Traders : une rémunération trop élevée ?

«Why should a financial engineer be paid four times to 100 times more than a real engineer? A real engineer builds bridges. A financial engineer builds dreams. And, you know, when those dreams turn out to be nightmares, other people pay for it.» Inside Job [FER]

Quel système de salaire ?

Prenons quelques chiffres. Depuis la dernière crise financière, les banques doivent publier des rapports publics sur la rémunération de leurs employés. D’après ces rapport, la rémunération moyenne d’un trader à la Société Générale est de 823 000 euros et à la BNP 968 000 euros en 2013. Les activités de ces employés ont une influence significative sur leur entreprise, c’est pourquoi ils touchent autant que les cadres de l’entreprise.

En général, la rémunération fixe n’est pas très grande mais ce sont toutes les primes et bonus qui sont importantes. Celles-ci dépendent des performances de la banque, de l’équipe … Cependant la justice européenne a plafonné ces bonus. Les banques ont réagi et sont en train d’augmenter les parts fixes pour contourner cette loi.

Création de valeur

« Par le biais des équations et des algorithmes, elle transmute le plomb des créances pourries en titres d’or notés AAA. Certaines fictions sont utiles : l’innovation financière, comme l’a expliqué M. Greenspan, crée de la valeur. Et la valeur justifie les bonus… » [WAR]

On dit souvent que les banquiers ne créent rien…

Un système incitatif qui pousse au risque

Nous avons mené un entretien avec un analyste quantitatif. Selon lui les banques ont utilisé les modèles mathématiques car ils rapportaient beaucoup d’argent. Comme ils étaient très efficaces avant la crise, les banques sont devenus très gourmandes et ne se sont plus soucié de la véracité du modèle. Les traders, eux, n’ont rien à perdre sur une transaction : soit ils gagnent beaucoup sur une transaction, au pire ils sont virés et se font réembaucher rapidement.

Les salaires mirobolants  : coupables idéaux

« Car dans le procès d’attribution, les mathématiques ne sont pas le coupable idéal ; l’idéologie libérale qui a accouché de la déréglementation des marchés, l’invention des produits toxiques, et les rémunérations hors de proportion des traders et des managers semblent plus faciles à accuser. » [ARM]

On oublie un peu la responsabilité des mathématiques pour se concentrer sur des aspects plus polémiques : les rémunérations hors de proportions par exemple. Les mathématiques, elles, sont considérées comme neutres par le grand public.

«Les mathématiques financières, du fait des salaires mirobolants qu’elles proposent, ont attirés de plus en plus d’étudiants. Cette montée rapide en puissance des mathématiques financières a cristallisé, après la crise, la plupart des critiques. En effet, les modèles et les quants ont été accusés d’être responsables de la crise.» [NEK]

Nicole El Karoui, professeur de mathématiques financières, dit, au contraire, que toute l’attention et la critique post-crise se sont portées sur les mathématiques et non le système.

En plus d’une utilisation abusive par les corps de métiers spécialisés, nous allons voir que les modèles mathématiques ont cet avantage d’être esthétique au sens que la beauté d’une formule devient presque une preuve de sa véracité.