Est-ce dangereux ?

La vitrification des ovocytes demeure une pratique présentant potentiellement des risques pour la femme et l’enfant.

Les risques pour l’enfant

Les données sur des enfants issus d’une vitrification

Des risques pour l’enfant à venir peuvent exister. Une étude a été menée sur 165 grossesses issues de vitrification d’ovocytes dans trois centres au Canada, au Mexique, et en Colombie et montre que ces grossesses ne présentent aucune anomalie par rapport aux grossesses naturelles, ou effectuées suites à des fécondations in vitro.1 Jean-Philippe Wolf du CECOS de l’hôpital Cochin de Paris, nous a confié dans un entretien : « il n’y a pas de risques particuliers pour la santé de l’enfant outre les risques liés à la PMA. La vitrification ne nous semble pas faire de complications supplémentaires ».2

De plus, des recherches montrent que la vitrification n’est pas liée à des risques accrus de malformations congénitales.3

Les données issues de FIV et d’expériences sur des souris

On ne dispose cependant pas de données sur la santé d’enfants issus d’ovocytes vitrifiés sur le long terme, car cette méthode est trop récente. Les seules données disponibles sont celles issues d’études à partir d’enfants issus de FIV et d’expériences sur des ovocytes vitrifiés de souris qui suggèrent qu’il n’y a pas de risques notables. Les enfants issus de dons d’ovocytes constituent aussi une source d’information sur les risques potentiels : le docteur Antonio Pellicer, fondateur des cliniques IVI de Valence en Espagne, avait dit :« Je tiens à signaler que les études portant sur des générations issues de dons d’ovocytes ont été très concluantes : ces individus ne souffrent d’aucune anomalie génétique et peuvent se reproduire dans difficultés ».4

De nombreuses enquêtes, comme celle d’H. Colpin (2012) concluent qu’aucune différence significative sur le bien-être psychosocial n’existe entre des enfants conçus naturellement et conçus par fécondation in vitro.5 Les résultats des expériences sur souris montrent que la vitrification ne cause pas de changement significatif en ce qui concerne la locomotion ou la coordination motrice. Les effets sur le comportement émotionnel ont aussi été analysés : les souris issues d’ovocytes vitrifiés n’ont montré ni comportement de type dépressif ni comportement lié à l’anxiété : « No alterations were found in the behavioral characterization of adult offspring from vitrified oocytes compared with those from fresh oocytes ».3

Cependant les différences entre les ovocytes de souris et les ovocytes humains sont suffisantes pour qu’on prenne ces résultats avec prudence. Jean-Philippe Wolf nous a aussi affirmé que des risques liés à la FIV existent : « il y a des troubles de l’épigenèse chez certains bébés nés de FIV, donc des affections, qui sont des affections génétiques ».2

Comme l’affirme Hany Mostafa, gynécologue-obstétricien à l’University Hospital of Hartlepool and North Tees « we are lacking any long term data on this, so you cannot tell a woman it is totally safe ».6

En revanche des risques peuvent apparaître si les ovocytes d’une femme trop âgée sont utilisés. Pellicer, dans sa conférence, avait affirmé que :« retarder la grossesse est un véritable problème, car sans le savoir, les femmes utilisent alors des ovocytes abîmés ».4

On sait que des risques existent pour les enfants issus d’ovocytes non congelés mais âgés.7 On peut donc raisonnablement penser que la cryopréservation d’ovocytes pourrait améliorer la santé des enfants des femmes ayant choisi de repousser leur maternité.

Les risques pour la femme

Les risques les plus importants sont ceux courus par la mère. Deux scénarios peuvent se présenter pour une patiente demandant à recourir à la vitrification.

1) Dans le meilleur scénario, une femme d’environ 30 ans prend conscience du fait qu’elle n’aura probablement pas d’enfant dans les années qui viennent, par exemple parce qu’elle est célibataire. Elle veut néanmoins avoir un enfant, et elle sait que quand elle sera prête à en avoir, ses ovocytes auront trop vieilli ou sa réserve d’ovocytes aura trop diminué, ce qui la forcera à rester sans enfants ou à se tourner vers le don d’ovocytes. Les risques associés sont alors minimes.

2) Cependant le deuxième scénario, celui où une femme ne prend conscience du déclin de sa fertilité qu’en passant le cap symbolique des 40 ans et recourt à la cryopréservation est associé à de véritables risques. On peut diviser ces risques en deux catégories.

Risques liés à la procédure

La première catégorie concerne les risques liés à la procédure : « They are going to stimulate the ovaries of the women which are programmed normally to produce one egg ».6

La consommation de médicaments favorisant la super ovulation peut conduire à des hyperstimulations ovariennes ce qui se traduit par une hospitalisation de 1 femme sur 300. Ce risque pourrait être évité si ces médicaments n’étaient pas utilisées mais ceci conduirait à une réduction des chances de grossesse.8 Le traitement médical nécessaire est lourd et possède les effets secondaires potentiellement dangereux : « bleeding, infection, damage to the nearby structures of the ovaries, which is called ovarian torsion, which could end by causing the whole ovary to be removed. »6

Les risques liés à la stimulation de l’ovulation et à la ponction sont très faibles (de l’ordre de 1 à 3%) pour les femmes jeunes et en bonne santé selon une étude9: ils ne concernent donc que les femmes dans le scénario 2.

Salle de ponction
Source : Diaporama CECOS fourni par le Pr Wolf

Cependant, trop de femmes, jeunes ou plus âgées, mésestiment l’engagement que suppose une telle opération : il faut 4 à 6 semaines pour se préparer à la cryopréservation ; 2-4 semaines d’injections d’hormones de contrôle pour masquer l’effet du cycle hormonal naturel, et 2 semaines d’injection d’hormones stimulant la croissance des ovocytes. Deux ponctions (de 12 ovocytes chacune) sont nécessaires pour maximiser les chances de fécondation, et chacune impose des contraintes médicales lourdes : injonction quotidienne d’hormones stimulant les ovaires pendant 12 jours, avec des risques d’effets secondaires tels que la fatigue ou la pesanteur abdominale. S’effectuant par voie vaginale, une ponction présente en outre un risque infectieux et hémorragique de 1 pour 1000.9 Jean-Philippe Wolf nous a confié que 10 complications sur 20000 stimulations ont lieu et qu’il y a déjà eu des morts au cours des stimulations.2 En plus, Dr. Hany Mostafa affirme : « a girl in her twenties might have one to 2 rounds of stimulation to have the required number of eggs. A woman in her 35’s might require more than three or four rounds of stimulation. This would in extend increase the risk for the woman with repeated stimulations to try to have the required number of eggs».6

La ponction ovarienne
Source : Diaporama CECOS fourni par le Pr Wolf

Risques naturels

De plus, des risques naturels liés à l’accouchement existent et augmentent avec l’âge : « Les risques des grossesses tardives sont réels pour la mère et l’enfant : ils augmentent dès 40 ans et sont franchement majorés après 45 ans ».10

Une grossesse retardée pourrait conduire à des fort taux de grossesses ectopiques, à la pré-éclampsie, à des hypertensions chroniques, à des maladies cardiaques et à des diabètes gestationnels.8 Antonio Pellicer affirme que :« nous avons beaucoup de clientes de plus de 40 ans, et le risque de développer des aneuploïdes anormaux est beaucoup trop important dans ce cas pour se risquer dans une procédure lourde qui en plus pourrait s’avérer inutile ».4

Dès la quarantaine, les grossesses présentent de plus en plus de risques de complications aussi bien pour la mère (hypertension, diabète, mortalité) que pour l’enfant (prématurité, mort in utero). Au-delà de 50 ans, cela devient même très dangereux. La méthode présente des risques d’hypertension artérielle et de naissance prématurée dus à l’âge de l’utérus.11



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