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La sûreté en question

Selon Greenpeace: « l’étude de dimensionnement s’efforce de déterminer l’efficacité des mesures de sûreté de l’installation et leurs limites quand le réacteur est soumis à des défaillances raisonnablement prévisibles ou crédibles. » 

  http://www.prwatch.org/node/5833 

 Le point de désaccord entre Greenpeace et les autorités de sûreté nucléaire tourne autour de cet imprévisible considéré comme pouvant être dévastateur. En effet, Greenpeace et beaucoup d’autres associations anti-nucléaires tel que global Chance ou Nega-Watt estiment que dans la pratique, il est impossible d’inclure toutes les défaillances dans l’analyse. A titre d’exemple, les erreurs humaines, certaines agressions externes accidentelles et les actes de malveillances ou de terrorisme sont difficilement prévisibles et ne sont généralement pas pris en compte.

 

  Source de l'image  http://www.prwatch.org/node/5833 

 

C’est donc là un premier cheval de bataille entre les partisans et les opposants au nucléaire. Le fait que le risque zéro n’existe pas veut dire que l’on expose la population à un risque sanitaire important bien que la probabilité que cela arrive reste très faible. 

Régionalisation  du débat

 

C’est ce qui se passe actuellement avec la plus ancienne centrale nucléaire française : Fessenheim.

  • Date de construction : Fin des années 1960
  • Lieu : Commune de Fessenheim (Haut-Rhin) à 15 km au nord est de Mulhouse.
  • Origine de la contestation :
    • Age
    • Implantation sur un site sismique potentiellement inondable.
    • Affrontement entre :
      • Allemagne et Suisse qui demandent la fermeture de la centrale.
      • Autorités publiques françaises et l’ASN qui considèrent qu’il n’y a pas de risques justifiant la fermeture de la centrale.

Source de l'image  http://www.melty.fr/france-depart-de-feu-dans-la-centrale-nucleaire-actu104692.html

La conception

  • La centrale nucléaire de Fessenheim a été conçue pour résister à un tremblement de terre de magnitude 6,7.

 

  • Ce choix de dimensionnement de la centrale correspond à la prise en compte du dernier gros séisme dans la région qui est le tremblement de terre de Bâle en 1356 dont la magnitude estimée par les autorités françaises est de 6,2.

 

  • L’écart entre 6,2 et 6,7 peut paraître ridicule comme marge de sécurité, mais une différence de 0,5 d’intensité correspond à un tremblement de terre qui libère plus de 10 fois plus d’énergie.

 

 

Magnitude du séisme de Bâle selon les autorités françaises

Magnitude du séisme de Bâle selon les allemands et les suisses

6,2

6,9 

 

Le dimensionnement de la centrale apparaît, dans le deuxième cas, insuffisant.

 

Les pressions venant de Suisse et d’Allemagne en faveur de la fermeture de  la centrale de Fessenheim se font de plus en plus sentir depuis  l’accident de Fukushima et l’arrivée au pouvoir d’une coalition rouge-verte dans le Bade-Wurtemberg.

 

 Source de l'image  http://www.20minutes.fr/societe/748261-nucleaire-chaine-fermer-fessenheim 

Fessenheim et Fukushima

 

Considérant qu’un accident nucléaire d’origine sismique est tout à fait plausible à Fessenheim, les députés écologistes du Parlement du Bade-Wurtemberg ont décidé de saisir le commissaire européen à l’Energie Gunther Oettinger pour lui demander de faire «tout ce qui est en son pouvoir pour mettre immédiatement à l’arrêt Fessenheim. »

 

Car en plus du sous-dimensionnement supposé de la structure, une autre crainte inquiète les autorités allemandes:

 

  • l’inondation de la  centrale construite sous le niveau du canal d’Alsace. Le préfet du district de Fribourg s’inquiète d’une éventuelle rupture de la digue et craint que les études de sécurité n’aient pas pris en compte la combinaison d’un séisme et d’une inondation.

 

Le débat autour de la centrale de Fessenheim et plus généralement autour du nucléaire a donc été ravivé par l’accident de Fukushima. De plus la similitude des facteurs de risques (séisme et inondation) ne laisse pas indifférent les riverains, de plus en plus nombreux à se prononcer en faveur d’une fermeture de la centrale.

 

L’ASN sur la défensive

L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), chargée de la surveillance des centrales françaises, assure que ces risques sont dûment pris en compte et qu'il n'y a "aucune raison de fermer une centrale nucléaire en France".

 

En témoigne une appréciation 2010 de l’ASN concernant la centrale de Fessenheim :

 


« L’ASN considère que les performances du site de Fessenheim en matière de
sûreté nucléaire, de protection de l’environnement et de radioprotection sont satisfaisantes. La visite décennale du réacteur 1, qui s’est déroulée d’octobre 2009 à mars 2010, a montré que les installations, et notamment les barrières de confinement, présentent un état satisfaisant. 

L’ASN examine actuellement l’ensemble des résultats des contrôles réalisés lors de cette visite et transmettra son avis au Gouvernement sur la poursuite d’exploitation du réacteur 1 en 2011. La visite décennale du réacteur 2 aura lieu également en 2011. À cette occasion, les générateurs de vapeur seront remplacés, ce qui contribuera à améliorer encore l’état des installations. Toutefois, l’ASN considère que le site doit rester vigilant sur la radioprotection »


 Source de l'image  http://lenergeek.com/2011/07/06/lautorite-de-surete-nucleaire-asn-est-elle-independante/ 

Source : Rapport annuel 2010 de l'ASN


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