Le rôle des scientifiques dans l'emergence de la controverse

La plupart de nos sources scientifiques sont tirées de l’interview de Jean-François Huneau, des annexes qu’il nous a fournies, ou bien de recherches réalisées indépendamment. (cf. Compte-rendu de l’interview).
A partir de 1990, et la publication de l’ouvrage Le lait, une sacré vacherie, de Nicolas le Berre, les milieux de la médecine alternative se sont déchaînés contre les vertus du lait et contre les industriels qui le répandent. Les produits laitiers sont attaqués de toutes part et accusés de tous les maux, à tort, à raison, parfois sérieusement, parfois dans un but uniquement médiatique.
Les scientifiques ne sont pas insensibles aux accusations émanant de la médecine alternative, et des études extrêmement sérieuses (et assez crédibles) ont été réalisées sur le thème de la qualité nutritive du lait. L’INSERM, ou même des équipes de chercheurs de l’université de Harvard ont planché sur le sujet, et étudient les impacts des produits laitiers sur les populations.
Une réserve peut toutefois être émise à cet égard. Toutes ces études sont des études « d’observation » : on étudie le comportement d’un large échantillon de population (l’étude de Harvard sur le cancer de la prostate) et on essaie d’en tirer des conclusions appropriées. Ces études ne tiennent pas compte des différents facteurs liés à l’environnement, aux changements de régimes d’alimentation, aux habitudes des sujets. Il faut toujours être méfiant à l’égard des conclusions hâtives qui peuvent être tirées et se méfier des chiffres élevés que l’on nous donne sur le nombre de personnes sondées. Pour bien faire, il faudrait réaliser l’étude dans un environnement normalisé, avec une alimentation de référence donnée à chaque personne, et ne faire varier que certains paramètres, toutes choses étant égales par ailleurs. Ce genre de protocole semblait irréalisable pour M Huneau, et l’on comprendra aisément pourquoi.

Forte de ses résultats relativement modérés, la science s’est peu à peu imposée comme un garde fou qui se situe entre les deux pôles virulents que constituent la médecine alternative et l’industrie laitière. Elle recommande actuellement la modération, comme finalement on aurait pu s’en douter. Les conclusions de M Huneau sont simples, et finalement évidentes : « il faut manger un petit peu de tout, sans abuser de rien ». Reste à savoir si cette position de la science est une défense pour garder sa crédibilité, ou bien si elle est vraiment fondée.
Le seul véritable défaut qui ait été attribué au lait (en dehors de la présence de lactose) est celui qui concerne l’abondance d’acides gras saturés, qui peuvent être liés à l’apparition de cancers de la prostate, du sein, à l’obésité, à des diabètes de type I, ou à des accidents cardiovasculaires.
D’un autre coté, on ne peut pas nier l’abondance de calcium, de protéines, de minéraux présents dans le lait, et la source d’énergie qu’il constitue. Ses qualités gustatives et la variété des produits laitiers sont aussi un de ses avantages.
Cet appel à la modération semble donc crédible, fondé sur des résultats simples et précis (voir encore l’interview de M Huneau, avec l’études des différents acides gras du lait).
Mais attention, tous les acteurs scientifiques ne sont pas d’accords sur certains points : l’utilité de la vitamine D, les cancers qui peuvent apparaître, les besoins en calcium, etc.

Liens

L’interview de Jean-François Huneau ici

Les publications du groupe de recherche de Harvard sur les cancers de la prostate
http://www.hsph.harvard.edu/now/20061110/milk.html http://www.hsph.harvard.edu/news/press-releases/archives/2000-releases/press04042000.html

Un article très très complet de l’université de Harvard qui résume l’état de la recherche sur le lait :
http://www.hsph.harvard.edu/nutritionsource/what-should-you-eat/calcium-full-story/