Statistiques ethniques : utiles, inutiles ou dangereuses ?

Quelles sont les conséquences ?

De manière générale, les statistiques performent la réalité qu’elles observent, c'est-à-dire que rien que le fait d'en faire a un impact sur l'objet qu'elles étudient.

«
Ce n’est pas un pur système de signes reflétant des choses existant en dehors de lui.
»

Alain Desrosières, Discuter l’indiscutable.

Ainsi, l'établissement de statistiques ethniquesStatistique ethnique n.f. : Toute collecte de données concernant l’appartenance ethnique des individus. ne serait pas sans conséquences. Mais quelles sont ces conséquences ? C'est ce que nous proposons d'étudier dans cette partie.

Les conséquences peuvent se catégoriser en deux parties majeures : d’abord les conséquences bénéfiques et actives, qui constituent les mesures prises pour lutter contre les discriminations, qui sont au cœur de l’argumentation des pro-statistiques ; et les conséquences passives, que l’on ne contrôle pas, comme la montée du communautarisme ou l’accentuation des clivages déjà existants.

Mesures

1) Des statistiques nécessaires pour pouvoir agir

Les principaux acteurs visés par ces mesures seraient les entreprises. Aujourd'hui, en France, il y a des chartes et des labels de la diversité que les entreprises peuvent signer. Cependant, Kamel Hamza
hamza
Elu municipal UMP de la Courneuve. Fondateur de l’ANELD. Né en 1968 à Aubervilliers, Kamel Hamza grandit à la Courneuve : lui-même issu de la diversité, les zones et les sujets sensibles lui sont bien connus. En 2011, il fonde l’ANELD, une association de jeunes élus qui plaide, entre autres, en faveur des statistiques ethnique dans une optique, pourquoi pas, de discrimination positive.
souligne que la loi nous empêche de voir ce qui en est concrètement et quantitativement au sein d'une entreprise qui a signé la charte ou le label. On ne sait pas dans la réalité ce qu'il en est de ces entreprises.

«
Il y a eu des chartes, des labels, mais quand on demande où on en est, on nous dit « la loi nous empêche de le faire », donc on ne sait pas ce qu’il en est. Nous ce qu’on demande c’est de pouvoir connaître ce qui doit être fait quand une entreprise signe une charte ou un label de la diversité et ce qu’il en est, concrètement et quantitativement. Ce qui nous intéresse, c’est d’avoir un outil qui nous permette de voir l’application des labels et chartes qui ont été mis en place par toutes les entreprises et toutes s’en vantent, mais dans la réalité on ne sait pas ce qu’il en est.
»

Entretien avec Kamel Hamza
hamza
Elu municipal UMP de la Courneuve. Fondateur de l’ANELD. Né en 1968 à Aubervilliers, Kamel Hamza grandit à la Courneuve : lui-même issu de la diversité, les zones et les sujets sensibles lui sont bien connus. En 2011, il fonde l’ANELD, une association de jeunes élus qui plaide, entre autres, en faveur des statistiques ethnique dans une optique, pourquoi pas, de discrimination positive.

Et en quoi consistent ces corrections? Pour Kamel Hamza
hamza
Elu municipal UMP de la Courneuve. Fondateur de l’ANELD. Né en 1968 à Aubervilliers, Kamel Hamza grandit à la Courneuve : lui-même issu de la diversité, les zones et les sujets sensibles lui sont bien connus. En 2011, il fonde l’ANELD, une association de jeunes élus qui plaide, entre autres, en faveur des statistiques ethnique dans une optique, pourquoi pas, de discrimination positive.
, il s'agit de faire en sorte que l’entreprise ressemble à la société française, c'est-à-dire de trouver les diplômés issus de la diversité dont l'entreprise a besoin pour avoir un pourcentage qui ressemble à celui de la population française.

«
Il y a une espèce d’hypocrisie qui fait en sorte aujourd’hui que les jeunes, ou moins jeunes, ne croient plus aux entreprises, parce qu’ils se disent « Oui, c’est bien la charte » et quand ils vont à la cantine, ils voient une population d’une seule couleur.

Maintenant, on a aussi dans l’idée le fait que les bailleurs sociaux, dans nos quartiers, font aussi des immeubles où il n’y a que des maliens, d’autres où il n’y a que des maghrébins… Il y a quand même une volonté de placer les gens en fonction de leur origine ethnique. Donc d’une part il y a des choses, des « placements » qui se font, mais comme tout est hypocrite on ne peut pas vérifier ni contrôler, et d’un autre côté où il faudrait faire des vraies mesures, l’entreprise dit « On a mis le label, la charte donc normalement tout va bien ».
»

Entretien avec Kamel Hamza
hamza

hamza
Elu municipal UMP de la Courneuve. Fondateur de l’ANELD. Né en 1968 à Aubervilliers, Kamel Hamza grandit à la Courneuve : lui-même issu de la diversité, les zones et les sujets sensibles lui sont bien connus. En 2011, il fonde l’ANELD, une association de jeunes élus qui plaide, entre autres, en faveur des statistiques ethnique dans une optique, pourquoi pas, de discrimination positive.

Aujourd’hui, la politique de lutte contre les discriminations a besoin d’outils. Cependant, elle ne dispose pas de ceux nécessaires pour la rendre efficace, voire même simplement permettant de contrôler son application. C'est là que les statistiques ethniquesStatistique ethnique n.f. : Toute collecte de données concernant l’appartenance ethnique des individus. joueraient un rôle essentiel et aurait de grande conséquence sur l'application de ces politiques.

2) Des statistiques qui n’engagent pas assez à l’action

Ce propos appelle cependant à être nuancé. En effet, la mise en place de mesures visant à réduire les discriminations n’est pas un résultat direct des statistiques ethniquesStatistique ethnique n.f. : Toute collecte de données concernant l’appartenance ethnique des individus.. C’est d’ailleurs ce que leur reproche Sabrina Goldman
goldman
Née en 1980, avocate au barreau de Paris, déléguée exécutive chargée des relations avec les associations à la LICRA. Sabrina Goldman occupe une position qui résume bien la LICRA : les statistiques ethniques sont trop susceptibles, dans notre société, de donner lieu à des dérives et à des utilisations abusives pour être autorisées.
, représentante de la LICRA
licra
La Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme est l’une des organisations les plus anciennes du terrain associatif français. Créée en 1926, la Ligue s’est beaucoup élargie depuis et veille au respect de la valeur fondamentale de la République qui est la laïcité.
:

«
Si la France dit : « Nous luttons contre les discriminations et, pour cela, on vient mesurer les données ethniques », c’est un cache-misère. [...] Ca ne sert à rien de mettre des moyens dans la mise en place de référentiels ethno-raciaux, alors qu’il vaut mieux mettre en place des outils de lutte contre les discriminations.
»

Entretien avec Sabrina Goldman
goldman
Née en 1980, avocate au barreau de Paris, déléguée exécutive chargée des relations avec les associations à la LICRA. Sabrina Goldman occupe une position qui résume bien la LICRA : les statistiques ethniques sont trop susceptibles, dans notre société, de donner lieu à des dérives et à des utilisations abusives pour être autorisées.

La LICRA
licra
La Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme est l’une des organisations les plus anciennes du terrain associatif français. Créée en 1926, la Ligue s’est beaucoup élargie depuis et veille au respect de la valeur fondamentale de la République qui est la laïcité.
refuse la mise en place de statistiques ethniquesStatistique ethnique n.f. : Toute collecte de données concernant l’appartenance ethnique des individus. qui sont pour elle une excuse, un moyen pour les entreprises de se dédouaner de leurs obligations. Il existe d’après elle déjà de nombreux moyens de repérer ces inégalités, via les plaintes de personnes concernées par exemple, et les statistiques sont de ce fait inutiles.

«
Si certaines entreprises [...] n’appliquent pas de véritables politiques d’anti-discrimination au sein de la société, on le sait rapidement, parce qu’[...] il y a effectivement des recours qui sont faits, des plaintes qui sont déposées pour des pratiques discriminatoires.
»

Entretien avec Sabrina Goldman
goldman
Née en 1980, avocate au barreau de Paris, déléguée exécutive chargée des relations avec les associations à la LICRA. Sabrina Goldman occupe une position qui résume bien la LICRA : les statistiques ethniques sont trop susceptibles, dans notre société, de donner lieu à des dérives et à des utilisations abusives pour être autorisées.

Cependant, on peut également estimer que la fiabilité des ces moyens alternatifs est assez faible comparée à celles de statistiques correctement menées, si cela est possible (cf Quelles méthodes ? Entre QCM et dissertation…).


Les points de controverses

Qui sommes nous ? Clause de non-responsabilité Remerciements