La responsabilité des consommateurs

Le consommateur : premier incitateur au renouvellement ?

Alors que les associations écologiques et certains économistes accusent principalement les producteurs de biens industriels, on voit également émerger des articles accusant directement le consommateur. Deux principaux arguments semblent étayer cette idée : d’une part le consommateur désirerait acheter un nouveau produit pour remplacer un ancien toujours en état de fonctionner, d’autre part il serait l’incitateur même d’un tel phénomène en jouant sur la concurrence et contraindrait les producteurs à sortir toujours de nouveaux produits, rendant obsolètes les anciens.

Une obsolescence esthétique et psychologique impulsée par le consommateur ?

L’obsolescence esthétique, de par sa définition, pourrait être directement impulsée par le consommateur.

Parmi les conséquences imputées à l’obsolescence programmée, on trouve la surconsommation, le gaspillage et donc les déchets engendrés. Et si ce n’était pas l’entreprise mais les consommateurs le point de départ ?

On constate en effet, particulièrement au sujet des produits numériques, notamment les téléphones portables, qu’une grande partie de ces produit est jetée alors même que le produit fonctionne encore ou bien qu’il pourrait être réparé à moindre coût. Il s’agirait alors d’un phénomène psychologique, un problème sociétal de surconsommation, une mauvaise habitude du gaspillage, voire même d’une addiction à l’objet, d’une dépendance (sur ce point, se référer aux études critiques sur la société de consommation comme celle du philosophe Jean Baudrillard dans Le système des objets, ou La société de consommation).

Un autre problème d’habitude de consommation est mis en avant dans l’article de Damien Ravé, Obsolescence programmée : et si le problème, c’était vous ? : l’auteur indique qu’un des problèmes du phénomène mettant en jeu la responsabilité du consommateur est le fait que la durée de vie n’est qu’un des critères d’achat, donc le consommateur se laisse aisément aveugler par d’autres critères alléchants, négligeant le critère responsable de l’impact environnemental. Ainsi, même si des associations de consommateurs dénoncent la pratique de l’obsolescence programmée, le consommateur en tant que simple acheteur ne se prononçant pas sur le sujet,  néglige ce problème.

De même, dans l’article de Tristan Vey paru en 2012 dans Le Figaro, La fabrication à Dessein de Produits Fragiles est un Mythe, l’auteur met en évidence la préférence du consommateur pour les produits les moins chers, et donc nécessairement pour ceux dont la durée de vie risque d’être écourtée.

Une demande responsable d’un surplus d’offre ?

Une autre idée vient mettre en relief la part de responsabilité des consommateurs : et si l’obsolescence esthétique résultait de la consommation et non de la production ? Alors que les producteurs sont tenus responsables de véhiculer, à l’aide de stratégies marketings, l’idée qu’un nouveau produit est préférable à un ancien, il est également pensable que ce soit la société dans sa globalité, et donc les consommateurs qui incitent les entreprises, par le biais de la concurrence à créer de nouveaux produits pour remplacer des produits pas si anciens. Dès qu’il y a de la demande, il y a des bénéfices à faire, donc une offre se crée pour répondre à cette demande. C’est une idée présente dans l’article de Jean-Noël Kapferer, « Réinventer la marque ? », paru dans la Revue Française de Gestion. Les grandes marques doivent répondre à une demande en mouvance permanence, de plus en plus exigeante.