La question du voile

Le bien être des enfants immigrés à l’école, qu’ils soient de première ou de deuxième génération est lié à des problématiques d’intégration de ces derniers au sein du système français.

L’acceptation ou non par le système français de certaines coutumes, par exemple religieuse, est parfois centrale dans ce processus d’intégration. Une des questions les plus marquantes à ce niveau là est celle du port du voile à l’école.

La controverse part d’une opposition simple. La religion musulmane impose, au travers de la charia (guide des coutumes musulmanes) le port du voile aux femmes et aux filles. Cependant, l’école française est laïque. Le port du voile s’accorde-t-il avec ce principe de laïcité? Dans quelles mesures le port du voile impacte-t-il la capacité d’intégration des enfants musulmans?

L’affaire du voile

La controverse éclate en 1989 avec l’affaire de Creil. Trois élèves musulmanes sont exclues du collège Gabriel-Havez de Creil dans l’Oise à la demande du directeur car elles refusaient d’enlever leur voile au sein de l’établissement.

Cette affaire fait rapidement la une des journaux et arrive au centre du débat politique. Il y de plus un effet boule de neige avec de plus en plus d’affaires de ce type qui commencent à être médiatisé ce qui provoque la réaction de nombreux acteurs importants comme Lionel Jospin, ministre de l’éducation à l’époque ou encore des associations telles que SOS racisme.

L’avis des filles

Fadhloun dans “de l’affaire du voile au débat sur la laïcité. Analyse des discours des acteurs du débat: enseignants/élèves” , réalise une étude où il recueille l’avis des filles voilées ayant été au coeur d’affaire de ce type (elles sont pour la plupart déscolarisées), ce qui est assez rare [29].

Tout d’abord statistiquement, ces jeunes filles sont majoritairement issues de l’immigration économique. Leur identité en tant que citoyens français à part entière reste très fragile notamment à cause de l’importante empreinte de leur culture d’origine.Le refuge dans la religion peut donc être le synonyme d’une quête identitaire. Elle voient donc le voile comme une partie de leur identité ce qui explique qu’il est inenvisageable pour elles de le retirer. Le port du foulard n’est donc pas un signe de soumission ou bien de rébellion mais bel et bien un signe d’émancipation pour ces jeunes femmes.

On se rend compte qu’à la question “ Comment voyez vous les possibilités de conciliation entre vous, jeunes filles musulmanes voilées, et les enseignants et chefs d’établissement, représentant de la laïcité et de la république française?”, 40% des filles répondent que la réconciliation paraît impossible. Certaines sont plus modérées mais aucune n’affirme que la réconciliation est sur la bonne voie par exemple. L’intégration de ces élèves semble donc très fortement compromise.

L’avis des professeurs

Une interrogation a également été mené auprès des professeurs et la plupart sont hostile au port par l’une de leurs élèves du foulard en classe (environ 60%). Ils invoquent souvent l’argument de la laïcité pour justifier leur position. Mais le voile est-il réellement anti laïque et de ce fait intolérable dans les établissements français?

Une remise en question de la laïcité

C’est par exemple ce que laisse penser Lionel Jospin en affirmant qu’il faut respecter  « la laïcité de l’école qui doit être une école de tolérance, où l’on n’affiche pas, de façon spectaculaire ou ostentatoire, les signes de son appartenance religieuse» . A l’inverse, la présidente de SOS racisme en 198 affirmait: “scandaleux que l’on puisse au nom de la laïcité intervenir ainsi dans la vie privée des gens, malmener les convictions personnelles”

Cependant comme le dit Edgar Morin “il est au remarquable, qu’au sujet de l’affaire du foulard, les opinions antagonistes sont toutes légitimées au nom de la laïcité. Elles témoignaient surtout qu’on ne savait plus exactement ce que signifiait la laïcité, et qu’un “trou noir” s’était creusé sous ce terme”. En effet, certains signes d’appartenance religieuse ont toujours été toléré comme des croix pour les chrétiens des étoiles de David pour les juifs par exemple ou encore des mains de Fatma pour les musulmans. De plus, les écoles mettent souvent en place des menus de cantine adaptés aux contraintes religieuses de certains et une directive de l’éducation nationale pousse les établissements à accepter les absences justifiées par des fêtes religieuse importantes. Quelle est donc la limite de la laïcité? C’est la définition de terme qui est, en vérité à l’origine de l’affaire du voile.

 

 


Que peut-on en conclure?

 

Pour conclure, le port du voile a amené au devant de la scène une affaire où la religion entrait directement en conflit avec l’éducation nationale cependant cette problématique peut être élargie. Au vue du cas extrême où ces filles se sentent pour la plupart exclu du système scolaire, on peut se demander si d’autres immigrés ayant pour patrimoine des coutumes religieuses importante ne rencontre pas à divers degrés ce problème.

 

"Il est au remarquable, qu’au sujet de l’affaire du foulard, les opinions antagonistes sont toutes légitimées au nom de la laïcité. Elles témoignaient surtout qu’on ne savait plus exactement ce que signifiait la laïcité, et qu’un “trou noir” s’était creusé sous ce terme"
Edgar Morin
sociologue et philosophe