À quel coût ?

Pour beaucoup, le coût de l’électricité produite par les parcs éoliens offshore semble démesuré. En effet, cette électricité serait 3 à 4 fois plus chère que l’énergie nucléaire que nous avons en abondance. Alors pourquoi payer plus pour une production qui par ailleurs semble actuellement poser plus de problème que l’énergie nucléaire ?

Quels critères pour évaluer le prix de l’électricité ?

Le prix de rachat par EDF de l’électricité éolienne est déjà fixé. Pour les différents parcs, le tarif d’achat par EDF sera de 130 € par mégawattheure (MWh) pendant 10 ans, puis entre 30 et 130€ par MWh selon les sites pendant encore 10 ans. A titre comparatif, pour les éoliennes sur terre, le tarif d’achat par EDF est de 82€ par MWh pendant 10 ans puis de 28 à 82€ par MWh pendant encore 5 ans.

Le démantèlement et la remise en état des sites accueillant les parcs éoliens sont à la charge des consortiums. Le cahier des charges le mentionne explicitement. Ainsi, le prix de rachat de l’électricité éolienne offshore par EDF prend en compte l’installation, l’entretien et le démantèlement des parcs. La polémique n’est alors pas tant sur le coût de l’éolien, mais plutôt sur le prix effectif du nucléaire, qui peut être confronté au prix de l’éolien.

D’après le rapport de la Cour des comptes publié en janvier 2012, le coût de production de l’électricité nucléaire s’élevait en 2010 entre 33,1 et 49,5 euros par MWh « du point de vue du citoyen français ». Ce rapport présente précisément le périmètre et les « principes méthodologiques » de l’étude. Les critères considérés par ce rapport se veulent exhaustifs.1

Ce rapport de la Cour des Comptes a fait parler de lui : il souligne en effet que certaines charges financières futures sont encore incertaines. Ces charges sont :

Ce sont ces affirmations qui ont déclenché la contestation au niveau politique (menée par le parti EELV et relayée par beaucoup de médias) : l’État et EDF cacheraient les coûts véritables du nucléaire. Cependant, aucun chiffre, ou aucune critique sérieuse des méthodes de la Cour des Comptes, n’ont été avancés.

Quelle légitimité pour les éoliennes offshore sur le réseau électrique ?

Pour les acteurs de la controverse, la question de la filière industrielle de l’éolien en mer passe d’abord par la légitimité de la production éolienne offshore dans le bouquet énergétique français. Cette question de légitimité est liée à la définition de l’intérêt général, car les fonds qui financent les projets viennent directement des citoyens français.

C’est principalement le caractère intermittent de la production éolienne, qui est dû à sa dépendance par rapport au vent, qui revient régulièrement dans les différents débats publics, et ce caractère intermittent est un argument fort des opposants au projet.  En effet, si l’énergie éolienne n’est pas régulière et imprévisible, il y a nécessité de posséder des centrales thermiques prêtes à  fonctionner pour équilibrer à tout moment l’offre et la demande, car les centrales nucléaires ne peuvent pas être sollicitées à si court terme. On retrouve cette position chez des intervenants particuliers et dans des associations qui s’opposent au projet, comme Sauvons le Climat.

D’après Jean-Paul Roudil, spécialiste à RTE de l’intégration des énergies renouvelables sur le réseau, il existe des modèles de prévision très performants du vent de la veille pour le lendemain qui ont de faibles marges d’erreur. Son propos est confirmé par plusieurs articles scientifiques, parmi lesquels l’article « The state-of-the-art in short-term prediction of wind power: A literature overview. » produit par ANEMOS en 2011, et qui a été très relayé dans le monde scientifique.

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Sources


[1] : http://www.developpement-durable.gouv.fr/La-Cour-des-comptes-presente-le.html