Historiens, sociologues, démographes et philosophes

  • Etienne Balibar (1942- ) est un philosophe d’inspiration marxiste, auteur avec Immanuel Wallerstein de Race, nation, classe qui explique le concept de « racisme sans races » : Le racisme obéirait aux besoins de hiérarchisation des emplois formulés par l’avènement de l’économie-monde. Balibar considère également que le terme de « race » de la Constitution doit être conservé car sinon il s’agirait de « supprimer « symboliquement » l’une des expressions et des condamnations majeures de la discrimination et l’un des moyens de fait de sa répression [1] »
  • Pascal Blanchard (1964-) est docteur en histoire à l’université Panthéon Sorbonne et spécialiste de l’empire colonial français. Il est spécialiste de l’Empire colonial français, des enjeux de diversité et des histoires de l’immigration. Il explique qu’il existe un décalage concernant l’utilisation du terme de « race » entre la France et le reste du monde : « précautions oratoires françaises sont – incompréhensibles dans le monde de la science internationale » [1]
  • Laurent Bouvet (1968-) est un politologue. Il se prononce formellement contre les intellectuels qui défendent les groupes utilisant le racisme – même si ces groupes cherchent à défendre des populations défavorisées (comme les Indigènes de la République) [2]
  • Fabrice Dhume (1972 – ) est un sociologue français, auteur avec Vanessa Cohen de Dire le racisme, taire la race, faire parler la nation. La représentation du problème du racisme à travers la presse locale, ouvrage analysant la représentation des problèmes racistes dans le journal La Voix du Nord. Il montre comment la discours publique traite la question raciale dans le cadre d’un idéal d’unité nationale.
  • Eric Fassin (1959- ) et Didier Fassin (1955- ) sont des sociologues français. Eric Fassin est également militant de gauche et Didier Fassin est anthropologue. Tous les deux directeurs de l’ouvrage  De la question sociale à la question raciale, ils soutiennent qu’une réflexion sur la race ne peut être détachée d’une réflexion sociale. Le mot « race » est également pour eux une réalité sociale et le terme est nécessaire pour « dire l’indicible » et introduire une réflexion sur ce phénomène. Eric Fassin a notamment défendu le droit à la « non-mixité », par exemple par le biais d’organisation de réunions où les seuls participants autorisés seraient ceux victimes d’un certain type de discrimination.
  • Harold Garfinkel (1917-2011) est un sociologue américain, fondateur de l’ethnométhodologie qui est une approche sociologique étudiant les méthodes utilisées pour appréhender et produire un ordre social.
  • Colette Guillaumin (1934-2017) est une sociologue française qui s’intéresse aux questions du racisme et du sexisme. Cofondatrices des revues Questions féministes et Le genre humain, elle cherche à décrypter les mécanismes qui sous-tendent les rapports sociaux, en particulier ceux de domination. Décrivant le racisme comme une « violence fondamentale qui décrète l’ordre du monde », elle soutient que le concept de « race », s’il n’a pas de fondement biologique, reste néanmoins une réalité dans la représentation de la société. En particulier, dire que la race n’existe pas ne supprime en rien le racisme. Enfin, elle alerte ses contemporains sur la racialisation du groupe dominant via l’apparition de l’expression « racisme anti-blanc » qui a été une des conditions d’émergence des Etats racistes du XXe siècle. Ses réflexions ont apporté un changement majeur aux théories sur les rapports de domination dans la société.
  • Hervé Le Bras (1943 – ) est un démographe et historien français. Il a travaillé à l’INED et a enseigné à l’EHESS (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales). Opposé aux statistiques ethniques, il s’oppose à l’INED et notamment à Michèle Tribalat, arguant que : « La collecte de données n’est pas une menace en elle-même. Ce qui constitue une menace ce sont les catégories utilisées pour classer les données ». Il accuse l’INED de propager les idées du Front National et publie notamment en 1992 « Marianne et les lapins : l’obsession démographique », ce qui mène l’institut au bord de la dissolution. Il fait publier dans Population, la revue de l’INED, une étude reprenant des statistiques, qui d’après Michèle Tribalat, sont fausses [4], et établies par lui lorsqu’il travaillait à l’INED. Ce dernier lui intente un procès après la parution d’un nouveau livre sur le même thème que celui qu’il a écrit en 1992.
  • Pap Ndiaye (1965-) est professeur d’histoire nord-américaine à l’Ecole des hautes études en sciences -sociales. Il considère que le terme de « race » de la Constitution doit être conservé car il s’agirait d’un symbole fort dans la lutte contre le racisme : « Le droit est une arme, un outil dont on dispose pour agir sur la société. C’est pourquoi il faut conserver ce mot dans notre Constitution, comme une condamnation solennelle des distinctions fondées sur la catégorie imaginaire de la race » [1]
  • Alain Policar est un sociologue français qui a participé à l’écriture du
    Dictionnaire historique et critique du racisme. Il s’intéresse à l’histoire de la pensée sociologique et à la philosophie politique.
  • Patrick Simon (1964 – ) est un sociologue et démographe français travaillant à l’INED, et qui a travaillé sur l’étude TeO (Trajectoires et Origines) en 2008. C’est un défenseur de l’utilisation des statistiques ethniques.
  • Pierre-André Taguieff (1946-) est un politologue, historien des idées et directeur de recherche au CNRS honoraire français. Il se prononce contre le retrait du terme de « race » de la Constitution au regard de l’histoire et car « réduire la lutte intellectuelle contre le racisme à la négation des races humaines implique de reconnaître que si ces dernières existaient, le racisme serait légitime. C’est donc se montrer singulièrement imprudent, voire irresponsable »[3]
  • Daniel Teysseire (1942- ) est un historien français ayant recensé l’usage du mot « race » dans divers ouvrages datant de différentes époques afin de retracer l’évolution de son sens au fil des siècles. Ces travaux sont regroupés dans son article De l’usage historico-politique de race entre 1680 et 1820 et de sa transformation.
  • Michèle Tribalat (1950 – ) est une démographe française travaillant à l’INED. Elle travaillé sur l’étude Mobilité Géographique et Insertion Sociale en 1992. Elle a toujours défendu l’utilisation de statistiques ethniques. Elle est l’auteure de « Statistiques ethniques, une querelle bien française », écrit en 2016.

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Bibliographie

[1] Vincent, Catherine. « Faut-il vraiment retirer ce mot de la Constitution? » Le Monde. Publié le 30 juin 2018. Consulté le 29 mars 2019. <https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/06/28/et-si-le-mot-race-etait-utile-dans-la-constitution_5322600_3232.html>.

[2] Passot, Vianney. « Bouvet : “Que des universitaires défendent Houria Bouteldja est un crime contre l’esprit” ».  Le Figaro. Publié le 23 juin 2017. Consulté le 29 mars 2019. <http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2017/06/23/31003-20170623ARTFIG00122-bouvet-que-des-universitaires-defendent-houria-bouteldja-est-un-crime-contre-l-esprit.php>.

[3] Mélin-Soucramanien, Ferdinand. « Supprimer le mot «race» de la Constitution : oui, mais… » Libération. Publié le 13 juillet 2018, Consulté le 3 avril. <https://www.liberation.fr/debats/2018/07/10/supprimer-le-mot-race-de-la-constitution-oui-mais_1665506>.

[4] Tribalat, Michèle. « Les statistiques ethniques sont indispensables à la connaissance ». Publié le 28 février 2016. Consulté de 2 juin 2019. <http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2016/02/26/31003-20160226ARTFIG00378-michele-tribalat-les-statistiques-etniques-sont-indispensables-a-la-connaissance.php>