Les associations environnementales

L’obsolescence programmée, et plus largement les déchets industriels, issus de notre consommation, peuvent causer des dégâts environnementaux. Il n’est donc pas étonnant que des associations environnementales, préoccupées par la pollution et la destruction de notre environnement, soient présentes dans le débat.

C’est particulièrement le cas pour l’une d’entre elle, principalement en France mais aussi ailleurs dans le monde : Les Amis de la Terre.

 

Les Amis de la Terre.  logo-AT

La fédération des Amis de la Terre est une association de protection de l’homme et de l’environnement créée au tout début du mouvement écologiste en France, dans les années 70. Aujourd’hui, l’association s’est développée dans le monde entier et est présente dans 77 pays, où elle regroupe plus de 2 millions de militants répartis sur les cinq continents. Elle se présente comme indépendante de tout pouvoir économique, politique et religieux.  Elle n’est donc en lien avec aucun parti politique même si elle est tenue de travailler avec les institutions pour faire avancer ses causes.

Ses buts sont clairs et s’inscrivent dans une tendance visionnaire : l’idéal premier est de développer des « sociétés soutenables au Nord comme au Sud » comme ils l’indiquent sur leur site web. Pour y parvenir, Les Amis de la Terre veulent, à terme, que :

-     les besoins humains fondamentaux soient satisfait pour tous,

-     l’accès et le partage des ressources naturelles soient équitables,

-   chacun puisse travailler dans un environnement sain et que chacun participe activement, en tant que citoyen, à l’élaboration d’une société durable et démocratique.

Partant du fait que les problèmes environnementaux et humains sont d’ordres politiques, économiques, et sociaux, l’association cherche des solutions qui intègrent, de même, des dimensions économiques, politiques, et sociales.

Leurs modes d’action passent par l’information, la sensibilisation et la représentation des populations touchées par les problèmes, la mobilisation citoyenne ainsi que l’action collective pacifique.

Enfin, les Amis de la Terre s’adonnent en France à la mise en œuvre, avec les forces politiques, de la transition écologique. Ils s’attaquent également aux problèmes agricoles et alimentaires, à la justice économique, aux enjeux énergétiques, ainsi qu’aux risques technologiques.

Il n’est donc pas du tout surprenant de voir cette association écologiste être un acteur important de la controverse autour de la programmation de l’obsolescence par les industriels.

Pourquoi s’attaquer à l’obsolescence programmée des produits industriels ?   

Comme nous la précisé Camille Lecomte, chargé des problèmes de mode de production et de consommation responsable aux Amis de La Terre, lors d’un entretien réalisé en février 2014 dans les bureaux de l’Association, si elle se préoccupe de la question de l’obsolescence, c’est du fait du simple constat du désastre écologique que cette pratique, avérée ou non, entraine.

 « Pourquoi nous, Amis de La Terre, qui sommes plutôt une association écologiste, nous travaillons sur ce sujet là ?

C’est surtout la question des déchets électriques et électroniques qui nous préoccupe. Nous avons constaté que ce flux de déchets augmente énormément et régulièrement, qu’il est en pleine croissance, contrairement aux autres qui tendent à se stabiliser voire à se réduire.  […] Donc c’est d’abord du point de vue des déchets et de leurs traitements, mais aussi à partir de la question des prélèvements des ressources minières que nous nous sommes penchés sur le problème.

Les Amis de La Terre ont commencé à entrer dans la controverse à partir de l’année 2010. Ils ont été parmi les premiers, en France, à révéler et dénoncer cette pratique, notamment grâce à un rapport, établit en coopération avec le CNIID (Centre National d’Information Indépendante sur les Déchets) sur cette pratique et le gaspillage qu’elle entraîne.

La définition  de l’obsolescence programmée que l’association écologiste considère est assez large : elle englobe toutes les formes d’obsolescence répertoriées à ce jour, à savoir, parmi les formes les plus décriées : l’obsolescence technique, l’obsolescence par incompatibilité, et surtout l’obsolescence psychologique.

Dans ce rapport, rédigé par Marine FABRE et Wiebke WINKLER, les Amis de la Terre constatent la hausse de la consommation, à l’échelle nationale et mondiale, des produits électriques et électroniques, qui serait dévastatrice pour la planète. Ils font ensuite le bilan, l’état des lieux de l’obsolescence programmée il y a quatre ans et les raisons pour laquelle elle peut être en partie tenue pour responsable de ce gaspillage à grande échelle. Les auteures du rapport soulignent ensuite l’indifférence face à la baisse de la réparation. Elles prônent finalement des actions citoyennes, entrepreneuriales et gouvernementales pour redonner une vraie valeur aux biens et renforcer les services. Le rapport à été établit à partir des données officielles de l’ADEME, et du ministère en charge de l’environnement, mais aussi des données de l’INSEE et de l’association de consommateur UFC-Que-Choisir. Ils ont également étudié les travaux d’universitaires (économistes, philosophes, …) et fait appel à des témoignages de professionnels, ainsi qu’à une enquête par questionnaire.

Cliquez sur l'image pour accéder au rapport en ligne.

Rapport des Amis de la Terre et du CNIID sur l’obsolescence programmée

Au delà de la préoccupation écologique, Les Amis de la Terre se battent également pour mettre fin aux conditions, parfois inhumaines, très souvent difficiles et dégradantes, dans lesquelles certains travailleurs de pays en voie de développement travaillent dans les mines où sont extraits les métaux rares qui se retrouvent dans nos produits électroménagers et électroniques. Les conséquences sur l’environnement proche de ses mines sont aussi parfois désastreuses (cf. Ile de Nauru), pour les populations locales et les espèces animales et végétales. Ils soulignent aussi que ces ressources sont présentes sur Terre en quantités très limitées, et que la surconsommation actuelle va très certainement entrainer dans les prochaines années une raréfaction de ces produit mettant cette fois ci en péril une grande partie de l’industrie technologique mondiale et pouvant créer

Quelles actions pour combattre cette pratique ?

Tout d’abord, l’association écologiste se félicite d’une première victoire : la révélation de la pratique et la prise de conscience des médias qui a permis une très large diffusion du problème, notamment par le biais des reportages diffusés sur France 2, Arte, ou bien des articles très fréquents qui traitent du sujet dans la presse nationale et locale. La controverse est rentrée depuis bientôt cinq ans dans l’espace public.

Les Amis de la Terre ont proposé dans divers rapports des mesures phares à mettre en œuvre rapidement, parmi lesquelles les trois principales qui sont :

  Allonger la garantie à 10 ans.
-   La création d’un délit d’obsolescence programmée
-   Un soutien au secteur de la réparation 

Pour les faire appliquer, ils ont travaillé avec des politiciens, notamment le sénateur, président du groupe Europe-Ecologie-Les-Verts, Jean-Vincent Placé, et le ministre Benoit Hamon, qui avait proposé en février dernier un projet de loi sur la consommation. Suite au relatif échec de cette collaboration (le projet de loi n’intègre pas les propositions de l’association, notamment l’extension de la durée obligatoire de garantie à 10 ans), Camille Lecomte cherche désormais à agir au niveau Européen avec le soutien des autres associations écologistes européennes.

Les Amis de la Terre sont enfin en contact régulier avec les associations de producteurs telles que le GIFAM et le SIMAVELEC, avec qui ils entretiennent des rapports plutôt collaboratifs. Ils côtoient aussi le théoricien de la décroissance Serge Latouche, auteur du livre à succès : Bon pour la casse, Les déraisons de l’obsolescence programmée.

Pour plus de renseignement sur l’association et ses actions, nous vous invitons à aller visiter  son site internet. http://www.amisdelaterre.org