...du cas Sciences-Po


Entre le début des années 80 et aujourd'hui, les frais d'inscription de cet établissement public français sont passés d'environ 120€ par an à des droits progressifs pouvant atteindre jusqu'à 13.500€ pour les masters aujourd'hui. Cette augmentation impressionnante des droits d'inscription font de cette école fondée en 1872 un exemple d'intérêt dans l'étude de notre controverse.

Longtemps considéré comme une machine à reproduire les élites, antichambre de l'ENA et établissement typiquement français, Sciences-Po a connu une véritable révolution en une vingtaine d'année qui l'a mené à sa situation actuelle : une école prestigieuse reconnue sur la scène internationale et considérée par beaucoup comme un véritable modèle.

Quelles réformes Sciences-Po a-t-elle entrepris ? Dans quel but ?

Dès les années 80, une série de réformes transforment progressivement l'établissement. Celles-ci furent possibles par la relative indépendance de la gouvernance de Sciences-Po, fondation de droits privée. Ces réformes s'intensifient avec l'arrivée à la tête de l'établissement de Richard Descoings qui en fut le directeur de 1996 à 2012.

Tout d'abord, Sciences-Po décide de s'agrandir pour exister à l'échelle internationale, et, si l'école a en 2000 5000 étudiants, ce sont plus de 10.000 étudiants qui étudient à Sciences-Po en 2011. Dans le même laps de temps, le personnel passe de 500 à 900 et le financement de 50 millions à 140 millions. Cette explosion des effectifs et du budget n'est pas entièrement financée par l'état. Les financements privés passent de 18 millions à 68 millions en cette dizaine d'années : les droits de scolarité connaissent une augmentation notable, pouvant atteindre plus de 13000€ en 2012 pour un master. Ceci accroît l'autonomie de l'établissement et ses ressources permettant d'offrir à ses élèves les meilleurs professeurs possibles et un enseignement d'excellence.

Ces transformations de fond de l'ancien établissement français ne se font cependant pas au détriment de la justice sociale car en 2001, à la surprise générale, une réforme est prise mettant en place un système de discrimination positive pour les élèves issus de ZEP qui peuvent intégrer Sciences-Po par un mécanisme parallèle. Conséquence : près d'un dixième des étudiants actuels de Sciences-Po viennent aujourd'hui de ZEP. Et pour financer les études coûteuses de l'école, celle-ci a fait le choix de droits d'inscription progressifs. Ainsi, l'explosion des frais de scolarité de Sciences-Po ne concerne pas les plus défavorisés pour qui les études peuvent même être gratuites. En 2012 par exemple, 60% des familles françaises ne paieraient rien si elles envoyaient leurs enfants à Sciences-Po. Et plus significativement, en 10 ans, le taux de boursiers dans l'établissement est passé de 6% à 27%.

Enfin, non content d'ouvrir l'établissement aux catégories sociales défavorisées, Richard Descoings lança dès son entrée en fonction en 1996 l'objectif de rendre l'établissement international. Aujourd'hui 40% de ses étudiants sont étrangers et c'est la parité qui est visée pour les années à venir.

Sciences-Po a donc très clairement fait le choix de l'augmentation de ses frais de scolarité pour donner à son établissement toutes les ressources possibles pour en faire un fleuron mondial de l'enseignement supérieur. Et, à écouter les critiques étrangères, c'est un véritable succès, l'école est reconnue mondialement. Enfin, pour lutter contre l'injuste sociale que ces hausses des frais auraient pu causer, l'école a pris l'initiative d'imposer des droits d'inscription progressifs dépendant des ressources des étudiants.



Sources :

http://formation.sciences-po.fr/droits-scolarite

http://fr.wikipedia.org/wiki/Institut_d'%C3%A9tudes_politiques_de_Paris#De_1969_.C3.A0_1996

http://www.lenouveleconomiste.fr/le-business-model-sciences-po-13426/


Pour en savoir plus :

cf entretien de R. Descoings

Wednesday the 18th. Mines ParisTech