Les critiques des experts de la HAS à l'encontre des associations

La position de la HAS

Dans l’argumentaire scientifique de la Haute Autorité de Santé (HAS) [1], publié pour appuyer les recommandations officielles, la position de la HAS est claire : le débat scientifique doit être laissé aux experts. Pour la HAS, les allégations des associations qui affirment que faire vacciner son enfant ou simplement jouer avec lui peut lui causer des hématomes sous-duraux ne font qu’entretenir la confusion sur les connaissances du syndrome du bébé secoué. De plus, la HAS accorde une grande importance à la protection de l’enfant et à son statut de victime [2]. La HAS s’indigne de la légèreté des peines appliquées : elles sont en effet bien inférieures aux peines encourues. Ainsi, selon l’argumentaire, depuis 25 ans, le fonds de garantie des victimes d’infraction pénale a ouvert 350 dossiers, alors que selon l’estimation de la HAS, plus de 5000 enfants ont été victimes de secouement dans cette période.

Les vives critiques à l'encontre des experts des associations

Les experts ayant participé à l’élaboration des recommandations officielles de la HAS sont souvent assez virulents à l’encontre des contre-expertises des associations de victimes. En effet, les associations, pour étayer leurs arguments, font appels à des contre-experts. La légitimité de ces derniers à parler d’un sujet aussi complexe est vivement critiquée [3].

Selon l’argumentaire, comme le terme de SBS implique qu’il y a un auteur, la réponse de la défense est très violente : elle remet en cause très fermement les connaissances initiales sur le sujet. D’après le Professeur Jean-Sébastien Raul, que nous avons interviewé au téléphone (voir la rubrique Interview dans l’onglet Références [3]), la polémique sur le SBS est alimentée par les avocats de la défense qui cherchent à trouver des failles juridiques pour alléger la peine de leurs clients, quitte à décrédibiliser le travail des experts et par extension les recommandations de la HAS.
La polémique sur le SBS est alimentée par les avocats de la défense qui cherchent à décrédibiliser le travail des experts

On peut citer les recommandations de la HAS :

« Ce syndrome implique de nombreux champs professionnels : médical, médico-social et social, juridique et judiciaire. Parmi les professionnels, la méconnaissance du sujet (en particulier l’extrême violence du geste / son caractère répété / la fréquence des séquelles) et le poids des idées reçues (on peut,en jouant avec un enfant,créer les lésions du SBS) sont majeurs. Ceci est à l’origine de divers dysfonctionnements, toujours au détriment de l’enfant. (…)

De plus, les réflexions médicales et scientifiques concernant le SBS sont fortement polluées par les conséquences médico-légales toujours présentes. En effet, poser ce diagnostic revient à dire qu’il y a un auteur. Aux États-Unis en particulier, cela amène les défenseurs d’auteurs supposés à remettre violemment en cause les diverses connaissances et même à nier jusqu’à l’existence du SBS. »

D’autre part,  plus, la politique de communication des associations est jugée « agressive » par certains experts ayant participé aux recommandations de la HAS. Le professeur Raul dénonce ainsi : « leur politique de communication me fait penser aux “fake news” qui inondent la toile. Ils sont passés experts dans la manipulation via les réseaux sociaux. »

Références

[1]Alexandre, P. (2017). Haute Autorité de santé. 8.
[2] Laurent-Vannier, A. (2018). Bébés secoués : La priorité doit être donnée à la protection de l’enfant. Le Monde.
[3] Interview Pr Jean-Sébastien Raul