La spéculation sur les produits agricoles
La spéculation sur les produits agricoles
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 Nous nous concentrons ici sur la stabilisation des prix de l’alimentaire et le soutien aux agro-carburants.
Tout d’abord, un graphique qui permet de se rendre compte de l’extrême volatilité des prix des matières premières agricoles. ﷯ Les Notes de la C2A - Numéro 6, avril 2011 - Faire face à la volatilité des prix agricoles Les chiffres révélés par le graphique précédent sont particulièrement impressionnants : en février 2011, le prix mondial du blé avait progressé de 70% en un an, celui du soja de 45% et celui du maïs de 90%.
Cette volatilité est exacerbée par la nature même des marchés agricoles : ceux-ci sont sensibles aux perturbations climatiques, la consommation est à peu près constante quels que soient les prix (intervention du caractère nécessaire de ces produits), et le temps de réaction entre la décision d’un agriculteur et les effets sur sa récolte sont à l’échelle du mois, ce qui est long pour ce type de marché.
Cependant, cette volatilité, plus que la hausse des prix, a des impacts extrêmement négatifs sur les économies qui en dépendent. Si des prix forts désavantages les consommateurs et des prix faibles les agriculteurs (en première approximation), la volatilité a des effets plus pervers car elle pousse les agriculteurs à favoriser des agricultures de sécurité, à moindre coûts, au dépend souvent de l’accroissement de la productivité.
Par ailleurs, la hiérarchisation des filières agricoles, avec la toute-puissance des firmes multinationales, sur-amplifie les variations des prix et en accroît les effets négatifs : pour les consommateurs il y a sur-répercussion des hausses de prix, réduction des variétés consommées, et pour les agriculteurs on assiste à une spécialisation forcée, une sur-répercussion des baisses de prix et une faible répercussion des hausses.
La libéralisation des marchés agricoles de ces vingt dernières années a notamment entraîné une diminution des stocks céréaliers de l’UE et des USA, qui agissaient comme régulateurs des marchés en jouant sur leurs stocks. Cette baisse généralisée des stocks a pu entraîner des phénomènes de rétention pour raisons politiques, terreau pour de la spéculation financière. D’ailleurs, le désengagement des Etats de la gestion du marché (quoique la tendance commence peut-être à s’inverser en Europe) a permis à cette volatilité de se propager aux marchés nationaux et régionaux.
Il faut donc analyser la cohérence et l’impact des mesures prises par la PAC relatives en particulier aux mesures commerciales sur la volatilité des prix. Cette question est particulièrement délicate. En effet, d’une part si on aboutit à une production excédentaire et donc à une baisse des prix, le risque de volatilité n’en serait qu’augmenté, et d’autre part, si on n’ajuste pas suffisamment l’offre à la demande les prix augmenteraient rapidement. Il faut ainsi établir de politiques de maîtrise des volumes de production qui permettent d’assister à la rencontre de l’offre et de la demande au niveau mondial, sans conservation de stocks.
Un autre facteur majeur de volatilité est les agro-carburants, vivement critiqués par les ONG. Ces carburants écologiques sont fabriqués à partir de céréales propres à la consommation, tels la betterave sucrière, le maïs, l’huile de colza, le soja, le tournesol et le blé. Or, la consommation de ces agro-carburants est destinée à considérablement augmenter dans les pays développés. Aux USA notamment, c’est 37% de la production de maïs qui a été consacrée aux agro-carburants en 2012-2011, contre seulement 10% en 2003. La fabrication d’agro-carburants rentre donc directement en compétition avec la vente destinée à la consommation alimentaire, participant de fait à la hausse des prix, dont 30% lui aurait été attribuée en 2008. Le tout pour des effets discutés quand à la sauvegarde de l’environnement (il a fallu créer de nouvelles zones agricoles, transporter les céréales, les raffiner, etc. pour obtenir du carburant) et sur les populations qui ne sont plus en mesure de subvenir à leurs besoins par une agriculture vivrière.
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Sources pour cet article :
La cohérence des politiques commerciales et agricoles avec les objectifs de développement, Laurent Levard, Septembre 2011
Les Notes de la C2A - Numéro 6, avril 2011 - Faire face à la volatilité des prix agricoles
Note de position de la C2A – PAC et souveraineté alimentaire des pays du Sud – Septembre 2011-Coordination SUD
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