Les « Think-tank »

Terra Nova.

TerraNova-logoBien que n’ayant traité la question que d’une manière indirecte, Terra Nova a eu une influence non négligeable sur l’éclatement de la controverse, principalement au cours de l’année 2012. Grâce notamment à son Rapport sur la Consommation, rédigé par Guillaume Cantillon et Dalibor Frioux et sa présence médiatique notable dans les journaux et à la télévision, le Think Tank progressiste est un acteur du débat public.

Comme nous pouvons le constater sur son site web, Terra Nova est ce que l’on peut appeler un « laboratoire d’idée ». Cette association, de droit privé et à but non lucratif, se dit « progressiste et indépendante », « ayant pour but de produire et de diffuser des solutions politiques innovantes, en France et en Europe ».

Créé en 2008 par Olivier Ferrand, ayant pour président du conseil scientifique Michel Rocard, et regroupant en son sein diverses personnalités de renommée nationale et internationales du monde politique (Daniel Cohn-Bendit, Bertrand Delanoë, …), scientifique et universitaire (le sociologue britannique Anthony Giddens, l’économiste Daniel Cohen et bien d’autres), les buts de cette fondation sont de favoriser la rénovation intellectuelle de la social-démocratie, de produire des expertises et des solutions politiques opérationnelles et enfin, d’inscrire son action dans un réseau européen et international de think tank progressistes.

             Ses interventions sur la scène publique, à travers le relais de divers médias, lui permettent d’animer et de susciter le débat public autour de grands enjeux nationaux et internationaux contemporains, tout cela dans le but d’améliorer les politiques publiques.

             La fondation s’est attaquée à l’obsolescence programmée en 2012, dans son projet Réinventer l’abondance, Pour une politique des consommations, rédigé par les rapporteurs Guillaume Cantillon et Dalibor Frioux. Partant de la fin des Trentes Glorieuses, où la consommation et la société d’abondance étaient reines, Terra Nova constate que les choses ont changé, que le mode de consommation dans lequel est ancrée notre société n’est plus celui de la consommation mais de la surconsommation, qu’il ne va plus vers l’abondance mais la rareté, qu’il ne permet plus de réduire les inégalités mais les augmentent désormais de façon quasi-inéluctables.

Environnement écologie vert_1

 
« En un mot, il faut réinventer ce que nous entendons par abondance : la surabondance promue aujourd’hui nous      mène droit à la rareté, à l’injustice, à la pénurie, aux           crises à répétition. »                                                                                                                      
  

Afin de remédier aux problèmes contemporains, la fondation prône le passage d’une consommation politique (consommer pour maintenir le système économique, l’illusion d’abondance dans laquelle nous nous trouvons) à une politique des consommations. Cela va avec l’établissement d’une définition d’une nouvelle morale de la consommation, le rééquilibrage de l’asymétrie de pouvoir et d’information entre consommateur et producteur, la régulation et le ciblage des stimulants classiques de la consommation et la définition d’une politique d’achat responsable propre au secteur public.

 « Notre société produit toujours plus de désirs relatifs et répond de moins en moins aux besoins absolus. Les ressources utilisées pour la satisfaction des désirs font de plus en plus défaut pour la couverture des besoins de base. Au Kérala, Coca-Cola pompe l’eau des nappes phréatiques, qui manque aux agriculteurs. Aux États-Unis, un quart de la récolte de céréales est destinée aux agrocarburants, tandis que les cours mondiaux de ces céréales souffrent d’une volatilité désastreuse. On voit par ailleurs s’y développer les conflits d’usage entre agriculteurs et compagnies d’exploitation des gaz de schistes. Au Pérou, les mines de cuivre nécessaires à notre électronique de loisir empoisonnent l’eau des riverains. »

Parmi ces larges projets, la dénonciation et la lutte contre l’obsolescence programmée tiennent une place parmi les nombreuses propositions du groupe. Dans la proposition 15, il souhaite « favoriser l’instauration progressive d’une garantie longue de 5 ans, puis de 10 ans pour les biens de consommation durables afin de lutter contre l’obsolescence programmée des produits » ainsi qu’établir une écotaxe qui « pourrait être ainsi modulée selon la durée de vie du produit ». De plus, il  critique les arguments de Bernard London dans son projet de loi des années 1930, en introduisant le fait que les ressources primaires ne sont pas abondantes sur la planète, et que le renouvellement des emplois et la stimulation économique qui sont supposés être permis par l’obsolescence programmée ne sont plus possibles dans le monde globalisé dans lequel nous vivons : les emplois créés par le renouvellement permanent des produits technologiques ne le sont plus en Europe, mais en Asie.

Ils mettent donc en cause le rôle du producteur, et prêchent pour un rééquilibrage des forces entre lui et le consommateur : cela passe par la fin du soutien à l’obsolescence ressentie, l’encouragement à l’égard du secteur de la réparation, l’information du client sur la qualité et la durée de vie du produit, sur son coût d’usage et sur sa réparabilité.

Si Terra Nova est un organisme indépendant, on peut constater que les liens idéologiques avec les associations environnementales comme Les Amis de la Terre, avec la communauté scientifiques, sont parfois forts. De nombreuses de ces recommandations sont reprises par les politiciens comme Benoit Hamon ou Jean-Vincent Placé et entrent aujourd’hui dans le débat public.

Pour plus de renseignements sur la Fondation, c’est ici.

Pour lire le rapport complet (très intéressant) de Terra Nova, Réinventer L’abondance, c’est .

 

Cartes sur Table

Le grand Think Tank Terra Nova n’est pas le seul à s’être préoccupé de la question cstde l’obsolescence programmée. D’autres, comme Cartes Sur Table, se sont aussi penchés sur la question, et tiennent leur rôle dans la propagation des idées novatrices. Ce dernier est un Think Tank ancré à gauche de l’échiquier politique.

Dans un article assez récent (juin 2013) proposé par l’économiste Daniel Isidore, Cartes Sur Table, qui avait envisagé l’extension de garantie et le passage de 2 à 5 ans en 2011, soit un an avant Terra Nova, et un an après Les Amis de la Terre, revient quelque sur ses  premières préconisations. Avec l’entérinement de la crise économique, le ralentissement durable de la croissance en Europe et surtout en France, d’autres mesures sont revendiquées par l’association pour ne pas fragiliser encore plus les perspectives de croissance économique du pays. Il s’appuie notamment sur le blog d’éconoclaste, pour justifier son revirement, en soulignant à son tour que :

- si les produits sont moins durables, ils sont aussi plus complexes.

- « certains producteurs se concentrent sur l’innovation et s’adressent à un public friand de produits nouveaux »

- « pour de nombreux produits, il est possible de trouver des marques qui produisent des biens durables »

- « la thèse du complot des industriels n’est pas démontrée. »

L’article vise finalement à nuancer la polémique autour de l’obsolescence programmée.

Pour plus d’information, cf. le lien de l’article.