La naissance du scandale

Source : Adinews

Le 18 Septembre 2015, l’EPA accuse publiquement le constructeur allemand Volkswagen d’avoir équipé certains de ses modèles d’un logiciel permettant de manipuler les résultats des tests d’émissions polluantes. L’autorité américaine a été alertée par l’ONG ICCT qui avait lancé depuis 2014 une enquête sur les émissions polluantes des véhicules diesel en conditions réelles. Elle avait alors missionné deux chercheurs pour réaliser des tests d’émission en conditions réelles sur route  et sur banc, ainsi que la CARB. Le résultat est sans appel: les émissions de NOx obtenues sont de 5 à 35 fois supérieures à la norme américaine, en fonction du véhicule. L’EPA et le CARB ouvrent alors une enquête qui leur permet de mettre en évidence l’existence d’un logiciel d’invalidation qui n’active le système de dépollution que lorsque le véhicule est contrôlé. C’est donc aux Etat-unis que ce scandale européen est né. Simultanément, de l’autre côté de la planète, la Corée du Sud parvient également à prouver la fraude de Volkswagen.

L’annonce publique faite par l’EPA en Septembre 2015 a non seulement marqué le début des procédures judiciaires pour Volkswagen, mais a également provoqué un scandale industriel et médiatique sans précédent dans le secteur automobile.

Le scandale médiatique

L’annonce de la triche – avouée quelques jours plus tard par Volkswagen – a projeté Volkswagen et dans une moindre mesure les autres constructeurs automobiles au coeur de l’actualité. Pendant plusieurs mois, les articles et communiqués de presse de constructeurs se sont multipliés, suscitant ainsi l’intérêt des consommateurs. On a ainsi pu noter l’apparition du terme “dieselgate”, et des pics dans le taux de recherche google des expressions “gaz toxique” et “pollution diesel” en Septembre 2015, comme le montrent les graphiques ci-dessous. Encore aujourd’hui, le dieselgate reste d’actualité.

Evolution du taux de recherche google de l’expression “pollution diesel” entre 2012 et 2017. Source : Google Trends

Dès l’éclatement du scandale médiatique du Dieselgate, la répercussion économique pour Volkswagen a été très importante. En effet, après l’annonce officielle de l’installation de logiciels de trucage sur ses véhicules, le groupe a subi une énorme dévaluation du cours de son action.

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Cependant, malgré ces difficultés économiques rencontrées par VW juste après l’annonce du scandale, le groupe a su se relever et atteint aujourd’hui des ventes record.

Une multitude d’enquêtes

Mais la presse n’a pas été la seule entité à réagir à la suite de l’annonce de la fraude de Volkswagen. En effet, plusieurs états européens tels que l’Italie et l’Espagne ont lancé des enquêtes sur les véhicules de Volkswagen et d’autres constructeurs par l’intermédiaire d’organismes gouvernementaux qui aboutissent parfois à des actions en justice. De même des organismes gouvernementaux et des associations non gouvernementales telles la DGCCRF, la FNE et UFC Que Choisir ont souhaité mener leurs propres enquêtes. L’objectif est de vérifier qu’aucun autre constructeur n’a installé de logiciel d’invalidation frauduleux. Mais ces enquêtes ont mis en évidence de nombreuses failles dans le processus de contrôle des émissions, ce qui nous mène à une remise en question totale du cycle d’homologation et de la normalisation des émissions d’échappement des véhicules diesel.

Un remise en question totale

Selon Greg Archer responsable véhicules propres au sein de la Fédération européenne pour le transport et l’environnement (T&E), l’affaire Volkswagen n’est que le «sommet de l’iceberg».

En effet ce qu’on appelle aujourd’hui Dieselgate dépasse le simple scandale Volkswagen puisqu’il remet en fait en question l’intégralité du système de contrôle des émissions. Il pose non seulement le problème de la représentativité des tests d’homologation effectués actuellement puisque les résultats d’émission ne correspondent pas aux émissions réelles, mais aussi celui de la pertinence des normes elle mêmes car même lorsqu’elles sont respectées sur le papier, elles ne le sont pas nécessairement en conditions réelles. Cela pose également la question de la pluralité des normes. En effet le Dieselgate est un scandale d’envergure mondial puisqu’il est né aux états-unis avant de se développer en Europe. Cela nous pousse à nous demander pourquoi il existe plusieurs normes alors qu’elles sont destinées à protéger une seule et même planète. Par ailleurs, la fraude de Volkswagen et les informations judiciaires ouvertes sur d’autres constructeurs tels que Renault ou PSA ont montré que le cadre de la légalité est difficile à cerner, en partie du fait de la régulation.

 

Sources :

Affaire Volkswagen. (2017, juin 6). Wikipédia.

Barbara Lewis. (2015, septembre 28). Le scandale VW ne serait que la « partie émergée de l’iceberg ». L’Obs

Michel Albouy. (2016, octobre 3). Volkswagen : actionnaires minoritaires contre actionnaires majoritaires. Contrepoints.org

Pierre Demoux. (2015, décembre 23). Ça s’est passé en 2015 : Volkswagen et le scandale des moteurs truqués. Les Echos