Une catastrophe aléatoire

On a souvent une vision négative et pessimiste de l’Anthropocène. Pour Paul Crutzen au contraire, et son point de vue darwinien, l’homme n’a pas détruit un équilibre ancien et pur, mais l’Anthropocène n’est que l’un des nombreux épisodes de reconfiguration géologique que la Terre a connu. L’histoire de la Terre est une succession de catastrophes aléatoires (éruptions, chute de météorites …), et non un havre de paix que les méchants hommes seraient venus souiller. (Legros et al., 2015)

Un état de la Terre

Pour la théorie du Earth System and Science (Steffen et al., 2016), l’Anthropocène est un nouvel « état » de la Terre. La Terre, est considérée comme un être vivant (Gaia hypothesis), et dès lors, quand on parle de la planète en tant que système, on utilise le terme « state » ou état et non ère géologique. En effet, si la Terre est comme un être vivant, elle passe par des hauts et des bas propres à des périodes géologiques. Les états de la Terre dépendent de facteurs extérieurs comme l’intensité des radiations du soleil ou l’impact de météorites, mais également de facteurs internes comme la dynamique terrestre, les mouvements de matière dans le noyau, la tectonique… La terre est globalement à l’équilibre énergétique mais elle subit de petites perturbations. Les éruptions volcaniques peuvent être des sources de perturbations locales. Aujourd’hui, la terre souffre d’un déséquilibre entre les sources de production de CO2 et les entités capables de l’absorber (les plantes par photosynthèse).

Le sommet du productivisme

L’anthropocène peut aussi être considérée comme une période moins géologique que sociologique. Agnès Sinaï souligne ainsi que notre époque est marquée non seulement par l’évolution des technologies, qui deviennent de plus en plus puissantes (et donc capables de modifier notre environnement), mais aussi par un état d’esprit bien particulier : le productivisme, extension de la société de consommation. Les modifications géologiques sont les effets tangibles d’un mode de vie qui a pour objectif de maximiser la production, quelle qu’elle soit. L’humain ne se rend compte de son comportement que lorsque que celui-ci est entravé par la nature, comme lors de l’accident de Fukushima. En somme, l’anthropocène caractérise une civilisation dont le mode de vie démesuré a des effets palpables sur la géologie. (Sinaï, 2011)

Pour passer à la question suivante, veuillez cliquer ici