Neurosciences et Éducation
Une science dure pour l'Éducation?

Neuromythes


 Les sciences, physiques, sociales ou biologiques, recherchent souvent à être accessible au grand public. Les chercheurs expliquent que c'est grâce à cet intérêt général que leurs disciplines prennent de l'élan. Les neurosciences n’échappent pas à cette règle. Ainsi, le besoin de certains neuroscientifiques de se faire entendre mène à ce qu’on appelle des neuromythes (Millot P., 2014 ). Ces neuromythes sont des phrases ou statistiques “chocs”, le plus souvent très répandus auprès du grand public. Ils nourrissent l’imaginaire collectif, au travers de films ou de romans, comme le célèbre film de Luc Besson : Lucy. On trouve, parmi les plus répandus :

  • “Nous n’utilisons que 10% de notre cerveau.”
  • “Nous utilisons selon nos gestes, soit notre cerveau droit, soit notre cerveau gauche”
  • “Il existe des types d’intelligence et de mémoire : auditive, visuelle, kinésthésique, ...”

Une illustration d'un neuromythe. Source : flickr.com

Or, il s’agit bien souvent de contre-vérités, ou tout du moins de conclusions trop hâtives, aux yeux de beaucoup de gens, enseignants comme neuroscientifiques. Malheureusement, ces phrases-chocs marquent les esprits et il est alors compliqué pour d’autres chercheurs de les réfuter et de leur faire perdre de l’ampleur (Dekker S., Lee N. C., Howard-Jones P., & Jolles J., 2012). Ces conclusions sont parfois dues à des neuropsychologues, qui travaillent sur une science humaine (Gaussel et Reverdy, entretien 2017), demandant donc des analyses sur des populations étendues, qui se précipitent parfois vers des conclusions encore trop discutables. Les plus critiques de ces méthodes vont jusqu’à les qualifier de désinformation. C’est le cas de David Daniel, docteur en psychologie éducative qui a écrit “If you see “brain-based”, run!” (“Si vous voyez “fondé sur des études neuroscientifiques”, fuyez!”). Il dénonce cette tendance des médias et des sociétés à retenir les résultats "chocs" d’études non-sérieuses plutôt que de se baser sur des résultats scientifiquement solides. Malgré le manque de preuves, ces mythes atteignent parfois les salles de classe. Des méthodes pédagogiques vont même se baser sur ces non-faits, ce qui représente un réel danger aux yeux de Normand Baillargeon, comme il le confiait en avril 2014 au magazine scientifique Québec Science.


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