Les circuits courts

   Une partie des consommateurs et des professionnels est d’avis que la seule façon de limiter cet impact de l’élevage sur l’environnement est de consommer des produits animaux de façon plus raisonnable, en acceptant par exemple d’en consommer peu mais à des prix plus élevés et des garanties éthiques et environnementales d’un plus haut standard. Plusieurs alternatives à l’élevage industriel émergent donc peu à peu.

   Outre le recours à des labels protégeant cette qualité du travail dans un élevage plus traditionnel, détaillé ici, une possibilité de plus en plus envisagée est le recours aux circuits courts : il s’agit de contourner la grande distribution en vendant directement du producteur au consommateur. Ce système a des avantages à la fois économiques et environnementaux.

   A prix constant pour le consommateur, l’éleveur touche une part plus importante que dans les circuits classiques puisque l’on retire les marges, non négligeables, de la grande distribution. Cela permet aux éleveurs de mieux vivre de leur activité, sans être dépendant des aides européennes et nationales.

   L’avantage est aussi environnemental, puisque ce type de commercialisation des produits animaliers est alors très fortement local, ce qui diminue les émissions dues aux transports et permet de maintenir les activités agricoles, qui contribuent à l’entretien du paysage, dans toutes les campagnes françaises. Selon François Sarrazin (1), le retour à cette vente locale serait aussi une manière de redynamiser la vie locale, en favoriasant les rencontres entre consommateurs et producteurs. Cet échange entre l’offre et la demande, intéressant pour l’économie aurait aussi des bienfaits sociaux, en plus des nombreux avantages du point de vue de la protection de l’environnement. La dimention collective des circuits courts, avec aussi l’exemple de fêtes locales, fait parti des principaux atouts de ce mode de consommation.

Une caricature représentant un consommateur, coupable de préférer des aliments importés de l'autre bout du monde à ceux produits localement.

Une caricature représentant un consommateur, coupable de préférer des aliments importés de l’autre bout du monde à ceux produits localement (image du site de la Maison de la Citoyenneté Mondiale)

 

  Cependant, comme l’expliquent Aurélie Dumain et Béatrice Maurines dans leur article “Composer les manières de gouverner” (2), en prenant l’exemple de la région Rôhne-Alpes, la mise en place des circuits courts et l’influence des autorités territoriales et nationales sur ce point est complexe, avec par exemple des problèmes de pérénisation des clients, demandant un bon équilibre entre offre et demande. Même si certaines idées semble bien réussir, telles que par exemple l’instauration de paniers frais, une économie sociale et locale est compliquée à développer et à étendre de façon généralisée, en particulier pour ce qui est de la viande. Elle demande un effort important des politiques pour permettre sa réalisation. Cette obligation de proximité complexifie évidement le système de distribution et ne convient pas toujours aux attentes des consommateurs, ce qui explique la difficulté de la mise en place de tels systèmes de façon systématique. Ainsi, l’article “Des kilos de CO2 cachés dans nos assiettes” sur le site réseau action climat France emploie des qualificatifs très forts pour désigner les attentes des consommateurs, considérant par exemple qu’ils veulent “tout, tout de suite, tout le temps”. Ces consommateurs seraient selon l’article réticents à acheter local, malgré les divers avantages que ce type de comportement peut présenter. En effet, d’après les auteurs, la seule façon de manger citoyen est de retrouver le rythme des saisons et la proximité des aliments ; et même dans les cas où cela n’est pas possible, pour les fruits exotiques par exemple, ils conseillent de se renseigner sur le moyen de transport utilisé pour transporter les marchandises. L’exemple de l’ananas est cité ; principalement importé du Ghana, un kilo d’ananas équivaut à 50g de CO2 émis lorsqu’il est transporté par bateau, contre 5kg par avion. De façon générale, le transport représente selon les auteurs une grande partie des émissions liées à l’alimentation (3), d’où l’intérêt de raccourcir les circuits de production et de distribution.

 

(1) Sarrazin F (2012), L’échange social plus fort que l’échange marchand (retour)
(2) Maurines B et Dumain A (2012), Composer les manières de gouverner (retour)
(3) « Le transport est devenu l’un des principaux impacts environnementaux de la consommation alimentaire », précise ainsi un membre du cabinet de conseil Utopie (retour)

 

Autres perspectives d’avenir >>