La spéculation sur les produits agricoles
La spéculation sur les produits agricoles
AMELIORER LA PRODUCTION AGRICOLE pour répondre à une demande croissante de matières premières agricoles ﷯
La demande en céréales connaît depuis les années 2000 une accélération de son rythme de croissance. D’une part, la hausse de la consommation des pays émergents, notamment l’Inde et la Chine, s’explique par leur croissance démographique continue et l’augmentation de leur niveau de revenu. D’autre part, le recours aux agro carburants se développe fortement dans les pays développés. Beaucoup de gouvernements de l’Union Européenne ont rendu obligatoire leur incorporation dans les carburants traditionnels. Les Etats-Unis ont augmenté leur utilisation du maïs de 36 à 111 millions de tonnes entre 2005 et 2010. La législation a fait passer le statut des agro carburants d’une variable d’ajustement en situation de hausse soudaine des prix agricoles à une part incompressible de la demande.
  • Acteurs
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    OMC FAO G20
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    Projet IRIWI
Une offre incapable de suivre Si l’offre a pu suivre cette hausse de la demande, elle s’est trouvée incapable de le faire dans les proportions attendues. En effet, le rythme de croissance de la productivité est le même que pour les décennies précédentes. Sécheresses et inondations expliquent aussi en partie le choc de l’offre responsable des évènements de 2007-2008.
Une inélasticité de la demande due aux niveaux des stocks L’existence de stocks d’une denrée agricole atténue les variations de son prix en cas de choc de la demande . S’ils sont bas, la demande est majoritairement conditionnée par des besoins incompressibles qui la rendent inélastique et l’incidence des chocs d’offre et de demande sur les prix tend à augmenter. Au contraire, la demande devient plus élastique avec l’augmentation des stocks et les répercussions d’un choc d’offre sur les prix diminuent. Les stocks possèdent donc une fonction importante: d’une part, les stocks d’urgence pallient des besoins immédiats de nourriture et d’autre part, les stock-outils stabilisent les prix.
Néanmoins, le coût élevé du stockage conduit les agents à ne former des stocks que s’ils pensent qu’une augmentation future du prix de la denrée compensera celui-ci. L’expansion du processus de libéralisation a rendu trop coûteux le maintien des stocks destinés à l’origine à la stabilisation des prix nationaux. On assiste ainsi à une liquidation systématique des stocks publics de tous les états depuis maintenant une dizaine d’années. La Chine et l’Inde qui prônent une stratégie d’autosuffisance ont largement puisé dans leurs stocks en réponse à la demande intérieure, faisant chuter considérablement le niveau des stocks mondiaux entre 1992 et 2006. Les stocks de blé et de maïs, par exemple, ont respectivement diminué de 52% et de 15% depuis 1990. Les mesures d’augmentation de la productivité La réduction de l’instabilité des prix demande en premier lieu une augmentation de l’offre de produits agricoles. L’accent doit être porté sur la recherche et le développement et la distribution d’intrants pour améliorer la productivité. Il faut aussi mettre en avant l’accès au marché, que ce soit par la construction d’infrastructures de transport ou la facilitation de l’accès au crédit. Les investisseurs étrangers peuvent aussi mettre en valeur le potentiel agricole des pays en développement tandis que le statut du marché international doit être revu comme celui d’un prêteur de dernière instance en raison de l’augmentation des coûts d’importation. Les pays en développement, notamment, devront en conséquence développer les cultures vivrières pour les denrées de base. Il faut aussi commencer à reconstituer des stocks sur des marchés protégés, sans quoi ils deviendraient très coûteux puisqu’ils serviraient à stabiliser le prix mondial. Ce qui demande d’assouplir les législations de l’OMC en autorisant la signature entre certains pays importateurs et exportateurs de promesses de livraisons de denrées agricoles. Les conditions de possibilité de mise en place de marchés protégés régionaux, nécessaires en cas de crise, doivent aussi être réunies. L’exploitation des stocks devra être conditionnée par la nature des chocs d’offre et le ratio stock sur consommation totale : par exemple, leur utilisation comme stock-outils est à proscrire si ce ratio est trop faible puisque l’opération s’avèrerait coûteuse et inefficace. Cette fonction pourrait être déléguée à des acteurs privés, les banques notamment, par les gouvernements sur le modèle d’une mise en pension. L’Initiative internationale de recherche pour l’amélioration du blé a été lancée à Paris le 15 septembre 2011 et la présidence française du G20 a accueilli les 12 et 13 septembre 2011 une conférence internationale sur la recherche agricole pour le développement.
«Nous sommes d'accord sur l'importance d’impliquer les centres de recherche internationaux, les pays du G20 et les autres organismes concernés dans les initiatives de recherche et développement agricole, existantes ou nouvelles. Nous soulignons l’importance de la recherche et développement pour la productivité agricole, y compris pour les cultures orphelines et les cultures les plus adaptées aux climats et aux contraintes des pays en développement, comme les légumineuses, en faisant le meilleur usage de toutes les ressources génétiques végétales disponibles pour l’alimentation et l’agriculture. Nous décidons de lancer, comme première étape, une « Initiative internationale de recherche pour l'amélioration du blé » (IRIWI10) afin de coordonner nos efforts de recherche sur cette culture essentielle pour la sécurité alimentaire.»
Plan d’action sur la volatilité des prix alimentaires et sur l'agriculture
Réunion des Ministres de l’Agriculture du G20
Paris, 22 et 23 juin 2011
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