Le SAP : la négation de la parole de l’enfant ?

D’Outreau au SAP

Le procès d’Outreau a permis au docteur Paul Bensussan de présenter sa théorie, dite des « enfants carencés ». Il s’agit d’enfants, que le manque d’affection pousserait à inventer des abus sexuels. Ainsi, dans de nombreux cas de divorce, les enfants fabuleraient sur des actes du parent qui n’a pas la garde : influencés par l’autre parent (la plupart du temps la mère) ou bien  spontanément, ils inventeraient donc des actes de maltraitance ou d’attouchements. Cette théorie conduit donc tout droit  à l’aliénation parentale.

En effet, ces « mensonges » ou « souvenirs reconstruits » sont cruciaux dans la théorie de l’aliénation parentale, qui était jusqu’alors peu connue en France. Mais l’affaire Outreau a permis de faire changer les choses. Le fait que des témoignages d’enfants aient été réfutés prouve, pour les partisans de la reconnaissance du SAP, que le mensonge est possible chez l’enfant. Dès lors, on peut très bien envisager qu’il soit manipulé et qu’il lance de fausses allégations contre un de ses parents. Ainsi, de plus en plus de personnes militent pour que la loi reconnaisse la possibilité de la manipulation d’un enfant par un parent, sous la dénomination de SAP.

 

Mensonge et manipulation

La théorie du SAP présente un danger qui saute aux yeux de tous ses détracteurs. Si l’enfant est vu comme un menteur en puissance, on risque de ne plus jamais le croire, et ainsi de fermer les yeux sur des situations dramatiques d’abus sexuels ou de maltraitance. Cette crainte les pousse à rejeter en bloc la théorie du SAP, au point d’en parler comme d’un « dérapage pseudoscientifique » (Jean -Pierre Rosenszweig). Selon eux, ce serait même un simple outil permettant aux « mauvais pères » (violent, absents …) de se dédouaner et de rendre la mère responsable du rejet de l’enfant.

Il est donc essentiel d’avoir des critères pour distinguer le vrai du faux dans la parole de l’enfant, et ainsi ne pas confondre les cas d’aliénation parentale avec des vrais cas de maltraitance.

Pour ceci, Richard Gardner a donné dans sa théorie du SAP 8 points permettants de reconnaître le syndrome chez un enfant. On peut citer en particulier deux de ces points :

Pt. 2 : Rationalisation absurde : l'enfant produit des juridictions irrationnelles pour appuyer ses propos

Pt. 8 Adoption de "scénarios empruntés". l’enfant décrit des scénarios et des reproches grotesques que souvent, le parent avec qui il vit a exprimé. Il les reprend donc à son compte même s’il ne les a pas vraiment vécus.

Héritier de Gardner, Paul Bensussan invite à observer si la proportion entre les faits reprochés par l’enfant et l’hostilité qu’il a envers son parent est rationnelle. Il est alors facile selon lui de distinguer l’aliénation parentale des vrais cas de maltraitance.

Néanmoins, le SAP n’est pas reconnu aujourd’hui comme  une pathologie psychologique dans le DSM, et il n’existe donc pas de critères officiels pour diagnostiquer un syndrome d’aliénation parentale. Pour distinguer le mensonge issu d’une manipulation du réel traumatisme, les psychologues ne peuvent donc que se référer à l’échelle de validité SVA. Et aux faits, bien entendu.