Péages urbains

Santé et environnement


Le péage urbain peut avoir différents objectifs : réduire la congestion dans la ville, réduire la pollution ou financer les transports en commun. Dans tous les cas, le péage urbain réduit l’utilisation des véhicules par les particuliers, de manière plus ou moins marquée en fonction de la politique de l’infrastructure.

Cette baisse du trafic a des répercussions positives sur l’environnement et sur la santé. En effet, une baisse du trafic entraîne forcément une baisse de la pollution atmosphérique. Cependant si l’objectif du péage urbain n’est pas spécifiquement de réduire la pollution, la baisse du trafic n’est pas toujours assez importante pour avoir un impact notable sur la qualité de l’air. M. GLACHANT, directeur du CERNA (Centre d’économie industrielle des Mines de Paris) affirme même que le péage urbain n’est pas la meilleure solution pour réduire la pollution atmosphérique. En effet c’est un dispositif très complexe, qui demande une maintenance et un investissement très importants. Il est beaucoup plus simple d’augmenter le prix de l’essence en jouant sur sa taxe. Cette action fera baisser inévitablement l’utilisation des véhicules particuliers. Ainsi la qualité de l’air s’en retrouvera améliorée.

D’ailleurs très peu de péages urbains ont pour objectif principal l’amélioration de la qualité de l’air, seuls Rome et Milan se placent dans cette catégorie. La majorité des péages urbains ont pour objectif principal la fluidification du trafic et comme objectif secondaire l’amélioration de la qualité de l’air.

Voici les résultats de l’ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) sur l'amélioration de la qualité de l’air dans différentes villes où ont été implantés des péages urbains :



Dans le cas de Londres l’impact du péage urbain sur la qualité de l’air est négligeable et ne peut être mesuré pour diverses raisons mises en avant par L’ADEME:

  • La zone à péage recouvre une infime partie de l’agglomération (seulement 1,4%)
  • La présence de sites industriels aux alentours qui rejettent une grande quantité de polluants, la variation de ces émissions est supérieure à la baisse des émissions de CO2 dues au péage urbain.
  • D’autres initiatives qui visent à améliorer la qualité de l’air à Londres ont été mises en place dans le même temps que le péage urbain et il est difficile de différencier les impacts.

L’ADEME met donc en avant une diminution de la pollution dans les villes après l’implantation d’un péage urbain, tout en soulignant que ce n’est généralement pas l’objectif premier des péages urbains

Les bénéfices du péage urbain pour la santé et l’environnement se concentrent aussi sur la qualité de vie. En effet une baisse de la congestion entraine aussi une diminution des gênes des automobiles, c'est-à-dire les klaxons et les accidents de la route en zone urbaine. Comme le dit Louis Nègre grâce au péage urbain « on circule à nouveau bien, la qualité de vie est meilleure, l’économie fonctionne mieux […]». Ces effets sont difficilement mesurables, car ils ne sont pas quantifiés ou monétisés comme peut l’être le temps et n’ont d’impact qu’au second plan. Cependant le fait de ne pas avoir d’embouteillages, de pouvoir prédire le temps de parcours, d’avoir pas ou peu de klaxons qui retentissent dans la rue, d’avoir une route sûre ; ne rend-t-il pas une ville plus agréable à vivre ?

C’est aussi ce qu’entendent les défenseurs du péage urbain lorsqu’ils parlent d’un impact positif sur l’environnement. Les conditions de vie sont améliorées, la tranquillité des usagers de la route et des piétons est accrue. L’environnement est plus sain.

Charles RAUX, Gérard BRUN,"Etat de l’art sur les péages urbains : Objectifs recherchés, dispositifs mis en œuvre et impact sur la qualité de l’air". Rapport de l'ADEME

Mathhieu GLACHANT. "Introduction au péage urbain" Cours de Matthieu GLACHANT ENSMP, 2007

Remy LE BOENNEC, « Externalité de pollution versus économies d'agglomeration : le péage urbain, un instrument environnemental adapté ? », Revue d'économie Régionale & Urbaine, 2014, p. 3-31.