Éric Delmas se présente comme le représentant moderne du catharisme en tant que courant religieux. Il n’est pas historien mais a beaucoup étudié l’histoire et les croyances des cathares, et a à présent choisi de vivre selon leurs préceptes. Il aspire à recevoir, à terme, la consolation (équivalent du baptême chrétien) et il est un membre fondateur de la communauté cathare actuelle, qu’il fait vivre par sa présence sur les réseaux sociaux.

Vivre selon la religion cathare:

Eric Delmas a choisi, depuis quelques années, de vivre une vie ascétique en accord avec les principes cathares. En effet, il explique que les cathares, aussi appelés “justes” ou “hommes bons”, appliquent à la lettre le message de Dieu “Aimez-vous les uns les autres”, dont découle un certain nombre de règles:

  • La règle de justice et de vérité: un cathare ne doit pas se préférer aux autres. Dans la vie quotidienne, cela se traduit par le fait de ne pas voter, ni diriger les autres.
  • Les cathares prônent la non violence absolue, y compris dans l’objectif de faire cesser un mal. Ils ne se jugent pas en capacité de porter un jugement, donc se doivent d’être bienveillant avec tout le monde  (y compris avec les animaux, d’où leur régime végétarien).
  • Il n’y a pas, au sein de la communauté cathare, de hiérarchie verticale. Un évêque organise le diocèse, mais cette nomination est purement fonctionnelle.

S’ajoute à ces règles de conduite un certain nombre de prières, qui rythment la vie cathare.

La communauté cathare actuelle:

Toutes les obligations cathares sont très contraignantes et incompatibles avec une vie de famille, ce qui explique pourquoi Eric Delmas est selon lui-même l’une des seules personnes à aspirer à ce jour au baptême cathare. Il existe cependant une communauté, principalement en Occitanie, qui adhère aux idées cathares. Quelques centaines de personnes gravitent ainsi autour du sujet, et se rejoignent principalement sur Internet. Les cathares rejettent le prosélytisme, mais Eric Delmas expose leurs idées sur son site ‘catharisme.eu’, qui regroupe articles à propos du catharisme, un corpus de sources historiques et des informations sur les rassemblements cathares qui arrivent. Il entretient également une page Facebook, “Catharisme Aujourd’hui” et a écrit un livre, Catharisme d’Aujourd’hui.

Ces moyens de communication restent essentiellement consultés par des personnes déjà proches des idées cathares, comme en témoignent un sondage figurant sur le site ‘catharisme.eu’, selon lequel 80% des personnes ayant répondu considère que le catharisme est “une spiritualité encore vive”.

Sa position vis-à-vis de la controverse:

Eric Delmas est un exemple de personne qui ne fait pas partie de la sphère académique mais qui a une position publique dans le débat. Il dénonce vivement les historiens qui nient l’existence des cathares, pour la simple et bonne raison que selon lui, le catharisme est encore d’actualité.

“En effet, le Catharisme n’est pas mort au Moyen-Âge comme certains courants de recherche le croient, sans parler de ceux qui nient jusqu’à son existence ! Même si l’Église cathare a été détruite par vingt ans de croisade et un siècle d’Inquisition, la spiritualité cathare a su perdurer, sous différentes formes, au point d’être toujours vive aujourd’hui.”

catharisme.eu

Il défend ainsi l’existence du catharisme en tant que spiritualité, et rejette donc l’idée que différentes hérésies aient été rassemblées sous la bannière ‘catharisme’ par l’Eglise. Il a  détaillé certains de ses arguments pour défendre l’existence historique des cathares:

  • La charte de Niquinta a été certifiée vraie par des spécialistes. Si elle est mise en doute actuellement, c’est uniquement car les interrogations sur le catharisme ressortent, donc avec ceux-ci les doutes sur la charte, mais sans nouveaux éléments.
  • Au Moyen-Âge, l’Église avait suffisamment de dissidents, et n’avait donc pas besoin d’en inventer, d’autant plus que les cathares avaient de solides arguments philosophiques pour s’opposer à la doctrine chrétienne.
  • Les cathares étaient iconoclastes, c’est-à-dire qu’ils rejetaient le culte des images. Il est donc normal qu’ils n’en aient pas produit de leur côté, ce qui permet de réfuter le travail des historiens sceptiques sur l’absence d’iconographie cathare visant à prouver l’inexistence du Catharisme.

Selon lui, la controverse a pour origine conjointe les historiens, politiciens locaux et religieux dominicains, dont les intérêts convergent quand il s’agit de catharisme:

  • Le sujet du catharisme a été ‘confisqué’ par des historiens non officiels au 20ème siècle, et des historiens du 21ème siècle veulent à présent le reprendre maintenant que le sujet intéresse.
  • Les politiciens ne s’intéressent au mot cathare que s’il est vide de sens, comme lors de son utilisation par des « commerces cathares ». Les politiques nient le côté religieux et historique pour ne garder que le côté commercial. En effet, ils préfèrent nier les massacres pour ne pas froisser la population locale, souvent descendant des cathares.
  • Les dominicains ont été créés à cause des cathares, car leur rôle était de contrer les arguments cathares. Aujourd’hui, ils veulent éviter la création d’une nouvelle entité cathare qui reprendrait leur argumentation.

Eric Delmas a réagi vivement aux allégations niant l’existence du catharisme, notamment sur sa page facebook où il écrit à propos de “l’affaire Trivellone”:

“Je n’ai pas l’intégralité des réactions à ce ramassis de remarques dénigrantes et sans fondement, si ce n’est un enracinement atavique dans un Judéo-christianisme inexpugnable, y compris des cerveaux de ceux qui se disent athées.”

Post Facebook, Catharisme aujourd’hui, 15/01/19