Une utilisation abusive des modèles ?

Si les  modèles mathématiques sont directement remis en cause dans la presse, car ils ne peuvent pas être neutres [WAL1], les mathématiciens défendent, quant à eux, leurs modèles et dénoncent l’utilisation qui en est faite.

Tous les acteurs ne font, en effet, pas la même utilisation des modèles mathématiques. Devant la variété des modèles existants et les fins d’utilisation des acteurs, nous proposons un schéma simplifié de l’utilisation concrète des modèles par les trois grands groupes d’acteurs sous forme de cartographie. Nous nous sommes entretenus avec des représentants de chacun de ces groupes. Les entretiens ainsi que des résumés sont disponibles sur le site.

La rémunération excessive et leur formation peuvent être des facteurs qui poussent les quants et banquiers à ne perdre le contrôle de ce qu’ils font, où à abuser des modèles en les poussant au bout de leurs possibilités et en les utilisant lorsqu’ils savent que ceux-ci sont en dehors de leur domaine d’application. C’est pourquoi, nombreux sont les spécialistes qui appellent à la prudence :

« Any virtue can become a vice if taken too extreme, and just so with the application of mathematical models in finance practice. I therefore close with an added word of caution about their use. At times the mathematics of the models become too interesting and we lose sight of the models’ ultimate purpose. » Robert C. Merton, [MER]

Un exemple d’abus est celui des produits dérivés.   Les  produits dérivés sont des produits mathématiques complexes  qui ont permis aux banques  de se couvrir, de passer les « stress tests » et de faire plus de marge car les marges des produits classiques s’effritaient. Du point de vue des entreprises qui craignent la volatilité du marché et demande des liquidités, ces produits présente donc un certain nombre d’avantages, mais posent un sérieux problème lorsqu’une crise survient.

Nous tenterons de présenter la question de la responsabilité des acteurs, puis le problème de l’esthétisme mathématique, qui a notamment entraîné une forme de confiance aveugle en les marchés.