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« Aucune science ne prédit l’avenir, si elle prévoit, c’est en extrapolant le passé » Jean-Claude Ameisen

 

 

     L’idée d’utiliser des techniques qui permettraient de sonder la personnalité d’un individu ne date pas d’hier (cf. Historique) : déjà au XIXème siècle, la phrénologieThéorie selon laquelle les bosses du crâne d’un être humain reflètent son caractère a pu, entre autres choses, par l’analyse des formes du crâne, aboutir à une certaine catégorisation des individus. Aujourd’hui, face aux effets conjugués des progrès scientifiques en termes de technique d’analyse numérique et des préoccupations politiques et sociales, la question de la recherche d’éventuels facteurs biologiques de dangerosité s’est rapidement posée. Ainsi, des résultats IRMDétection des zones cérébrales en activité grâce à l’aimantation de l’hémoglobine du sang qui afflue vers ces régions du cerveau ont été utilisés pour appuyer un plaidoyer ou un réquisitoire au tribunal et cette pratique demeure très controversée. On peut parler de l’exemple de cette jeune indienne de vingt-quatre ans condamnée à perpétuité par le tribunal de Pune (Maharashtra) pour l’empoisonnement de son ex-fiancé, notamment sur la base d’un examen cérébral. L’accusée avait accepté de se soumettre à un examen, la Brain Electrical Oscillation Signature (BEOSTechnique basée sur l’EEG qui permet, de la même façon que l’IRMf, de détecter zones actives du cerveau afin de les localiser précisément et potentiellement d’en tirer des conclusions)


      Lors de l’audition publique du 26 mars 2008, Hervé Chneiweiss, neurobiologiste et directeur du laboratoire « Plasticité gliale » à l’INSERM, affirme que « L’imagerie cérébrale pourrait peut-être montrer que le sujet ne ment pas mais non qu’il dit « la vérité » ; il est question de la subjectivité de la vérité représentée dans un tribunal ». Il n’est donc pas possible, en ne disposant que de techniques neuroscientifiques, d’évaluer avec une précision même grossière la personnalité d’un individu. Avant même de penser à introduire cet outil initialement cantonné au cadre médical dans les tribunaux, un réel travail de normalisation et de mise en place de référence de « normalité » est ainsi à prévoir. (cf. Preuve et vérité)

 

      L’exemple prégnant de la jeune indienne fait également émerger le problème de la fiabilité de telles méthodes. Déjà, les problèmes liés à l’interprétation des données sont nombreux car il serait possible d’appeler à la barre deux scientifiques qui énonceraient deux jugements contradictoires. Toutefois, il est également nécessaire de poursuivre les recherches en ce qui concerne la technique pure car, selon Jacques Gasser du département psychiatrique suisse du CHUV (Centre Hospitalier Universitaire Vaudois), « actuellement personne n’est capable de prévoir avec certitude un acte humain un tant soit peu complexe ». C’est la notion de plasticité du cerveauDécrit les mécanismes par lesquels le cerveau est capable de se modifier lorsque le sujet acquiert de l’expérience qui est ici très importante. (cf. Fiabilité de la méthode scientifique)


      Il convient enfin comprendre quelle place cette technologie pourrait prendre dans le système de preuves déjà en place. Pour ce faire, il est important d’analyser ce qui cristalliserait les réticences de la société à l’utilisation de l’imagerie cérébrale dans le cadre judiciaire, bien que la technique semble fiable et opérationnelle. En effet, les scientifiques eux-mêmes prônent la plus grande prudence. De plus, la confidentialité des données occupe une place cruciale. Ces points conditionnent totalement l’avancé de la controverse. (cf. Appels à la prudence)


Pour aborder au mieux cette controverse, un petit tour par l'historique >


« L’imagerie cérébrale pourrait peut-être montrer que le sujet ne ment pas mais non qu’il dit "la vérité" ; il est question de la subjectivité de la vérité représentée dans un tribunal » Hervé Chneiweiss