En résumé…

Nous présentons ici une synthèse du débat en reprenant les points importants développés dans les pages précédentes. Le but de cette page n’est pas de prendre parti ou d’aboutir à une conclusion sur le sujet, et nous laissons soin au lecteur de se forger son propre avis à partir de ce que nous lui proposons.

Quelles techniques existent pour conserver un ovocyte ?

La congélation d’ovocytes est un procédé maîtrisé relativement tard dans l’histoire médicale, du fait notamment des complexités engendrées par la taille de la cellule en question. Il existe aujourd’hui deux techniques pour congeler un ovocyte : congélation lente et vitrification. La vitrification est plus efficace que la congélation lente, mais n’a été développée que très récemment.

Comment fait-on pour prélever des ovocytes ?

Ce n’est pas un acte médical anodin : faire congeler ses ovocytes est un engagement important, qui prend plusieurs semaines et implique un traitement lourd. On cherche en général à prélever entre 10 et 15 ovocytes. Il faut d’abord stimuler les ovaires par traitement hormonal ; on procède ensuite à une opération chirurgicale pour prélever les ovocytes. La femme doit pendant toute la durée de la stimulation subir des examens médicaux réguliers (prises de sang, échographie).

Et si une femme veut utiliser ses ovocytes congelés, comment ça se passe ?

Il faut alors décongeler un des ovocytes et réaliser une FIV classique. Il peut être nécessaire de recourir à l’ICSI. On transfère ensuite l’embryon dans l’utérus de la femme.

Est-ce que ça marche ?

Les résultats donnés dans la presse, sur internet et dans les articles scientifiques donnent un spectre assez large de réponses, et nous conseillons au lecteur de se reporter à la page du site dédiée au sujet pour s’en faire une meilleure idée.

L’âge auquel on congèle ses ovocytes est un facteur déterminant : plus on les congèle tôt (autour de 25-30 ans serait l’idéal), plus la procédure a des chances d´aboutir.
Il faut noter que de nombreux « taux de succès » différents sont présentés par les différents acteurs : il faut dans chaque cas examiner de quelle manière ce taux de succès a été déterminé, et ce qu’il représente.

Y a-t-il des risques pour les enfants issus de ces techniques ?

Ces techniques sont récentes, et il y a donc peu de données à disposition pour véritablement en juger ; cependant la plupart des expériences menées jusqu’aujourd’hui montrent qu’il n’y a pas de risques particuliers pour l’enfant liés à la technique de vitrification en soi. Les risques liés à la PMA, en revanche, demeurent. Des risques peuvent également apparaître si la femme congèle ses ovocytes à un âge trop élevé, car les ovocytes congelés seront alors naturellement de moins bonne qualité.

Et y a-t-il des risques pour les femmes ?

Si la femme est relativement jeune (30 ans), les risques sont minimes (mais pas inexistants pour autant). Si la femme est plus âgée (40 ans), les risques sont plus importants.
Il y a des risques liés à la procédure : l´hyperstimulation ovarienne pouvant nécessiter hospitalisation et entraîner la mort, la torsion ovarienne pouvant nécessiter que l’on retire l’ovaire, des effets secondaires tels qu´une lourde fatigue ou une pesanteur abdominale, entre autres risques infectieux et hémorragiques. Il y a également des risques « naturels » liés à l’accouchement, qui s’aggravent avec l’âge : grossesses ectopiques, pré-éclampsie, hypertensions chroniques, maladies cardiaques et diabètes périnataux par exemple.

Dans tous les cas, nous conseillons au lecteur de se renseigner sur les probabilités associées à chaque risque pour s’en faire une meilleure idée (plus de détails sont donnés sur la page du site dédiée au sujet).

Au niveau légal maintenant : où en sommes-nous en France ?

La situation légale est complexe, mais concrètement, aujourd’hui, une femme n’a le droit de congeler ses ovocytes que si sa fertilité est menacée par un traitement médical ou une maladie. C’est une situation unique en Europe (tous nos proches voisins autorisent cette technique pour des raisons de convenance personnelle), et différents acteurs poussent ainsi pour changer la situation en France.

Dans les pays où c’est autorisé, ça marche comment ?

Au Royaume-Uni : Il est légal depuis 2000 d’utiliser des ovocytes congelés pour des traitements d’infertilité sous le contrôle de l’organisme de régulation (la Human Fertilization and Embryology Authority (HFEA)). La vitrification a été adoptée par la majorité des centres à partir de 2010, et la congélation lente n’est pratiquement plus utilisée. Différents acteurs s’intéressent aux manières d’encadrer ces techniques, comme le Royal College of Obstetricians and Gynaecologists et le British Fertility Society. Les propositions d’Apple et Facebook ont engagé au Royaume-Uni de nombreuses réflexions sur les implications sociales et éthiques de telles propositions, et ce débat y est toujours d’actualité. Un remboursement par l’Etat est possible si la patiente correspond à certains critères définis par le National Health Service (NHS).

En Espagne : La technique est autorisée en Espagne, et de nombreuses cliniques (notamment les cliniques IVI) la proposent à leurs patients. Les compétences de l’Espagne dans ce domaine sont reconnues internationalement : les cliniques espagnoles ont de nombreux clients provenant de tous coins du globe, France incluse.

Comment expliquer la situation française ?

Il y a un certain malaise en France vis-à-vis du débat, et celui-ci tend à se cristalliser plutôt qu’atteindre un véritable compromis. Les médias ont nui à l’image de l’autoconservation ovocytaire de convenance en focalisant le débat sur l’affaire Apple-Facebook. Les politiques sont souvent absents du débat, s’exprimant peu et ne prenant pas de position ferme. L’opinion publique quant à elle est souvent induite en erreur du fait d’informations tronquées ou incomplètes, et beaucoup de spécialistes déplorent que le public n’est pas suffisamment informé des techniques et des implications qu’elles peuvent avoir pour le patient. Certains acteurs expliquent aussi l’enlisement du débat en France en évoquant une mentalité généralement plus conservatrice ou plus méfiante vis-à-vis de ces nouvelles techniques médicales et éthiques. Quelles qu’en soient les raisons, la situation française exprime donc soit un malaise soit un désintérêt, dans tous les cas ne satisfaisant pas les acteurs qui aimeraient qu’une position plus définitive soit prise dans un sens ou dans l’autre.

Quelles conséquences pourrait avoir l’autorisation de ces pratiques en France sur le plan social ?

Certains jugent qu’autoriser l’autoconservation des ovocytes irait dans le sens de l’égalité hommes-femmes, car cela libérerait les femmes de certaines pressions imposées par leur horloge biologique (plus cruelles que celle des hommes en termes de fertilité), et éliminerait ce qui est vu comme une inégalité médicale (les hommes peuvent congeler leurs gamètes librement depuis longtemps). Ce point de vue n’est cependant pas partagé par tous : d’autres émettent des réserves en indiquant qu’autoriser ces pratiques serait ouvrir la porte à l’implication d’entreprises comme Apple et Facebook, implication qui pourrait se révéler dangereuse pour les femmes et signifierait donc au contraire un recul en termes d’égalité hommes-femmes.

Certains estiment de plus qu’autoriser l’autoconservation des ovocytes pourrait encourager les femmes à avoir des enfants tardivement, chose qu’on regrette déjà à l’heure actuelle. Ce point porte à débat. En effet, d’autres expliquent que les grossesses tardives sont un phénomène de société, indépendant de la possibilité de vitrifier ses ovocytes, et qu’autoriser cette dernière peut se faire sans encourager le phénomène en question. Quoi qu’il en soit, autoriser cette pratique pose la question des parents âgés : est-il bon pour l’enfant et pour la famille d’avoir des parents qui auraient l’âge de grand-parents d’aujourd’hui ? La réponse est loin d’être évidente, et différents points de vue s’expriment dans le débat.

Nous conseillons vivement au lecteur de se rendre sur les pages correspondantes pour avoir une vision plus globale des arguments mis en avant par les différents acteurs, et pouvoir ainsi se faire sa propre idée sur la question.

Et sur le plan financier ? Comment s’organiserait le financement des procédures si on autorisait l’autoconservation en France ?

Les cliniques européennes qui proposent cette intervention la facturent entre 5000 et 6000 € : un remboursement total sans conditions est donc difficilement envisageable (on ne l’observe d’ailleurs dans aucun pays ayant autorisé la technique). La question du financement partiel par l’Etat se pose alors, ainsi que du rôle des entreprises dans ce financement. Différents modèles ont ainsi été mis en avant, mais il n’y a pas aujourd’hui de conclusion unanime quant à quelle solution choisir si jamais l’autoconservation était un jour autorisée en France.



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