Neurosciences et Éducation
Une science dure pour l'Éducation?

Normalisation et déterminisme


 Derrière l’engouement croissant pour les neurosciences et leur application dans l’éducation, se cache la question éthique d’un certain déterminisme physiologique lié à notre cerveau. Tous les enfants seraient-ils prédestinés en fonction de leurs capacités propres liés à la formation génétique de leur cerveau ? C’est en tout cas un sujet sur lequel nous met en garde le chercheur Grégoire Molinatti lors d’un entretien avec notre équipe le 19 mai 2017. Prévoir une méthode universelle basé uniquement sur les neurosciences et applicable quelle que soit la classe, l’environnement et l’enseignant de l’élève, c’est accepter le fait que l’enfant ne dépend de ces derniers paramètres pour apprendre et comprendre les différentes matières enseignés. L’essor des neurosciences peut ainsi avoir tendance à dévier vers une certaine forme d’eugénisme, lorsque les différentes techniques et méthodes de cette discipline promettent d’améliorer les capacités de mémorisation et d’apprentissage de l’enfant de manière fulgurante. Les enfants seraient tous issus d’un même format, avec un cerveau différent mais pleinement compréhensible et donc parfaitement améliorable.

Bibliothèque de cerveaux modélisés. Source : flickr.com

 On parle parfois de neuro amélioration (Aberkane, 2015); Raja Parasuraman, professeur de psychologie à l'université George-Mason, en Virginie (Etats-Unis), a étudié différentes façons d'ouvrir ou de renforcer directement de nouveaux canaux « anormaux » pour réduire le temps d'apprentissage d'une connaissance et lui donner plus de résistance à l'érosion. Travaillant sur les pilotes de chasse, il découvre un moyen d'augmenter l'attention, la mémorisation et la vitesse d'apprentissage d'une tâche par stimulation transcrânienne à courant direct. Cette neuro-technologie est dite stupéfiante et, selon son emploi, éminemment bénéfique ou très dangereuse. Ces stimulations sont le commencement d’une forme d’humain augmenté, un transhumanisme controversé puisque très risqué et prédéterminé.

 Pour autant, les récents travaux effectués sur la plasticité cérébrale menés par certains cherhceurs leur permettent de déterminer que l’environnement joue pour beaucoup dans le développement de l’enfant. À leurs yeux, ceci invalide toute forme de théorie trop déterministe. Pascale Toriani, détentrice d’un doctorat en psychologie cognitive, a travaillé sur les plus qu’apportent les neurosciences à la pédagogie. En laboratoire, grâce à l'IRM, avec quatre neurologues, elle travaille, avec des chercheurs et des enseignants de la maternelle à l'enseignement supérieur, sur le cerveau. " C'est un outil extraordinaire sur lequel on a appris plus de choses ces vingt dernières années que depuis le début de l'humanité, précise-t-elle. On observe entre autres que les émotions sculptent le tissu neural, que rien ne se joue avant 6 ans, qu'il se modifie en fonction de l'expérience vécue, des événements de l'environnement.” La plasticité cérébrale et donc, aux yeux de certains chercheurs l'environnement de l'enfant, est un élément déterminant dans l’évolution et dans les différents apprentissages de l’enfant.


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