Introduction

INTRODUCTION

Mai 2013. La bataille pour la Mairie de Paris entre Anne Hidalgo (PS) et Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP) bat son plein. Le débat semble se polariser autour des votes d’une mystérieuse catégorie de population : les bobos. Le 27 mai 2013, Mme Kosciusko-Morizet déclare sur le plateau d’I-télé

« Je n’aime pas du tout les étiquettes. […] Je n’ai jamais compris ce qu’était un bobo ».

Et vous?

Pour comprendre qui sont ces personnes regroupés sous ce terme, il faut se pencher sur l’ensemble de la population parisienne et sur les dynamiques actuelles de peuplement de la capitale et de sa région.

Cliquer ici et rendez-vous à la Figure 5
Anne Clerval, « Les dynamiques spatiales de la gentrification à Paris », Cybergeo : European Journal of Geography [En ligne], Espace, Société, Territoire, document 505, mis en ligne le 20 juillet 2010. URL : http://cybergeo.revues.org/23231 ; DOI : 10.4000/cybergeo.23231

Le nombre d’ouvriers et d’employés à Paris chute et ce mouvement ne s’est pas arrêté depuis les années 2000, au contraire. Si les ouvriers et les employés partent, quelles sont les personnes qui les remplacent ?

A en croire cette seconde série de cartes, la part de la population Cadres et professions intellectuelles supérieures augmente parallèlement.

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Anne Clerval, « Les dynamiques spatiales de la gentrification à Paris », Cybergeo : European Journal of Geography [En ligne], Espace, Société, Territoire, document 505, mis en ligne le 20 juillet 2010. URL : http://cybergeo.revues.org/23231 ; DOI : 10.4000/cybergeo.23231

Paris perdrait donc des ouvriers et des employés, qui seraient remplacés par des cadres et professions intellectuelles supérieures. Il ne faut plus dès à présent se focaliser sur le simple terme de « bobos », mais bien sur des catégories beaucoup plus larges.
Ce processus urbain par lequel des individus aisés s’installent dans des quartiers populaires provoquant alors le départ de ses anciens habitants porte un nom : la gentrification.

Ce processus est ambivalent à plusieurs titres : il est à la fois spontané et mécanique. Spontané, d’une part, car il relève de logiques individuelles de choix de lieu d’habitation. Et mécanique, d’autre part, car la hausse des loyers pousse les habitants à chercher là où les prix sont plus faibles.

Dès lors, la ville appartient-elle au plus offrant ? Les personnes ayant un capital culturel, social et un patrimoine élevé sont-elles plus enclin à pouvoir s’installer là où elles le souhaitant tout en délogeant les anciens résidents de leurs quartiers ?

La gentrification porte sur l’espace géographique de la ville à plusieurs échelles, mais il est aussi question de l’espace social. Quels sont les liens entre proximité géographique et proximité sociale ? La lutte pour l’appropriation de l’espace géographique est-elle une lutte entre les groupes sociaux ?  Comment les inégalités sociales s’inscrivent-elles spatialement ?

Ce site a pour objectif non pas de répondre à toutes ces questions, mais de dresser un panorama du débat autour de la question de la gentrification. A travers l’approche par l’étude de controverses, le lecteur pourra se rendre compte des différents enjeux que soulèvent cette question et des différentes réponses qui peuvent y être apportées.

Notre analyse portera sur 4 points particulièrement saillants.

L’analyse du corpus d’articles de presse avec Gargantext des termes utilisés dans le débat et de leurs relations nous permet de distinguer les points principaux de controverse:

Grandes tendance (mots clés)
Emergence de grandes tendances autour de la controverse, analyse de la presse généraliste, Gargantext

 

  • Le premier concerne la définition même du phénomène. En effet, parler de « gentrification » nécessite de catégoriser les espaces géographiques et les populations dont il est question. Ainsi, les bobos, dont il était question pendant la campagne municipale de 2013, ne représentent qu’une infime partie du débat.
    Pour en savoir plus sur  la définition de la gentrification, cliquez ici.

 

  • Le second point concerne la question de la mixité sociale. Elle peut être utilisée comme justification de l’arrivée de nouvelles populations dans un espace jusqu’alors homogénéisé socialement par des catégories ouvrières. Cette mixité sociale existe-t-elle ? Vous pourrez lire ici les différents arguments de ce débat.

 

  • Le troisième point de débat concerne la marchandisation de la ville. La ville pouvant être étudiée sous le prisme du marché, il faut tenter de comprendre les logiques économiques qui motivent la gentrification. Entre offreurs et demandeurs, gentrifieurs et gentrifiés, la lutte des prix fait rage. Sur ce lien se trouve un aperçu de ces questions.

 

  • Le dernier point concerne la maîtrise du phénomène : doit-on chercher à freiner la gentrification ? Est-ce possible ? Comment rénover sans expulser ? Vous pouvez cliquer ici pour en savoir plus.