Conséquences économiques ?

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Quelles conséquences économiques sont à attendre de l’accroissement des droits accordés aux animaux ? Quelle est l’importance économique de l’élevage et de l’utilisation des animaux ? A quel point peut-elle être modifiée sans impact critique sur notre mode de vie ? Est-on capable d’assurer une transition supportable ?

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Une remise en cause de l’intégralité du système d’élevage

Par définition, accorder plus de droit aux animaux, voire à terme leur accorder le statut de personnes juridiques au même titre que les humains, revient à mettre en cause l’ensemble de la filière d’élevage et à envisager sa disparition.

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La consommation de viande en France

En 2010, un Français moyen consomme 20kg de viande de boucherie par an (environ 390g par semaine), avec toutefois de très importantes disparités dans la consommation : 29% de la population est un « grand consommateur » (CREDOC, 2010), c’est-à-dire mange plus de 490g de viande de boucherie par semaine.

La consommation de viande est donc une habitude profondément ancrée en France.

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Les premières retombées économiques

On voit donc que la filière représente une activité très importante dans le système français, et que la réformer impliquera obligatoirement des conséquences économiques qui concerneront le prix où la qualité des produits, et donc le public auquel les produits s’adressent.

En effet, lorsqu’un produit change de catégorie de prix, il passe alors de bien de consommation globale à bien de luxe, ou inversement. Les avancées technologiques nous habituent plus au sens inverse qu’au sens direct : voitures, ordinateurs, téléphones portables nous sont abordables alors que dans leurs débuts, seule une élite pouvait se les permettre. La hausse de qualité de la viande (que ce soit la qualité du produit ou la qualité avec laquelle il est créé) pourrait avoir un impact sociologique entraîné par un aspect économique.

La viande pourrait donc se retrouver propulsée au rang de produit de luxe, qui ne serait alors consommé que lors d’occasions festives, ce qui est en totale contradiction avec le modèle actuel de consommation de viande.

De manière parallèle, on pourrait assister à une mutation de la répartition du travail des éleveurs, et cette transition, en particulier avec le nombre d’aléas climatiques impactant les agriculteurs, pourrait laisser plusieurs milliers d’éleveurs sans emploi.

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Un impact sur les agriculteurs et les éleveurs

Aujourd’hui en France, on ne trouve pas moins de 515 000 exploitations agricoles, dont 339 900 exploitations individuelles. Ce nombre diminue au cours des dernières années en partie à cause des conditions climatiques rudes qui ont frappé le pays swot-up-1261538_1920ces dernières années, laissant certains exploitants sans récoltes pour l’année.

En parallèle, on dénombre 882 000 personnes ayant un emploi dépendant de l’élevage français. Cette dépendance varie selon les emplois, et se répartit comme suit : les emplois directs représentent 415 000 personnes, ceux très dépendants 207 000 et ceux assez à peu dépendants comptent pour 262 000 personnes.

En cas de réforme du secteur de l’élevage, on peut supposer que les travailleurs étant assez ou peu dépendants de l’élevage arriveront à se recycler ou encore à s’adapter aux nouvelles méthodes d’élevage et au nouveau type de production. En revanche, il est probable que tous les autres emplois, qui comptent pour plus de 600 000 personnes (soit à peu près le même nombre que les agriculteurs actuels), seront supprimés ou du moins beaucoup moins abondants.

Cela implique nécessairement une reconversion de plusieurs centaines de milliers de français n’ayant de l’expérience que dans un secteur très particulier. La solution qui vient le plus rapidement à l’esprit est donc de se reconvertir dans l’agriculture, mais le secteur traverse aujourd’hui une crise très grave et n’est pas en état d’accueillir un tel nombre de nouveaux emplois.

Il va donc falloir envisager une réforme du secteur agricole en plus de celle du secteur de l’élevage pour éponger la perte d’emplois dans ce dernier secteur. Il est cependant très difficile de savoir aujourd’hui si une telle évolution est possible, et encore moins quelle volonté politique cela demanderait.

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À long terme : un impact économique, social et écologique mondial

Supprimer tout un pan de l’alimentation humaine aura des conséquences économiques, sociales et écologiques majeures.

La transition, nécessairement progressive, demandera inévitablement :

  • une adaptation culturelle, surtout en France où la tradition de consommation de viande est profondément ancrée
  • une adaptation sociale : la viande est souvent perçue comme signe extérieur de richesse, et possède une valeur sociale intrinsèque
  • une adaptation économique : comme décrit précédemment, c’est toute la filière qui devra se reconvertir/se redistribuer sur les autres filières

Les enjeux économiques, au-delà de la simple disparition de la filière, sont énormes. La production de viande coute extrêmement cher économiquement. Il faut 10 calories de plantes pour arriver à produire 1 calorie de viande, sans parler du coût même de l’élevage, ce qui se steak-575806_1280répercute ensuite au niveau du prix de production et de vente de la viande par rapport aux seuls végétaux. La production de viande coûte également très cher écologiquement : elle entraine une consommation intense d’eau et d’énergie, nécessite de grandes étendues de terres cultivables ; entre 70 et 78% des terres agricoles dans le monde sont utilisées directement ou indirectement pour l’élevage.

Diminuer, voire stopper notre consommation de viande aurait donc un impact économique, social et écologique majeur car permettant une optimisation immense du rendement calorique par rapport à l’énergie de production nécessaire de la nourriture produite. Cela permettrait de réduire, voire faire disparaitre la sous-nutrition dans le monde.

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Références

INRA, Une étude inédite permet de chiffrer les emplois liés à l’élevage français, INRA, 30/06/2015. Disponible sur : http://presse.inra.fr/Ressources/Communiques-de-presse/Une-etude-inedite-permet-de-chiffrer-les-emplois-lies-a-l-elevage-francais (Consulté le 27/01/2016)

INSEE, Exploitations agricoles, INSEE, 2012. Disponible sur : http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=T13F172 (Consulté le 27/01/2016)

CREDOC, Evolution de la consommation de viande en France, Disponible sur : http://www.credoc.fr/pdf.php?param=pdf/Sou/Consommation_viande_CCAF2010 (Consulté le 27/01/2016)

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