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Les Acteurs de la controverse

Start-ups

Les start-ups développent la technologie dans le but de la commercialiser et de toucher le grand public . Ces entreprises se sont développées très rapidement, notamment grâce à des investisseurs privés. Ces acteurs présentent la viande artificielle comme l’alternative idéale à la viande, tant au niveau environnemental qu’éthique, mais ils ont bien évidemment tout intérêt à vanter les mérites de la technologie qu’ils développent.

Investisseurs

Sergei Brin, Image Wikipedia

Les investisseurs privés sont de plus en plus nombreux à s’intéresser aux start-ups opérant sur la viande artificielle. On peut distinguer deux types d’investisseurs. D’une part, on peut citer des investisseurs « conventionnels ».Ces fonds d’investissement sont ainsi persuadés du fait que le progrès technologique peut révolutionner le marché de la viande, comme dans d’autres secteurs.On peut noter parmi eux des personnalités de la Silicon Valley, comme Sergei Brin, Peter Thiel ou encore Bill Gates. D’autre part, on peut remarquer que de grandes entreprises de l’agroalimentaire comme Tyson Foods investissent également dans les start-ups. Cela laisse à penser que certains acteurs historiques du marché de la viande misent sur le développement de la viande artificielle.

Consommateurs

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Les consommateurs, sont également partie prenante de la controverse. En effet, l’enjeu majeur de la viande in vitro repose sur son développement à plus grande échelle et son acceptabilité par les consommateurs. Il est à noter que la cible principale de la viande artificielle est bien l’immense majorité des consommateurs de viande d’élevage, contrairement aux substituts végétaux qui s’adressent plutôt aux végétariens. Il y a une certaine curiosité vers la viande artificielle, et la plupart des consommateurs qui ont déjà été sondés sur le sujet ont déclaré qu’ils accepteraient de goûter de la viande artificielle, mais pas forcément à un rythme régulier. Mais ils émettent tout de même certaines réserves notamment à propos de l’aspect peu naturel de la viande artificielle ou de son impact encore inconnu sur la santé.

Les consommateurs sont également visibles à travers différentes associations défendant entre autre le droit des animaux, tels que L214. Ces associations ont chacune des points de vue différents sur la question, que nous détaillons dans les enjeux.

Régulateurs

Les régulateurs, que ce soient des agences gouvernementales, des politiques ou des députés jouent un rôle majeur dans la controverse. En effet, en délivrant ou non des autorisations de commercialisation, ils peuvent influencer très fortement sur la diffusion à grande échelle de la viande artificielle. Un exemple est ainsi son appellation: peut-on appeler la viande in-vitro de la « viande »? La loi de novembre 2018 aux US va dans ce sens : pas d’appellation spécifique mais un contrôle plus strict. En Europe, le vote du Parlement Européen en avril 2019 a conclu que les substituts végétaux ne pouvaient pas être appelés des « burgers végétaux ». Les autres acteurs ne s’y trompent pas, comme dans bien d’autres secteurs : les lobbies concernant la viande sont très actifs.

Scientifiques

Jean-François Hocquette,

Chercheur à l'INRA, auteur de Is in vitro meat the solution for the future?

Jocelyne Porcher,

Chercheuse à l'INRA, auteur de Manger in vitro et vivre sans les animaux, un projet inhumain

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Images : Futura Sciences | Céline Levain

Les scientifiques interviennent en publiant des articles sur les enjeux, les avantages, les limites et le développement potentiel de la viande artificielle. Pour la plupart, ils appartiennent à des instituts de recherche comme l’INRA en France par exemple. Ils essaient de garder un regard objectif sur la situation et de juger des avantages et des impacts du développement de cette technologie. Toutefois, s’ils s’accordent tous à présenter les différents verrous technologiques, la question de l’utilité de la viande in vitro ne fait pas l’unanimité. Entre les questions d’économie des ressources (eau, électricité, réduction des émissions de gaz à effet de serre), de priorisation des solutions (« le gaspillage, un élevage plus herbacé et à plus petit effectif ou encore les changements de mentalité ne sont-ils pas à privilégier ? », Hocquette) ou des problématiques éthiques (« manger du “mort-vivant” ? », Porcher), la communauté scientifique reste divisée sur la question.

Journalistes

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Les journalistes ou éditorialistes participent également à la médiatisation du phénomène. Ils ont joué un rôle clé notamment en faisant connaître la viande artificielle en 2013 auprès du grand public, lors de la dégustation du premier burger. Certains peuvent y exprimer leurs opinions dans leurs articles. La plupart du temps, ils usent de leur plume pour dénoncer les possibles dérives de la viande artificielle au niveau économique, environnemental ou éthique. Ils sont parfois accusés de mettre trop en avant les potentiels avantages de la viande in vitro tout en minimisant les dangers. Ils jouent en effet beaucoup sur le côté sensationnel de l’innovation, comme la création du mot “FrankenBurger” par le journal L’Humanité en 2017. Avec les résultats de telle ou telle étude sensationnelle, ils peuvent aller voir les scientifiques pour leur demander ce qu’ils en pensent, quitte à les prendre de court.