L’État est-il trop important ? Dans un contexte où certains groupes civiques aspirent à un renouveau démocratique et à un système de décision plus participatif, le rôle de l’État est remis en question. En février 2016, le conseil départemental du Haut-Rhin proposait de conditionner certaines aides sociales à une participation dans des actions bénévoles. Le tiers secteur peut-il compléter, ou même remplacer l’action de l’État ? Autant de questions qui font écho à la Big Society. Cette politique, portée par David Cameron lors des élections législatives de 2010, se propose de redéfinir le rôle de l’État et de mettre les citoyens et les bénévoles au premier plan des services publics et de l’action sociale. Outre un cadre institutionnel facilitant le lancement de projets à dimension locale, le gouvernement libéral-conservateur a également initié une expérimentation de cette politiques, dans les zones des vanguard areas.

Les résultats de cette politique sont relativement contrastés. En effet dans un contexte économique succédant à la crise de 2008, nombreuses ont été les critiques, qui dès sa genèse, ont accusé la Big Society d’être un masque pour des coupes budgétaires. Le retrait de l’expérience de l’une des quatre zones d’expérimentation est aussi le signe d’un projet teinté de paradoxes. Dans un même temps, d’autres initiatives ont connu un succès, par exemple dans le domaine de l’éducation, via la mise en place des free schools, ou bien la réinsertion des chômeurs.

L’étude des tenants et aboutissements de cette politique et des expérimentations qui y ont été associées nous propose ainsi de découvrir un modèle d’organisation de la société tranchant avec celui que nous avons l’habitude de côtoyer, dont la question de l’applicabilité en France mérite entière considération.

Nous commencerons par expliquer le contexte et l’idée de la Big Society, avant d’analyser en profondeur l’expérimentation qui en a été faite. Celle-ci soulève plusieurs questionnements, autant sur le plan des financements que sur la transformation des rôles de l’État et de la société civile. Cet éclairage sur la Big Society en Angleterre donnera enfin des éléments sur son adaptabilité en France.

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