Est-ce une priorité économique ?

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Le fait d’attribuer des droits aux animaux est-il une priorité économique ? Est-ce économiquement pertinent de vouloir arrêter l’exploitation animale de manière progressive voire radicale en ces temps troublés ? Est-ce adéquat de débattre de la légitimité ou non d’octroyer des droits aux animaux  ?

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Est-ce vraiment la priorité ?

Le contexte économico-social dans lequel la France s’inscrit depuis la crise économique mondiale de 2008 est un contexte dégradé et peu dynamique. Les dirigeants du pays se voient contraints de pallier cette crise, et n’ont donc pas forcément la motivation politique nécessaire pour s’occuper de questions comme celle du droit des animaux.

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Ainsi, les problématiques considérées comme étant les plus importantes et les plus visibles sont très récurrentes : chômage, baisse du pouvoir d’achat, système éducatif en berne, augmentation de la dette publique menacent l’économie du pays. Et à une plus large échelle, la crise économique mondiale, la crise des migrants en Europe et le bouleversement climatique sans précédent induit par les activités humaines menacent la stabilité de l’ordre mondial, voire l’existence humaine même.

Les détracteurs du droit des animaux sont donc enclins, non sans raison valable, à déclarer qu’il est futile, voire indécent de vouloir traiter d’un tel sujet en de tels temps. Pourquoi s’attarder sur un sujet aux retombées à première vue limitées, quand l’état du pays appelle d’autres décisions bien plus urgentes ?

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Est-ce pertinent économiquement ?

De plus, accorder plus de droits aux animaux revient à remettre en cause l’ensemble du système de production alimentaire reposant sur l’exploitation animale, voire à procéder à sa mise en arrêt progressive.

Les opposants à une telle éventualité, les syndicats agricoles en première ligne, pointent son caractère irréaliste et dénoncent le désastre économique et social qu’induirait un tel changement : destruction d’un secteur clé de l’économie française, perte d’emplois lié au secteur, changement radical dans notre manière de consommer, risques sanitaires de carences alimentaires à court terme.

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Une partie de la solution ?

Cependant, pour une multitude d’acteurs – ne se réduisant pas à la seule sphère des défenseurs des animaux, mais comprenant également des économistes et philosophes – une plus grande considération pour l’animal peut au contraire contribuer à régler les crises que nous connaissons aujourd’hui.

Ainsi, attribuer plus de droits aux animaux permettrait de s’attaquer à des enjeux écologiques et économiques de grande ampleur : la destruction d’écosystèmes à long terme, par exemple par la pêche intensive, le braconnage ou la chasse, l’amélioration de la qualité des denrées alimentaires consommées, etc.

Par exemple, il est démontré que l’élevage est responsable pour une grande partie de l’émission des gaz à effet de serre (18% d’après un rapport de la FAO), émettant principalement du méthane ayant un impact environ 3 fois supérieur à celui du CO2 en termes d’effets. Une diminution drastique des émissions dues à l’élevage permettrait donc de diminuer les émissions globales de gaz à effet de serre.

Le lien entre le droit des animaux et les autres crises majeures que nous connaissons sont donc liés, d’une façon plus intime que ce que l’on pourrait penser au premier regard. Il ne peut être établi de façon simpliste que le droit des animaux est secondaire par rapport à nos autres préoccupations, et les conséquences sur l’économie qu’aura une évolution du droit des animaux seront multiples.

Autre exemple : la production de viande coute extrêmement cher économiquement. Il faut 10 calories de plantes pour arriver à produire 1 calorie de viande, sans parler du coût même de l’élevage, ce qui se répercute ensuite au niveau du prix de production et de vente de la viande par rapport aux seuls végétaux. La production de viande coûte également très cher écologiquement : elle entraine une consommation intense d’eau et d’énergie, nécessite de grandes étendues de terres cultivables ; entre 70 et 78% des terres agricoles dans le monde sont utilisées directement ou indirectement pour l’élevage. Diminuer, voire stopper notre consommation de viande aurait donc un impact économique, social et écologique majeur, en tant que cela permettrait de réduire, voire faire disparaitre la sous-nutrition dans le monde.

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Références

L’OBS, La France a connu en 2009 la pire récession depuis 1945, L’OBS, 12/02/2010. Disponible sur : http://tempsreel.nouvelobs.com/economie/20100212.OBS6720/la-france-a-connu-en-2009-la-pire-recession-depuis-1945.html (Consulté le 03/03/2016)

Bartnik Marie,  L’économie française n’avait pas détruit autant d’emplois depuis 2009, Le Figaro, 11/12/2014. Disponible sur : http://www.lefigaro.fr/emploi/2014/12/10/09005-20141210ARTFIG00197-plus-fortes-destructions-d-emplois-depuis-2009.php (Consulté le 27/02/2016)

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