La spéculation sur les produits agricoles
La spéculation sur les produits agricoles
Influence de l’activité bancaire Concernant l’influence des activités bancaires sur le prix des produits alimentaires, les avis divergent. Certains pensent que la financiarisation du marché est responsable de la volatilité des prix des produits alimentaires tandis que d’autres, a l’instar de Virginie Poulin, responsable des produits alimentaires et des matières premières chez BNP Paribas Suisse (voir page Entretiens), pensent qu’elle ne fait que « fournir au négociant les instruments nécessaires pour mener à bien son commerce ». Dans son livre Le Commerce des promesses, Pierre-Noël Giraud explique, d’un point de vue théorique du moins, en quoi la spéculation peut amplifier les « fluctuations normales » des prix mais que néanmoins, le prix reste soumis à un ancrage réel : Les délais d’augmentation des capacités de production des produits alimentaires sont longs. De plus, la consommation ne se réduit que très peu quand les prix augmentent. De ce fait, les caractéristiques mêmes du secteur réunissent les conditions propices pour d’amples fluctuations des prix de marché. Certes, les spéculateurs peuvent accentuer les hausses de prix liés à une hausse de la consommation. Ils savent que la production ne réagira pas avant plusieurs moi et achètent en masse pour bénéficier de l’effet de levier. Les fluctuations sont alors amplifiées par ces comportements spéculatifs. Toutefois, selon Pierre-Noël Giraud, les anticipations du marché des produits alimentaires (et des matières premières en général) restent fondées sur des « réalités concrètes, observables et mesurables : l’évolution des capacités de production et des stocks ». Tout ceci amène les professionnels et les analystes à dire que « le physique finit toujours par imposer sa loi ». Si l’on suppose que la lecture des comportements des acteurs financiers et le raisonnement de Pierre-Noël Giraud sont exacts, la seule critique que l’on peut avoir à l’égard du mécanisme de fixation des prix concerne la véracité et la transparence de l’état des stocks et les capacités de production. Ces derniers sont en effet indispensables pour que les prix du marché soit le plus proche de l’équilibre offre-demande.
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