Neurosciences et Éducation
Une science dure pour l'Éducation?

La volonté de l'enfant


 Un aspect qui paraît négligé pour plusieurs chercheurs est tout simplement celui de la volonté de l'enfant à apprendre ou non. Ce problème de prise en compte de la volonté de l’enfant vient des multiples modèles de sujet que l’on peut choisir. Considère-t’on un enfant comme un sujet cognitif, un sujet psychologique ou un sujet social ? De la réponse que choisira un chercheur à cette question dépendront beaucoup des conclusions qui seront dressées.  Grégoire Molinatti, agrégé de biologie et détenteur d’un master en neurosciences de l’ENS Lyon, nous confiait son avis sur l’idée même d’une intrusion trop conséquente des neurosciences dans les salles de classes. L’engouement et le renouveau que l’on peut voir dans les neurosciences alors que la France cherche à réformer son système éducatif serait en réalité une “biologisation des problèmes sociaux”. Car entre tous ces facteurs, toutes ces méthodes neuroscientifiques, l’environnement de l’enfant, favorable ou non à l'apprentissage, au cours de son éducation n’est pas assez pris en compte.

 Son environnement recouvre un grand nombre d’éléments, aussi bien à l’école qu’à la maison. Les aspects humains de l’apprentissage sont, nous dit-il, trop délaissés dans cette analyse. Pascale Toriani, docteur en psychologie cognitive à l'Université d'Angers, a traité de l'apport des neurosciences à la pédagogie. Selon elle, on observe entre autres que les émotions sculptent le tissu neural, qu'il se modifie en fonction de l'expérience vécue, des événements de l'environnement. La plasticité cérébrale, à la base de l’apprentissage, s'exprime par la capacité du cerveau de créer, défaire ou réorganiser les réseaux de neurones et les connexions de ces neurones. Et celle-ci est profondément dépendante de l’environnement de l’enfant.

 Monsieur Molinatti va plus loin encore dans ce propos, et nous ajoute un facteur déterminant, une sorte de dénominateur commun : la désir de l’enfant.Oublier ce facteur serait une profonde erreur sur deux plans. Tout d’abord, on omet que l’enfant est libre de choisir s’il se concentre et s’adonne à une tâche. Dans le cas où il ne serait pas désireux d’apprendre, les méthodes seraient elles toujours aussi efficaces ? D’autant plus que les résultats des diverses expériences menées par les chercheurs sont à analyser à la lumière de ce facteur. D’autre part, si la volonté n’est pas importante, et qu’on peut se permettre de travailler en la négligeant, on concède un point de vue extrêmement pessimiste sur les capacités humaines. Cela signifierai qu’un enfant en difficulté ne peut astreindre son cerveau à apprendre avec une méthode donnée si ce n’est pas son “type de mémoire et d’intelligence”.


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