Entretien avec un chercheur de l’INRA : les considérations économiques quant à l’élevage en France

   Notre interviewé est directeur de recherches à l’INRA depuis 2002. Il passé une grande partie de sa carrière sur le sujet de l’élevage et a donc une vision globale sur plusieurs décennies de l’état de l’élevage en France.

   Nous l’avons rencontré au siège de l’INRA dans le 7e arrondissement le 29 janvier 2016.

 

Positionnement :

 

   La vision à long terme de notre interviewé et son expérience avec les anciennes politiques européennes d’élevage lui ont donné un avis critique sur les types d’élevages et les choix politiques et économiques en France. Il soutient son argumentaire en comparant la situation et les choix français à d’autres pays aux conditions et mentalités bien différentes, comme par exemple la Nouvelle Zélande. Il a aussi une bonne connaissance, par de nombreux contacts directs, des différents problèmes en France, qui sont très variés : les questions soulevées en Bretagne n’ont rien à voir avec celles évoquées par les éleveurs du massif central.

 

   Sa thèse principale est que, même si la Politique Agricole Commune a eu de gros avantages pour relancer les productions agroalimentaires européennes et favoriser la recherche, celle-ci a aussi conduit les éleveurs, et plus particulièrement les éleveurs français à prendre des habitudes dans le cadre de cette PAC, alors que celle-ci n’était qu’une solution de transition aujourd’hui révolue. « Le contrôle des prix par la PAC, c’est fini ». Elle a selon lui habitué les gens à une façon de penser, dont les gens ont aujourd’hui beaucoup de mal à se défaire.

 

   Pour s’en sortir, pour permettre à l’élevage d’être une activité viable et adaptée au marché, il est un fervent défenseur de la diversification. Il y a selon lui « 50 ans de politique de spécialisation à combattre ». La diversification, le mélange des activités peut avoir de grands avantages : gain d’autonomie, meilleure adaptabilité aux fluctuations du marché en pouvant gérer ses revenus grâce à d’autres activités, écologie, gain grâce aux complémentarités (« les moutons ramassent les miettes des vaches »)… La clef se trouve selon lui dans un système adaptable qui pourrait lui-même se défendre, sans aides de l’Etat, face aux variations du marché. Il est aussi convaincu que la labellisation est une bonne solution et que cette valorisation des produits du terroir devrait aussi permettre d’avoir une activité régulière et rentable.

 

   Conscient depuis 30 ans de l’évolution du métier d’éleveur et d’agriculteur, avec de nombreuses interrogations telles que la demande de modification des emplois du temps, il aime différentier les type d’éleveurs et croit aussi à la diversité dans ce domaine : certaines fermes peuvent rester familiales alors que d’autres se voient devenir des entreprises cotées en bourses. Il n’y a selon lui aucune règle ou position plus favorable.

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