, qui préfère régler ses accords juridiques après avoir agi, menacent les droits de propriété des bibliothèques traditionnelles, qui perdent parfois certaines exclusivités dans la numérisation d’un ouvrage unique. En effet, la richesse d’une bibliothèque se manifestait auparavant par la richesse de son patrimoine, et la présence d’ouvrages en édition limitée. La numérisation supprime cette exclusivité et la notoriété de la bibliothèque, menaçant alors sa fréquentation. Certains, comme Jean-Noël Jeanneney, ancien président de la Bibliothèque Nationale de France, voient cela comme « […] une appropriation des richesses par une société privée ». La bibliothèque traditionnelle et son personnel, composé de conservateurs de bibliothèques, de bibliothécaires ou de magasiniers, deviendraient alors obsolètes puisqu’aucun ouvrage papier ne serait à entretenir dans une bibliothèque numérique, et l’information cherchée serait triée et affichée à l’aide de moteurs de recherche.

« (Google) est indéniablement un véritable danger »

Mats Carduner, ancien directeur général chez Google

Toutefois, certains ne voient pas en cette technologie une menace aux métiers de personnel des bibliothèques, mais plutôt une opportunité pour ces derniers :

« Les questions des utilisateurs n’ont jamais été aussi nombreuses depuis la création du portail de ressources électroniques. Avec Google, on s’aperçoit vite qu’on est limité. On fait appel aux bibliothécaires, non pas pour aller chercher un livre sur une étagère, mais pour avoir des conseils sur la chaîne de publication, pour faire des ateliers d’écriture, la manière de trouver des informations fiables. »

Clothilde Zur Nedden

« Google aura beau être le meilleur du monde, avoir le contenu le plus riche, il ne remplacera pas l’accompagnement d’un professeur ou d’un bibliothécaire »

Mats Carduner

La bibliothèque traditionnelle ne peut donc rester en l’état pour espérer survivre et doit donc adapter son contenu et les services qu’elle propose, car :

« […] si la bibliothèque reste un simple rayonnage de livres physiques, son avenir sera vite réglé »

Xavier Bredin, secrétaire général chargé de l'administration et de la diffusion au Centre National du Livre

Lorsque l’on pense aux milliers d’emplois qui pourraient être supprimés ainsi qu’aux millions d’ouvrages qui pourraient ne plus être utilisés, une fermeture de la bibliothèque traditionnelle paraît alors catastrophique, et cette dernière se doit de réagir. Cette adaptation va se faire toutefois sur le long terme.

« Le passage entre les deux canaux, les deux médias de diffusion du livre va se faire forcément à très long terme. Quand l’imprimerie a été inventée, il y avait encore pendant un siècle des copistes qui écrivaient manuellement les ouvrages »

Xavier Bredin

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