Neurosciences et Éducation
Une science dure pour l'Éducation?

Educateurs et chercheurs


 Derrière ce titre se cache l’une des plus grosses entraves aux progrès et à l’implémentation des neurosciences dans l’éducation. Les discordes entre ces deux piliers du milieu éducatif sont à analyser en deux points. Entre les spécialistes en sciences humaines et sociales, et les chercheurs en sciences dures et en sciences de la vie, la collaboration nous est décrite comme souvent compliquée. D’une part, le manque de travail en commun, le manque de dialogue entre enseignants et chercheurs quand il s’agit de mener les expériences et les recherches. D’autre part, la confrontation qui peut exister entre ces deux acteurs au coeur de la controverse.

 Considérons tout d’abord ce premier point. Un paradoxe est ici à relever : Ange Ansour, traductrice puis professeure des écoles, considère que les neurosciences sont très attractives pour les enseignants. De plus, l’implication d’acteurs comme Céline Alvarez, (auteure du célèbre et controversé “La Loi Naturelle de l’Enfant”), elle même professeure des écoles de formation, montre cet attrait en pratique. Pour autant, l’intérêt des enseignants pour les neurosciences aboutit rarement, en tout cas aux yeux des chercheurs, à des collaborations de recherches réelles . Les deux parties s’en défendent : chacun a son métier, qui lui prend déjà tout son temps, et aucun ne peut réellement se permettre de concilier les deux occupations à temps plein.

 Le second aspect est plus virulent, puisqu’il s’agit d’opposition réelle entre les chercheurs et les professeurs. Certains enseignants vont exprimer leur mécontentement face à ces nouvelles méthodes et nouvelles technologies qu’elles amènent dans les salles de classe. Comme l’exprime M. Monzée, directeur-fondateur de l'Institut du développement de l'enfant et de la famille, les enseignants comprennent bien qu’ils n'arriveront jamais à être aussi stimulants que des applications qui font tomber de l'or ou jouer de la musique quand l'enfant a une bonne réponse. Sont alors mis face à face les méthodes-tests incitées par les neurosciences, et l’expérience de l’Éducation Nationale et ses méthodes.

 Toute implémentation de nouvelles méthodes, issues des neurosciences ou non, implique une formation des enseignants pour leur apprendre à enseigner, à nouveau. Au delà du coût que cela représente, Ange Ansour le disait dans son entrevue avec Le Monde en Mai 2016, cela inquiète les enseignants de voir dans le futur une neuroscience souveraine. Ceci mettrait au second plan toute l’interaction humaine et l’expérience que seuls les enseignants, directement au contact des enfants, sont à même de ressentir et d’appliquer.


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