La voie diamant

Scénario scientifique
Modèle économique
Aspect technique

Scénario scientifique

La voie diamant ou diamantée est définie d’une manière se voulant exhaustive et arrêtée dans l’article « The Diamond Model of Open Access Publishing: Why Policy Makers, Scholars, Universities, Libraries, Labour Unions and the Publishing World Need to Take Non-Commercial, Non-Profit Open Access Serious » datant de 2013. Elle est présentée comme « un modèle de publication scientifique à but non lucratif qui fait du savoir scientifique un bien commun, défend le caractère civique du système académique et qui implique la possibilité d’améliorer les conditions de travail du secteur éditorial en créant des emplois relevant du domaine public »

It is a non-profit academic publishing model that makes academic knowledge a common good, reclaims the common character of the academic system and entails the possibility for fostering job security by creating public service publishing jobs

D’après les auteurs de cette définition, la voie dorée est trop large et trop ambiguë, d’où la nécessité de définir une nouvelle voie plus claire, notamment en ce qui concerne les contraintes économiques des auteurs : elles doivent être nulles.

Si la dénomination n’était pas encore fixée, selon John Bamberg (mathématicien australien) le type de fonctionnement envisagé s’approche de celui de la Gazette of the Australian Mathematical Society, les deux personnes gérant la revue le faisant de manière volontaire et la revue étant considérée selon ses dires comme de bonne qualité dans la communauté matheuse. Mais cet auteur met aussi en évidence des problèmes d’ordre pratique : il insiste sur le fait que la voie diamantée n’est praticable que dans la mesure où les universités y joueraient un rôle afin que les revues puissent être reconnues.

Comme en témoigne l’utilisation du terme common goods, cette voie diamant renvoie à la problématique des biens communs dans laquelle l’open access est parfois inclus qui renvoie de manière simplifiée à considérer le savoir comme une ressource à partager au sein d’une communauté instaurant ses propres règles. Au sein de la communauté scientifique, si certains la supportent comme en témoigne l’engagement de Pierre Mounier [directeur adjoint du Centre de l’édition électronique ouverte (Cléo)] auprès du parti pirate lors des législatives de 2012, d’autres font preuve d’un certain scepticisme comme par exemple Ghislaine Chartron [chercheuse au CNAM] qui argue qu’avoir l’avis de tous n’est pas forcément souhaitable dans la mesure où tous ne sont pas compétents et que cela risquerait d’amoindrir la confiance, clé dans le système de la communication scientifique. Selon elle, « l’open commentoring » initié par Stevan Harnad [chercheur sur l’open access, initiateur de la voie verte] a bien démontré que l’open commentaire ne donne aucun résultat probant, avec une inflation des commentaires qui parfois même est très préjudiciable à l’efficacité de la communication scientifique :

Les chercheurs ne donnent pas beaucoup d’eux-mêmes quand ils ne sont pas cadrés dans une relation de confiance entre l’éditeur, l’auteur, et leur expertise. La confiance est un élément clé dans le système de la communication scientifique. On peut se dire «  tout le monde peut donner son avis  », mais quelle est la valeur de cet avis  ? Contrairement à ce que peuvent penser les idéologues, tout le monde n’a pas autorité à donner son avis dans la mesure où ils ne sont pas tous compétents. Cela peut conduire à une espèce d’inflation du commentaire qui est parfois très préjudiciable à l’efficacité de la communication scientifique.

Modèle économique

Selon Christian Fuchs et Marisol Sandoval, les profits de l’édition scientifique tiennent au fait qu’un chercheur doit avoir accès non pas seulement aux meilleurs articles de son champ mais à tous ceux qui touchent directement son sujet de recherche. Eux insistent sur le fait que ni les auteurs, ni les lecteurs individuels ou les institutions comme les bibliothèques ne doivent payer quoique ce soit dans le processus. Pour ce faire, les auteurs de l’article proposent notamment de supprimer l’intermédiaire que sont les maisons éditoriales privées, certaines (comme Elsevier) faisant un taux de profit très largement supérieur à la moyenne, et de les remplacer par un système public. Selon eux, les politiques publiques devraient engager leurs propres éditeurs, l’argument du coût supplémentaire étant évincé par le constat que la grande majorité des clients des éditeurs sont des institutions publiques et que par conséquent que les éditeurs sont déjà payés par le public et au prix fort en raison des particularités du marché de l’édition scientifique.

John Bamberg insiste lui sur le rôle des universités, non seulement qui devraient créer seules ou collectivement des revues fonctionnant sur ce modèle, mais qui devraient aussi accepter que leurs chercheurs consacrent une partie de leurs temps au fonctionnement de ces revues; en d’autres termes, qu’elles versent le même salaire à ses chercheurs bien qu’ils consacrent moins de temps à leurs recherches. D’autre part, il prédit que l’aspect technique de la revue i.e la composition de l’article et l’entretien de la revue devra nécessairement être financé par des publicités.

  • The job of running a diamond access journal needs to recognised within universities just like a “Head of School” position is (though an honorarium is perhaps too much to ask). It should be understood that time is taken away from the usual activities (such as research) to fulfill such an important role in the mathematical community.

  • Groups of universities run their own collective journal. For example, The Conversation is a joint online magazine founded by The University of Western Australia, The University of Technology Sydney, The University of Melbourne, Monash University and CSIRO.

  • We run diamond access like other magazines on the web: with ads that pay for the type-setting and maintenance.

I predict the third of these will probably prevail.

Aspect technique

Toujours selon Christian Fuchs et Marisol Sandoval, ce modèle à but non lucratif repose sur les licences Creative Commons non commerciales exclusivement, qui permettent à ceux qui le désirent de copier, distribuer, display, perform l’article à condition de ne pas en modifier le contenu et de n’en faire aucun usage commercial. Les licences Creative Commons autorisant l’utilisation commerciale sont exclues par définition du modèle.

D’autre part, une revue diamant n’est pas forcément exclusivement sous forme numérique. Toutefois, le support papier exige plus de fonds que le numérique. Dans cette perspective, il est entendu que les éditeurs peuvent faire endosser des frais qui soient exactement leur coût de production, la clé du modèle étant qu’il ne puisse pas y avoir de profits faits par la diffusion du savoir scientifique.

We consider it as part of the model that publishers can charge for the actual printing costs without making monetary profits, but provide the digital version without charges.

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