Plans gouvernementaux

L’utilisation des pesticides est en partie due aux autorisations gouvernementales. De fait, s’il y a des liens entre maladies chez les agriculteurs, le gouvernement se doit de préserver la santé de ses citoyens. Et ce au moyen de plusieurs plans gouvernementaux, dont le principal est le plan Ecophyto, lancé en 2008 et piloté par le ministère de l’agriculture. L’objectif principal de ce plan est de diminuer l’utilisation des pesticides tout en préservant le niveau de qualité et de production actuelle, soit diminuer de moitié l’utilisation des produits phytosanitaires en 2016, objectif qui n’a pas été atteint. De plus, le plan a pour vocation de préserver la santé des citoyens et de maîtriser les risques présentés par les pesticides , notamment grâce à la mise en place du certiphyto qui forme les agriculteurs à une utilisation responsable des produit phytosanitaires.

Les ministres de l’environnement Mme Royal et de l’agriculture M. Le Foll sont tous les deux très impliqués dans ces plans.

 

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Ségolène Royale 

 

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Stéphane Le Foll 

 

Suite à un premier échec de ce plan, Ecophyto a été relancé en 2015, en repoussant l’échéance de la diminution de 50% à l’horzon 2025.

Nous avons rencontré M. Nicolle, qui nous a présenté son opinion sur le plan Ecophyto. Vice-président de l’AMLP, association Alerte Médecins Pesticides, il était en temps que médecin directement confronté à la réalité du terrain, et au contact des agriculteurs :

« Le plan Ecophyto est un compromis entre les filières agricoles, les pouvoirs publics, les élus et les industriels : c’est un compromis politique faisant suite à un échec flagrant d’un premier plan ; je n’ai pas d’avis sur cette session de rattrapage. Ce qui pourrait nous intéresser en tant que médecins dans ce second plan est à relier aux texte de loi sur la LAAF (décembre 2014) : en gros l’organisation de la « phytopharmacovigilance » tant pour les opérateurs que les riverains et les consommateurs, le renforcement de la surveillance des milieux air et eau (tels que précisés par ailleurs dans le PNSE3 et le rapport de la cour des comptes de décembre 2015 souhaitant rendre obligatoire pour les AASQA (Réseau National des Associations Agréées pour la Surveillance de la Qualité de l’Air) la surveillance des pesticides dans l’air), et enfin le vœu pieux de substitution des substances CMR (Cancérogène, Mutagène et Reprotoxique)  ; ce qui nous inquiète aussi c’est l’oubli de catégories de travailleurs exposés (espaces verts, horticultures, serres, maraîchages, SNCF etc…)»

M. Jean-Charles Bocquet, ancien directeur de l’UIPP, a au contraire beaucoup plus de difficultés à croire en une possible réussite d’un tel plan :

«Je pense la même chose [au sujet du plan Ecophyto 2] que pour le premier plan qui est sorti en 2008, c’est à dire que c’est inatteignable . J’avais dit et écrit à l’époque que réduire les utilisations de produits phytosanitaires de 50 % d’ici l’horizon 2018 c’était pas possible, on est en 2016 et on est quasiment au niveau de 2008, donc ça montre bien que c’est pas possible, donc décaler de 2018 à 2025, c’est reculer mais ce n’est pas pour autant qu’on va y arriver. Parce que nous, avec les agriculteurs, les techniciens, on a déjà réduit de 40 % l’utilisation des produits phytosanitaires entre fin des années 90 et 2010, donc on savait très bien en 2008 quand on nous a demandé de réduire encore de 50 %, que ce n’était pas possible.»

Ainsi, l’Etat, à travers le ministère de l’agriculture, ne fait pas l’unanimité dans ses prises de décision. On peut alors se demander si le changement viendra plus du côté législatif, où se pose la question d’une nouvelle législation.