Le loup chez nos voisins européens

  • Les loups n’ont bien évidemment pas conscience des frontières et sont présents dans plusieurs pays en Europe. Cependant, à l’heure actuelle, chaque Etat gère cette présence de façon indépendante et les problèmes soulevés par le loup n’ont pas la même ampleur dans tous ces pays.

 

En Italie

  • Contrairement à la France, le loup n’a jamais disparu d’Italie. Ainsi, les éleveurs n’ont pas oublié les « bonnes pratiques » à appliquer pour s’en protéger.
  • Contrairement à l’élevage français, la production est beaucoup plus destinée au commerce du lait qu’à celui de la viande. Les habitudes d’élevage ne sont donc pas les mêmes. Par exemple, les moutons sont dans l’ensemble rentrés la nuit, ce qui les protège des attaques de loups. Les troupeaux sont également moins grands, alors que la pratique de l’élevage intensif s’est peu à peu imposée en France. Toutes ces raisons justifient le fait qu’en Italie, le loup ne soulève pas autant de controverses qu’en France (sources : entretiens avec Benjamin MORIAME et Bertrand SICARD).

En Espagne

  • Les loups étant peu nombreux en Espagne, il ne causent pas de réels problèmes aux bergers. Malgré tout, ils n’ont jamais totalement disparu et les éleveurs ont toujours conservé la tradition de la garde des troupeaux.

En Roumanie

  • En Roumanie, les loups sont très présents et le système de protection des troupeaux, adapté en conséquence, est efficace : deux à trois bergers et cinq à six patous s’occupent de la surveillance d’un troupeau en moyenne. Ce type de solution est inimaginable en France à cause du prix de la main-d’œuvre, beaucoup plus élevé qu’en Roumanie. Les bergers français n’ont pas les moyens de payer autant d’employés ni autant de chiens pour garder leurs troupeaux (source : entretien avec Bertrand SICARD).

En Scandinavie

  • La population de loups a été extrêmement importante au XVIIIe siècle en Scandinavie, mais considérés comme nuisible à l’homme, ils ont été presque tous exterminés. La problématique du loup y est donc différente de celle en France puisque la question de la survie de l’espèce est bien plus présente dans les pays scandinaves (sources : The Swedish Wolf Controversy Deconstructed).

Vers une gestion européenne du loup?

  • Les avis sont partagés sur cette question. Il paraît logique que les pays disposent d’études scientifiques transfrontalières étant donné que le loup a les mêmes caractéristiques d’un pays sur l’autre, en terme de mode de vie, de régime alimentaire ou de stratégies d’attaques. De telles études existent d’ores et déjà et même si elles se focalisent en général sur un pays (voire une région) en particulier, elles sont transposables dans les différents pays européens.
  •  Au vu de l’ouverture économique des frontières en Europe, explique Benjamin Moriamé, une mise en commun des mesures semble bienvenue pour répondre au problème du loup. Cela permettrait de placer tous les éleveurs sur un pied d’égalité et de ne pas défavoriser les pays où le loup cause beaucoup de dégâts. Si ce n’est pas le cas, selon lui, la France devrait mettre en place des quotas de viande importée pour créer une sorte de protectionnisme des bergers français. Ces derniers pourraient ainsi vendre leur viande plus chère et palier aux difficultés qu’ils rencontrent à l’heure actuelle. Mais la solution à la crise que rencontrent actuellement les éleveurs français doit-elle réellement venir d’un plan loup à l’échelle européenne ?
  • D’un point de vue pratique, une directive de l’Union Européenne serait difficile à mettre en place. En effet, chaque pays a son propre système d’élevage ovin (par exemple, l’Italie est plus concernée par le lait et la France par la viande), son propre niveau de vie (donc de salaire) et sa propre histoire vis-à-vis du loup. Par ailleurs, le loup n’est pas présent de la même façon dans tous les pays, ce qui veut dire que tous les pays ne seraient pas affectés de la même façon par une gestion au niveau européen de ce problème. Comment concilier toutes ces différences dans une organisation commune? A une gestion globale, il semble qu’il faille préférer du cas par cas. Néanmoins, la question n’est pas encore close et des évolutions en faveur ou en défaveur d’une gestion européenne sont possibles (sources : entretien avec Bertrand SICARD).

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