Démocratisation ou mort du système éducatif ?

MOOCs et rentabilité

Plusieurs problèmes se posent quant à la rentabilité des MOOCs. En effet, la question de l’intérêt des personnes à se lancer dans les MOOCs est posée. Au-delà de l’investissement personnel et permanent du professeur, un MOOC coûte autour de 30 000€. De plus, en dépit de tous les services payants qui y sont associés (pour plus d’information, rendez-vous ici), les MOOCs demeurent très peu rentables[1]. De ce fait, seuls les MOOCs, lancés au sein des entreprises ayant les moyens matériels et financiers de les supporter, seront viables, ce qui irait à l’encontre du principe d’origine[2].

Par ailleurs, la question de leur réutilisation entre en jeu. En effet, dans la mesure où les MOOCs s’adressent à un public précis, il peut être très compliqué de les transposer à un public et à un contexte différents. En effet, ainsi que l’affirme Henri Isaac : le MOOC « sur mesure […] pour Total®, vous ne pouvez pas le réutiliser pour faire du Peugeot®. ». En outre, du fait de la rapidité de l’évolution aussi bien des techniques des MOOCs que des sujets qu’ils abordent, ils deviennent rapidement obsolètes, comme l’affirme Pascal Engel. Cette nécessité de renouvellement régulier génère, là encore, des coûts importants.

Cela pose problème, car si les MOOCs venaient à être le modèle dominant, on peut supposer que seuls les MOOCs rentables, c’est-à-dire les plus attractifs et raflant une grande audience, pourraient subsister, et non les meilleurs d’un point de vue académique comme l’avançait Rémi Sharrock. Dès lors, à termes, il y aurait un fort risque d’appauvrissement de l’enseignement et donc d’uniformisation[3] de celui-ci. Par conséquent, quelle peut-être la rentabilité des MOOCs ? Les diverses solutions proposées sont très controversées. Il convient de distinguer les rentabilités que peuvent espérer l’Etat, les établissements d’enseignement supérieur et les entreprises.

 

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Motivations affichées par les établissements d’enseignement supérieur

 

Les établissements d’enseignement supérieur

Tout d’abord, certains affirment que les universités en France manquent de moyens et de place, et que de ce point de vue, les MOOCs permettraient de faire des économies. Pascal Engel prend l’exemple des amphithéâtres surchargés, qui semblerait pouvoir être rapidement résolu en remplaçant les cours magistraux par des MOOCs, tout en maintenant des cours d’accompagnement plus personnalisés, sur le modèle des actuels TD. C’est d’ailleurs sur ce modèle qu’Henri Isaac envisagerait d’intégrer des cours en ligne à l’Université Paris Dauphine.

Globalement, les MOOCs permettraient de réduire le nombre d’étudiants sur les campus, tout autant que le nombre d’enseignants[4]. Néanmoins, cela pourrait avoir pour conséquence de remplacer l’intégralité de l’enseignement par des MOOCs, ce qui supprimerait la personnalisation de celui-ci et ainsi transformerait la nature des relations déployées dans le cadre éducatif. Pour plus d’information, rendez-vous ici.

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Les entreprises

Parmi les entreprises, il s’agit de faire la différence entre les entreprises utilisant les MOOCs pour former leurs salariés et les entreprises spécialisées dans la fabrication de MOOCs (comme edX ou Coursera).

La manière de rentabiliser les MOOCs pour les premières revient à se poser la question de la formation continue. Pascal Engel affirme que les entreprises peuvent utiliser les MOOCs pour former leurs propres salariés dans le but de :

  • Former leurs employés,
  • Introduire de nouvelles techniques de fonctionnement de l’entreprise,
  • Favoriser la progression interne,
  • Etc.

Les intérêts des secondes semblent plus directs : ils permettent de faire des économies sur le coût de l’enseignement puisqu’une limitation s’opère sur le nombre de professeurs, de moyens matériels, etc. tout en augmentant le public touché. Toutefois, cela pose la question des risques de la privatisation de l’enseignement. Pour plus d’information, rendez-vous ici.

 

Toutefois, bien que de telles questions s’imposent, notons que l’impulsion à l’origine des MOOCs n’était et n’est pas nécessairement une recherche de rentabilité. En effet, François Taddéi rappelle que certaines personnes espèrent à terme un retour sur investissement, optant ainsi pour le modèle du : « tu prends des parts de marché d’abord, tu discutes après. ». Par ailleurs, il souligne que les personnes qui s’investissent dans de tels projets sont souvent poussées par des valeurs humanistes de partage de l’éducation, s’inscrivant alors dans un autre cadre que celui de l’économie.

 

Le rôle de l’Etat →

 


[1] GEORGES Benoit, « Le MOOC est-il vraiment l’avenir de l’université ? », dans http://www.lesechos.fr/, 01/09/2014. Disponible sur http://www.lesechos.fr/01/09/2014/lesechos.fr/0203738330132_le-mooc-est-il-vraiment-l-avenir-de-l-universite–.htm (consulté le 6/05/2015).

[2] COMPAGNON Antoine, « MOOCs et vaches à lait », Le Débat, 180, 2014, p. 170-178, doi:10.3917/deba.180.0170.

[3] STIVE Dany, « L’université en ligne va-t-elle démocratiser le savoir », dans http://www.humanite.fr/, 24/01/2014. Disponible sur : http://www.humanite.fr/societe/l-universite-en-ligne-va-t-elle-democratiser-le-sa-557683 (consulté le 6/05/2015).

[4] STIVE Dany, « L’université en ligne va-t-elle démocratiser le savoir », dans http://www.humanite.fr/, 24/01/2014. Disponible sur : http://www.humanite.fr/societe/l-universite-en-ligne-va-t-elle-democratiser-le-sa-557683 (consulté le 6/05/2015).