Le grand public

Le grand public est un acteur à part entière de la controverse puisque le récit du déluge apparaît dans l’ancien Testament ; la question de sa réalité historique touche donc autant les croyants que les non croyants.

Parmi les croyants (chrétiens, juifs et musulmans, pour qui l’ancien Testament est un livre sacré), on peut distinguer deux catégories de personnes.

D’un coté, ceux qui croient mot pour mot au récit biblique, et affirment que le déluge a effectivement eu lieu comme décrit dans la Bible. Pour eux, le déluge aurait donc été planétaire, et Noé aurait effectivement existé et construit une arche qui se serait échouée sut la mont Ararat. Par conséquent, ces personnes rejettent les hypothèses scientifiques en faveur d’un déluge localisé, et adhèrent souvent aux thèses créationnistes, ainsi qu’aux arguments scientifiques (parfois contestables) en faveur d’un déluge global : chute d’une météorite, passage d’une planète aux environs de la Terre, présence de restes d’animaux dans les glaces arctiques, découverte d’un bateau pris dans les glaces sur le mont Ararat… Notons que près de 45 % de la population américaine soutient les thèses créationnistes.

Certains croyants sont plus modérés quant à l’interprétation des récits bibliques, et admettent la possibilité d’un déluge localisé. Ils adhèreraient donc plus volontiers aux découvertes scientifiques de Wooley (crues gigantesques du Tigre et de l’Euphrate) ou de Ryan et Pitman (déversement catastrophique de la mer Méditerranée dans le bassin de la Mer Noire).

Les croyants appartenant à d’autres religions ne défendent logiquement pas le déluge biblique, mais peut-être croient ils à d’autres récits de « Déluge » décrits dans certains textes sacrés.

Les non croyants qui s’intéressent aux explications scientifiques du déluge ne croient logiquement pas au récit biblique ; soit ils nient complètement l’existence d’un quelconque déluge, soit ils admettent qu’un événement catastrophique a pu se produire dans le passé au point de marquer l’imagination collective des populations de l’époque et finalement d’inspirer le récit biblique. La thèse scientifique communément retenue –autant pour les non croyants que pour les croyants modérés - est celle Ryan et Pitman, car lors de sa parution (1998), elle a eut droit à une énorme couverture médiatique, et a suscité un intérêt considérable de la part du grand public. Encore aujourd’hui, des grands noms du monde scientifique -tel l’océanologue Robert Ballard - continuent à proposer des arguments frappants en faveur de cette thèse.

Le grand public n’est en général pas au courant des derniers rebondissements et discussions autour de la thèse de la mer Noire. En effet, les récents débats tendent à infirmer l’hypothèse d’une inondation catastrophique du bassin de la Mer Noire qui aurait inspiré aux populations vivant sur ses rives et obligées de fuir devant la monté des eaux le récit du Déluge. Quoi qu’il en soit, la controverse autour des origines scientifiques du déluge continuera d’intéresser le grand public, toujours avide de découvertes grandioses liées aux récits mythiques.