Associations de victimes et médiatisation


Il est toujours bien difficile pour un agriculteur, qui pense être victime des pesticides, de remonter à la source, chercher des coupables ou, tout simplement, se faire indemniser en déclarant par exemple la maladie comme maladie professionnelle. C’est en ce sens que des associations d’aide aux victimes des pesticides ont été créées : en effet des cas comme Paul François ne peuvent pas devenir une généralité, et une institution aura beaucoup plus de poids. Paul François a par exemple « créé Phyto-Victimes, une association d’aide aux agriculteurs empoisonnés, contactée par un nombre croissant de familles, de tous les secteurs agricoles » (La Croix, 10 septembre 2015, la difficile reconnaissance des maladies professionnelles en agriculture). La médiatisation récente des différentes affaires d’agriculteurs empoisonnés, et donc par extension des associations de victime, a fait que de plus en plus d’agriculteurs, qui se sentaient probablement seuls dans une lutte désespérée, ont pu se retrouver et témoigner au travers des différentes associations existantes (Phyto-Victimes, Générations Futures…).

Cette nouvelle cohésion a permis deux choses pour les agriculteurs :

  • d’une part, cela leur a assuré une meilleure médiatisation : les affaires liées aux pesticides commencent à être bien connues du grand public depuis quelques années. De façon générale, l’apparence d’une lutte de David contre Goliath fait que les gens soutiennent plutôt les agriculteurs, d’autant plus que les grandes firmes comme Monsanto ne font généralement qu’avancer qu’aucun lien n’a été précisément établis entre maladie et pesticides : mais le débat se résume-il seulement au combat entre deux camps ? Il faut aussi savoir que tous les agriculteurs ne cherchent pas à avoir cette image, qui pourrait presque inspirer la pitié : certains en effet assurent n’être exposés à aucun danger avec les pesticides et soutiennent que leur utilisation est nécessaire pour survivre. Dans une interview à La Croix, Paul François rend compte de cet état, puisque les mœurs sont difficiles à changer : « ma génération est celle du tout-pesticides, c’est nous qui en avons utilisé le plus, en volume et en dangerosité, sans jamais nous inquiéter de leur toxicité » (La Croix, 10 septembre 2015, la difficile reconnaissance des maladies professionnelles en agriculture).
  • D’autre part, et c’est notamment le premier travail de Phyto-Victimes, cela permet aux agriculteurs de rechercher plus facilement une indemnisation. Des aides à la procédure sont souvent exercés, et les sites des associations regorgent de conseils en la matière.

Lorsque l’on compare la taille des pro et anti-pesticides, on peut se demander si ces derniers ne sont pas étouffés par les premiers ; quelle est l’importance du poids des lobbys, en particulier aux niveaux politique et législatif ?